Quel plaisir de vous présenter Joachim Schnerf, un auteur découvert lors du Prix Orange et qui a été immédiatement, et jusqu’au bout, mon coup de coeur! Il est l’auteur d’un premier roman Mon sang à l’étude, aux Éditions de L’Olivier et de Cette nuit, le roman en lice pour le Prix Orange 2018, roman qui est plein de sensibilité, d’amour … et d’humour et que je ne peux que vous conseiller.
Il a accepté avec beaucoup de gentillesse de répondre à mes questions.
Joachim Schnerf, l’interview
Parlons de vous :
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
J’ai 30 ans et suis éditeur de littérature étrangère. La lecture et l’écriture m’entourent sous leurs différentes formes : intimes, publiques, cyniques, bouleversantes.
Comment êtes-vous venu à écrire des romans ?
J’ai toujours aimé les formats courts. L’écriture romanesque par contre, avec ses contraintes et son ambition narrative, m’a intéressé plus tardivement, au contact de la littérature du monde que j’ai réellement découverte lorsque j’avais 22 ans. Alors que « l’autofiction » et « l’exofiction » ont tendance à régner sur la production française, la perspective de construire un imaginaire a commencé à m’obséder jusqu’à ce que j’ose effectivement franchir le pas.
Comment se déroule l’écriture d’un roman (idée, repérages, écriture, promotion…) ?
Il y a une idée de départ, assez floue, un personnage principal, et puis l’écriture opère assez rapidement. Je travaille avec un fichier informatique où j’écris au fil de la plume, en même temps qu’avec un second fichier – une sorte de plan en puissance – qui se bâtit en parallèle de la narration. Je dirais que je n’effectue pas de grand travail préparatoire, si ce n’est pour élaborer les personnages dont la cohérence sera le moteur du récit.
Avez-vous un objet qui ne vous quitte (presque) jamais ou une manie liée à votre activité d’écrivain?
Je dois avouer que mon rapport à l’écriture n’est absolument pas romantique… Je peux écrire partout, sans coutumes.
Pour vous quel est le rôle d’un écrivain aujourd’hui ?
Plus que jamais, l’écrivain doit s’obstiner à brosser la complexité du monde et des sentiments. Alors que les idéologies frivoles pullulent, il incombe aux auteurs de préserver ce rôle irrévérencieux de la littérature.
Vous êtes présent sur de nombreuses manifestations autour du livre. Que retenez-vous de ces moments?
Ce sont des moments uniques, où l’on ne sait pas à l’avance quels échanges nous allons avoir, quelles rencontres nous allons faire. Le public bien entendu, mais aussi les libraires et les autres intervenants – qu’ils soient écrivains ou modérateurs. On rit souvent, on s’ennuie parfois, mais à chaque fois j’ai le sentiment d’avoir pu partager un peu de mon texte dans un cadre exclusif.
Quelle rencontre vous a le plus marqué?
J’aime les rencontres en librairie. Je pourrais en citer de nombreuses, je pense évidemment au « lancement » de Cette nuit, à la Librairie Gallimard et en compagnie de Matteo Cavanna. Grand libraire, grand italien, grand ami, qui me lit et m’interroge devant ses clients à chacun de mes livres.
Quels sont vos projets ?
Un projet de roman et un projet de série télévisée, et il y a encore beaucoup de travail…
Quels conseils donneriez-vous à une personne qui veut se lancer dans l’écriture ?
Ne surtout pas se faire plaisir, c’est ce qu’il y a de pire en littérature !
Parlons blogueurs :
Lisez-vous des blogs de lecteurs/chroniqueurs ?
Je suis certains blogs, notamment grâce aux réseaux sociaux. Je n’ai pas d’habitudes ni de systématismes, mais il y a certains chroniqueurs dont j’aime tout particulièrement les goûts.
Quel est le rôle de ces blogs dans l’univers littéraire ?
Il est presque impossible – à de rares exceptions près – de qualifier et de quantifier le rôle de ces blogs. Aident-ils à vendre des exemplaires d’un ouvrage ? Ont-ils une quelconque influence sur la perception d’un livre ? Je crois surtout que ces blogs et le réseau qu’ils forment permettent d’échanger sur les textes. Pour un auteur, c’est ce qu’il y a de plus précieux…
Quelle relation avez-vous avec les blogueurs ?
J’aime comprendre les raisons pour lesquelles un blogueur a décidé de chroniquer un texte que j’ai écrit, et s’ensuit parfois une vraie discussion. Parfois même un début d’amitié !
Quels conseils donneriez-vous à un blogueur ?
Ne pas essayer de devenir un outil éditorial mais, au contraire, préserver coûte que coûte son indépendance et sa cohérence critique.
Parlons livres :
Quel est le livre qui a changé votre vie… ou presque ?
Comme j’ai pu le dire dans quelques interviews, Belle du Seigneur d’Albert Cohen m’a bouleversé. C’est un livre central pour moi, dans mon rapport à la littérature mais aussi à mon intimité et au monde.
Quel livre relisez-vous régulièrement ?
Les Carnets 1978 de ce même Cohen ! C’est un immense bonheur de piocher dans ses pensées…
Quels livres trouve-t-on dans votre bibliothèque ?
Beaucoup de romans, et parmi eux beaucoup de textes en traduction. Ma bibliothèque est plutôt hétéroclite.
Un livre que vous avez aimé alors que vous aviez des a priori à le lire ?
L’Homme pressé de Paul Morand.
Trois livres que vous conseillez de lire sans hésitation ?
Portnoy et son complexe de Philip Roth, Entre ciel et terre de Jón Kalman Stefánsson et Belle du Seigneur évidemment.
Quel livre est sur votre table de chevet en ce moment ?
Le Monde selon Barney de Mordecai Richler, réédité aux Éditions du Sous-Sol.
—–
Le mot de la fin est pour vous
Difficile de conclure, peut-être en vous souhaitant une belle nuit…
L’article Interview Joachim Schnerf – Auteur est apparu en premier sur Murmures de Kernach.