L'été, le temps de lire, du lourd et du léger, du français et de l'étranger, des romans, des récits, des essais et des BD. L'été, le temps de relire ou de se rattraper aussi.
La gare de Tours.
On y suit Ferdinand Rivière. Il travaille dans l'édition, vit avec Béatrice, une violoniste de l'orchestre de Tours. Il a organisé sa semaine en conséquence, les trois premiers jours à Paris, le reste en province. Depuis trois ans, ou quatre, il ne sait pas, cela fonctionne ainsi.
Quand on fait sa connaissance, Ferdinand est dans le train de 18h07 à la gare Montparnasse. Direction Saint-Pierre-des-Corps, Poitiers, Bordeaux. Il sort de sa sacoche le manuscrit sur lequel il va travailler, avant d'aller retrouver sa compagne qui monte sur scène ce soir-là pour la première représentation de "Il re Pastore", un opéra en deux actes de Mozart.
Mais, quand le train s'ébranle, le voyageur aperçoit sur le quai une chevelure rousse qu'il reconnaît tout de suite. C'est Jeanne, qu'il a tant aimée et si peu revue. A ce moment-là, Ferdinand ne sait pas encore combien sa soirée va différer de celle qu'il prévoyait. "... Et les souvenirs s'installèrent confortablement", écrit Jean-Daniel Verhaeghe qui, durant ces heures de trajets en train où les réminiscences se bousculent, nous fait partager les pensées les plus secrètes de son héros. Ses souvenirs et ses rêves. Son amour pour Jeanne, rencontrée dans un hôpital de Berck, leur complicité, leurs lectures dont celle de Roger Martin du Gard, leur séparation, leurs retrouvailles... Ferdinand est submergé à un point tel qu'il n'est plus lui-même. Même s'il veut ménager Béatrice, avoir revu Jeanne le précipite dans un espace entre le présent, le passé et le futur. Son cœur parle, le commande, le pousse au plus intime de lui et le lecteur suit avec bonheur ce remarquable roman qui saute d'ici à là, d'aujourd'hui à hier, rythmé par l'avancement de l'opéra de Mozart et la saga des Thibault, nous rappelant que l'amour est plus fort que l'homme. Que parfois le passé n'est pas définitif même si Jeanne dira "Chacun vaquera à ses souvenirs, à ses regrets aussi"?
DTPE 1: "Moria" de Marie Doutrepont (récit, 180° éditions)
DTPE 2: "The t'Serstevens collection" (photos, Husson éditeur/IRPA)DTPE 3: "La maison à droite de celle de ma grand-mère" de Michaël Uras (roman, Préludes)