De tout pour l'été, DTPE.
L'été, le temps de lire, du lourd et du léger, du français et de l'étranger, des romans, des récits, des essais et des BD. L'été, le temps de relire ou de se rattraper aussi.
De quand date l'invention de la photographie? Officiellement, du 7 janvier 1839, jour de la présentation par Arago à l'Académie des sciences à Paris de l'"invention" de Daguerre, le daguerréotype, amélioration en réalité de l'invention de Niepce. Et on a tous en tête des clichés de cette époque et ensuite, vues extérieures ou portraits incroyablement figés. Le goût d'alors.
Oui, mais pas le goût de tous. La preuve dans la formidable collection "t'Serstevens", redécouverte en 2013 à l'IRPA (Institut Royal du Patrimoine Artistique) après un sommeil de près de cent ans! Elle y était répertoriée comme anonyme. Cette belle au dois dormant est forte de plus de 2.200 photographies datant du tournant entre le XIXe et le XXe siècle. Une collection qui a réservé de nombreuses surprises.
D'abord, ce n'est pas seulement un homme qui poussait sur le déclencheur pour impressionner les plaques de verre, mais un couple. Emile Henri t'Serstevens (1868-1833) et son épouse Marie Dastot (1870-1943).
Ensuite, leur travail nous permet de découvrir un point de vue original et assez complet sur le mode de vie de la bourgeoisie bruxelloise à cette époque.
Enfin, les photographes amateurs, tous deux membres de l'ABP (Association belge de photographie), se singularisent par leur sens de l'image et le souci du plaisir de celui qui verra l'image. Autant dans les scènes de rue ou les paysages dont les angles sont remarquables que dans les portraits ou les photos de groupe. Qui a eu l'idée de photographier ce qu'on appelle parfois un "rang d'oignons" de face mais aussi de dos? Les t'Sertevens, en 1908!
Le beau livre "The t'Serstevens collection" (Husson Editeur, 80 pages), dont l'intéressante introduction par Hilde Arijs, Elodie De Zutter et Jeroen Reyniers est trilingue, en rend fort bien compte. On y trouve un aperçu de cette incroyable collection. Le format à l'italienne rend hommage aux photos choisies. Les images se succèdent par séries thématiques de lieux, de personnes, de formes. L'impression de qualité enchante les nuances de noir et de gris.
On se promène avec grand plaisir dans les rues, les paysages, les villes et les jardins tels qu'ils étaient il y a un peu plus de cent ans. Le couple résidait à Bruxelles, d'où de nombreux clichés pris à Auderghem, Boitsfort, à Stockel ou au centre-ville. Il voyageait aussi, à Bruges, à Anvers, à Dinant, à Knokke, en France aussi (Nice, Menton, Monaco, Antibes, Morlaix,..). Paysages et habitants se succèdent. Surtout, il s'est beaucoup amusé à se photographier ou à fixer sur la plaque famille et amis. En automobile ou en calèche, au parc, au jardin ou sur la terrasse. Les hommes jouent aux dominos quand ils ne font pas des blagues, les femmes brodent, les enfants prennent la pose, les chats boivent du lait, la vie de loisirs ou de travail se montre à nous, superbement saisie, avec une spontanéité et un sens du cadrage qui donnent une remarquable vitalité aux scène croquées.
Pour la petite histoire, on retiendra que Emile t'Serstevens était le fils illégitime du notaire Ignace François Emile t'Sertevens (1834-1908) et de Marie Thérèse Doperé (1841-1873). Il ne fut reconnu par son père qu'en 1875 quand ce dernier se maria avec Julienne Verdier (1858-1946) avec laquelle il eut cinq autres enfants dont Albert t'Serstevens (1885-1974), écrivain fécond dont plusieurs livres sont encore disponibles aujourd'hui.
En 1901, Emile t'Serstevens, docteur en droit (ULB), reprend l'étude notariale de son père installée alors avenue de la Toison d'Or (jusqu'en 1909). Il sera notaire jusqu'en 1929. A noter que le successeur actuel est l'étude uccloise Marchant.
Sans descendance avec Marie Dastot, Emile t'Serstevens s'effaça petit à petit des mémoires - les t'Serstevens actuels sont principalement les descendants de son demi-frère écrivain Albert. Incroyable que la collection du notaire photographe ait dormi aussi longtemps à l'IRPA. La bonne nouvelle est qu'elle ait été retrouvée, que les connections entre clichés et auteurs aient été faites, qu'elle soit visible dans ce très beau livre et en ligne sur le site de l'IRPA.
DTPE 1: "Moria" de Marie Doutrepont (récit, 180° éditions)
L'été, le temps de lire, du lourd et du léger, du français et de l'étranger, des romans, des récits, des essais et des BD. L'été, le temps de relire ou de se rattraper aussi.
