La pitié dangereuse

zweigAuteur : Stefan Zweig

Editeur : Grasset

Collection : Les Cahiers Rouges

Genre : Drame, classique

Parution : 1939

Pages : 348

A la veille de la Première Guerre mondiale, un jeune officier pauvre, en garnison dans une petite ville autrichienne, est pris de pitié pour une jeune infirme riche. De cette pitié dangereuse découlera l’amour fou que porte Edith de Kekesfalva au lieutenant Anton Hofmiller.
Cet amour impossible finira tragiquement, dans l’évocation nostalgique d’une société bientôt condamnée par l’histoire.


La pitié dangereuse

J’ai enfin lu mon premier Stefan Zweig et je ne serais absolument pas contre de retenter l’expérience car j’ai beaucoup aimé cette lecture ! La pitié dangereuse est le seul roman de l’auteur qui d’habitude écrit surtout des nouvelles.

Dans ce roman, nous suivons le jeune officier Anton qui est invité à un bal organisé par l’homme le plus riche de la région et qui va faire la gaffe de sa vie en invitant Edith la fille de son hôte à danser alors que celle-ci est paraplégique. De cette situation embarrassante, Anton va tout faire pour se racheter en s’intéressant de plus près à Edith pour laquelle il éprouve une très forte pitié. Malheureusement, sous le charme d’Anton et interprétant mal son geste, la jeune Edith va tomber follement amoureuse de lui.

Stefan Zweig fait une analyse très poussée du sentiment de pitié qui apparait au premier abord positif pour le jeune Anton alors qu’en vérité c’est un sentiment destructeur, autant pour la victime que pour le « bourreau ». Effectivement, en prenant en pitié la jeune Edith, Anton va s’enfermer dans un engrenage très difficile à quitter.

C’est bien simple, le père d’Edith et son docteur le mette en garde avec un odieux chantage : si Anton quitte Edith, celle-ci se suicidera. Edith est dépressive et instable, la présence d’Anton est la seule chose qui lui redonne envie de vivre et de guérir. Mais Anton n’éprouve rien d’autre que de la pitié voir même du dégout pour la jeune infirme. Mais désireux de bien faire, il va tenir compagnie à Edith tous les jours, ayant l’impression de faire sa bonne action en rendant heureux Edith et sa famille.

Au départ, je trouvais le personnage d’Anton détestable. Le simple fait qu’il éprouve de la pitié pour Edith m’horripilait car c’est un sentiment vraiment dégradant pour la personne concernée. Mais plus le roman avance, et plus Stefan Zweig nous montre l’autre envers du décors : au final la famille d’Edith joue avec cette pitié en faisant du chantage au jeune officier. Anton se retrouve avec la vie d’Edith entre ses mains, le coinçant pour la vie avec la jeune femme. Soit il décide de rester avec une femme qu’il n’aime pas et qui le dégoute, soit il s’en va et doit vivre avec la mort d’Edith sur la conscience, car cela est évident qu’elle se suicidera dès qu’il partira.

J’ai vraiment aimé cet aspect du roman où personne n’est gentil, et personne n’est vraiment méchant. Nous sommes là avec un officier naïf et désireux de bien faire et une famille prête à tout pour sauver Edith, quitte à détruire la vie de l’officier.


La pitié dangereuse

C’est donc une très bonne lecture avec ce roman noir psychologique qui pousse à la réflexion et l’analyse. L’écriture de Stefan Zweig est très fluide et le roman se lit rapidement tout en étant passionnant. J’ai vraiment beaucoup aimé et c’est la première fois que je lis de la littérature autrichienne! Un classique à découvrir !

9/10

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