Éditeur : Flammarion – Date de parution : mars 2017 – 472 pages
*
Déborah démarre son année de terminale avec aux pieds ses bottes à tête de grenouille parce que Isidore le chien-clochard a dévoré ses chaussures. Selon le théorème de la scoumoune, si un pigeon se balade au dessus de 300 personnes, c’est forcément sur sa tête qu’il va se soulager.
Ces derniers temps, Déborah préfère être au Clapier – le lycée où les élèves s’entassent tous comme des lapins en batterie – plutôt qu’à l’appartement avec ses parents… En effet, sa mère passe ses journées en pyjama à broyer du noir et son père n’est jamais là. Elle en comprend la raison le soir où elle le croise en train d’embrasser à pleine bouche une femme qui n’est pas sa mère – « une grue à moumoute bouclée ». Et puis il y a ce mystérieux numéro de téléphone qui apparaît sur plein de post-it dans l’entrée…
Mais ce n’est pas tout ; Éloïse, sa meilleure amie, la délaisse peu à peu pour vivre une passion avec Erwann, un adolescent au crâne un peu vide. Heureusement, il y a Carrie, sa libraire préférée, chez qui Déborah se réfugie pour consoler son âme avec des mots. En cette rentrée chaotique, ce sera Victor Hugo et ses Misérables. Avec un tel pavé en deux tomes, il y a de quoi assommer tous les soucis. L’adolescente se rapproche aussi d’un autre Victor, beau barbu déjà pris et de Mygale-man, l’étrange adolescent qui collectionne les araignées (coucou Gertrude velue).
Les chapitres se succèdent, ponctués de coquillettes. Dès les premières pages, le ton est donné : d’expressions loufoques en métaphores à hurler de rire, Déborah déroule la bobine de son quotidien qui dérape…
Comme j’ai aimé ce personnage adolescent ! Son langage très imagé et truffé de métaphores toutes plus cocasses les unes que les autres. On se poile toutes les deux minutes, au détour des pages, on pleure aussi.
Un roman sans faux-semblants, désopilant et émouvant, qui nous livre une tranche de vie, sans fioriture. Qui nous fait connaître de beaux personnages, avec une vraie présence, une épaisseur psychologique complexe. Aucun cliché, aucun manichéisme et c’est ce qui fait la force de ce roman : on est de plain-pied dans la réalité, dans le quotidien de Déborah, souvent terne et fadasse mais duquel l’adolescente se sauve par le rire et l’amitié.
Un joli petit pavé doré, drôle et impertinent, que l’on quitte à regret !