
Karen et Mark se sont rencontrés sur le tard. Après une brève histoire d’amour sans éclat ni feux d’artifice, ils se sont mariés. Peu de temps après, leur vie a pris un nouveau tournant lorsqu’est né le plus adorable bébé du monde: Heather. Mark travaille dans la finance, alors que Karen a abandonné les relations publiques pour se consacrer à sa vraie vocation: la maternité. Si le couple new-yorkais est riche et beige, Heather, elle, possède un charisme exceptionnel.

· · · · · · · · ·Bâillement. Serais-je en train de devenir une matrone qui fait la fine gueule?L’intrigue de Heather, par dessus tout est d’une simplicité affligeante. Je pensais bien qu’en racontant l’histoire de Bobby en parallèle avec celle des Breakstone, cela allait amener un peu de mordant. Eh ben non! Les aller-retour entre les deux récits créent un manichéisme peu édifiant, voire horripilant: la jeunesse pauvre de Bobby opposée à la vie ouatée des Breakstone. Matthew Weinery est allé un peu trop fort à mon goût sur le trait de crayon en juxtaposant la richesse et la pauvreté, le tout pimenté de clichés gros comme le bras. Même les touches d’ironie, disséminées ici et là, passent aussi mal qu’un pépin coincé dans la gorge. Si au moins le style m’avait plu... Rien de distinctif; on reste dans le conventionnel sans apparat.
Les personnages, plus esquissés qu’approfondis, sont d’une affligeante banalité.Le seul personnage qui, à mes yeux, a un peu de chair autour de l’os est Heather, «si belle qu’elle devenait automatiquement le centre d’attention dans un parc ou un magasin». Je me disais que, comme elle «éprouve un dégoût grandissant pour ce qu’étaient ses parents et ce qu’ils possédaient», cela pimenterait un peu le récit. Mais non, c’est un simple constat qui n’apporte rien de plus.Heather, par dessus tout se lit comme le squelette d’une œuvre qui aurait pu être davantage étoffée. Matthew Weinerfait avancer son intrigues à coups de clichés et de banalités creuses, comme cette «machine à expresso italienne artisanale à mille deux cents dollars, accompagnée d’un impressionnant mode d’emploi sur DVD, l’engin ne marchant jamais deux fois de la même manière.» Et je ne parle pas de la fin! Quoiqu’elle m’a un peu surprise, elle ajoute une couche de manichéisme de plus (comme s’il n’y en avait pas déjà assez).
Un roman divertissant, qui manque cruellement d’originalité. Parfait pour une salle d’attente! Le créateur de Mad Men signe ici son premier roman. Si deuxième il y a, ce sera sans moi !Heather, par dessus tout, Matthew Weiner, trad. Céline Leroy, Gallimard, 144 pages, 2017.
★★★★★