Qui a eu l'idée de prendre un portrait de groupe de dos? (c) Husson Editeur.
De quand date l'invention de la photographie? Officiellement, du 7 janvier 1839, jour de la présentation par Arago à l'Académie des sciences à Paris de l'"invention" de Daguerre, le daguerréotype, amélioration en réalité de l'invention de Niepce. Et on a tous en tête des clichés de cette époque et ensuite, vues extérieures ou portraits incroyablement figés. Le goût d'alors.
Oui, mais pas le goût de tous. La preuve dans la formidable collection "t'Serstevens", redécouverte en 2013 à l'IRPA (Institut Royal du Patrimoine Artistique) après un sommeil de près de cent ans! Elle y était répertoriée comme anonyme. Cette belle au dois dormant est forte de plus de 2.200 photographies datant du tournant entre le XIXe et le XXe siècle. Une collection qui a réservé de nombreuses surprises.
(c) Husson/IRPA.
D'abord, ce n'est pas seulement un homme qui poussait sur le déclencheur pour impressionner les plaques de verre, mais un couple. Emile Henri t'Serstevens (1868-1833) et son épouse Marie Dastot (1870-1943).
Ensuite, leur travail nous permet de découvrir un point de vue original et assez complet sur le mode de vie de la bourgeoisie bruxelloise à cette époque.
Enfin, les photographes amateurs, tous deux membres de l'ABP (Association belge de photographie), se singularisent par leur sens de l'image et le souci du plaisir de celui qui verra l'image. Autant dans les scènes de rue ou les paysages dont les angles sont remarquables que dans les portraits ou les photos de groupe. Qui a eu l'idée de photographier ce qu'on appelle parfois un "rang d'oignons" de face mais aussi de dos? Les t'Sertevens, en 1908!
Le beau livre "The t'Serstevens collection" (Husson Editeur, 80 pages), dont l'intéressante introduction par Hilde Arijs, Elodie De Zutter et Jeroen Reyniers est trilingue, en rend fort bien compte. On y trouve un aperçu de cette incroyable collection. Le format à l'italienne rend hommage aux photos choisies. Les images se succèdent par séries thématiques de lieux, de personnes, de formes. L'impression de qualité enchante les nuances de noir et de gris.
Rue du Vieux moulin à Auderghem. (c) Husson/IRPA.
On se promène avec grand plaisir dans les rues, les paysages, les villes et les jardins tels qu'ils étaient il y a un peu plus de cent ans. Le couple résidait à Bruxelles, d'où de nombreux clichés pris à Auderghem, Boitsfort, à Stockel ou au centre-ville. Il voyageait aussi, à Bruges, à Anvers, à Dinant, à Knokke, en France aussi (Nice, Menton, Monaco, Antibes, Morlaix,..). Paysages et habitants se succèdent. Surtout, il s'est beaucoup amusé à se photographier ou à fixer sur la plaque famille et amis. En automobile ou en calèche, au parc, au jardin ou sur la terrasse. Les hommes jouent aux dominos quand ils ne font pas des blagues, les femmes brodent, les enfants prennent la pose, les chats boivent du lait, la vie de loisirs ou de travail se montre à nous, superbement saisie, avec une spontanéité et un sens du cadrage qui donnent une remarquable vitalité aux scène croquées.
Humour. (c) Husson/IRPA.
Pour la petite histoire, on retiendra que Emile t'Serstevens était le fils illégitime du notaire Ignace François Emile t'Sertevens (1834-1908) et de Marie Thérèse Doperé (1841-1873). Il ne fut reconnu par son père qu'en 1875 quand ce dernier se maria avec Julienne Verdier (1858-1946) avec laquelle il eut cinq autres enfants dont Albert t'Serstevens (1885-1974), écrivain fécond dont plusieurs livres sont encore disponibles aujourd'hui.
En 1901, Emile t'Serstevens, docteur en droit (ULB), reprend l'étude notariale de son père installée alors avenue de la Toison d'Or (jusqu'en 1909). Il sera notaire jusqu'en 1929. A noter que le successeur actuel est l'étude uccloise Marchant.
Sans descendance avec Marie Dastot, Emile t'Serstevens s'effaça petit à petit des mémoires - les t'Serstevens actuels sont principalement les descendants de son demi-frère écrivain Albert. Incroyable que la collection du notaire photographe ait dormi aussi longtemps à l'IRPA. La bonne nouvelle est qu'elle ait été retrouvée, que les connections entre clichés et auteurs aient été faites, qu'elle soit visible dans ce très beau livre et en ligne sur le site de l'IRPA.
Vers 1905. (c) Husson/IRPA.
DTPE 1: "Moria" de Marie Doutrepont (récit, 180° éditions)