Funambules - Charlotte Erlih

Funambules      -     Charlotte Erlih


Funambules
Grasset
Parution : 02/05/2018
Pages : 192
Ean : 9782246816089
Prix : 17.50 €
Présentation de l'éditeur
Ada et Judith. L’une rêve de réaliser un film, l’autre de devenir grand reporter, mais l’horizon du succès semble chaque jour un peu plus fantasmatique. Ada et Judith, ou deux fils tendus au-dessus du vide.
Seule, sans projet concret, bientôt délogée de son appartement, Ada présente aujourd’hui son scénario à un producteur enflé par la réussite, Denis Moucheteux. Pour elle, c’est le rendez-vous de la dernière chance, pour lui, l’occasion de jouer avec une souris affolée. Dévorée d’angoisse, Ada n’a pas le choix, elle doit convaincre le matamore. Alors elle lui raconte une histoire de funambule…
En reportage dans un cirque de seconde zone, Judith croise la route de Julien, acrobate génial mais farouche. Enfin décidée à reprendre le fil de son destin, elle lui propose une idée folle et magnifique qui les rendra tous deux célèbres. D’abord hostile, Julien finit par la rejoindre à Paris et par accepter de danser dans le ciel de la capitale…
Comiques, parfois grotesques, toujours attachantes, Ada et Judith ne sont ni tout à fait les mêmes, ni tout à fait distinctes. L’humour et la sensibilité de Charlotte Erlih glisse avec grâce sur une vertigineuse construction en abyme. Sous sa légèreté apparente, Funambules évoque le difficile trajet qui consiste à prendre le risque d’exister. A être au présent, un pas après l’autre. Sur le fil du rasoir. Vivant, parce qu’on peut tomber. Parce qu’on peut rater.
Mon avis

Ce sont deux histoires qui s'entremêlent que nous propose Charlotte Erlih dans ce premier roman adulte.
Deux destins de femmes : Judith et Ada.
On est sans cesse sur le fil, passant de l'une à l'autre, entre la réalité et l'imaginaire car Ada 30 ans a une imagination débordante.  On a l'impression qu'elle affabule tout le temps imaginant que telle ou telle situation pourraient se produire...  Et pour cause, elle va rencontrer Denis Moucheteux, grand réalisateur de cinéma et lui proposer le scénario de son premier film.
Ce film racontera l'histoire de Judith Galenter, jeune journaliste qui fait un peu malgré elle un reportage sur le cirque de Lorenzo Bellini...  Un petit cirque de province à l'ancienne.  Elle filmera la représentation et l'accident qui se produira en fin de spectacle lorsque Lorenzo s'écrasera au sol à la fin de son numéro avec Julien le funambule.
Elle se rapprochera de Julien, essaiera de l'apprivoiser et lui proposera un défi, un projet mettant sa vie en péril...
Charlotte Erlih joue au funambule avec le lecteur passant de l'un à l'autre, de l'imaginaire au réel, les personnages s'entrecroisent, elle nous explique à merveille le processus de la création artistique.
Julien mettra sa vie en danger pour réaliser un exploit ce qui soulève la question du pourquoi de l'existence, un des thèmes majeurs de ce roman.
Ada est aussi "borderline", elle joue une partie de sa vie avec ce projet car dans cinq jours tout peut basculer, elle sera sans domicile, elle doit quitter son appartement, et ne sait où aller, un peu comme Judith et Julien.
L'écriture est fluide, le récit est très agréable, un premier roman bien plaisant.
Mon plaisir de lecture : 8.5/10
Les jolies phrases

Son seul répit : grimper sur le fil, les pieds cisaillés, l'esprit aimanté droit devant, vissé au bout de la slackine.  Caresser l'air, éprouver l'impalpable.  Se fondre au coeur de chaque pas, croquer les centimètres l'un après l'autre, vulnérable, l'équilibre sans cesse menacé, sans cesse regagné.  Près des cimes, la pensée et les bruits parasites n'ont plus cours.  Plus de passé ni de fureur.  Le souffle et la chair.
Dans la tragédie de Racine, quand le rideau se lève, tout le monde sait que l'histoire va mal finir.  Ce qui est intéressant, ce n'est pas la FIN en elle-même, on la connaît déjà plus ou moins, c'est la MANIERE dont la catastrophe se produit.
Permettez-moi d'objecter que si le cinéma essaie d'imiter la vie, la vie ne constitue pas toujours un bon scénario.  Il se passe dans la réalité des choses qu'on trouverait cousues de fil blanc dans un film.
Arrêtez de raisonner en termes de réussite ou d'échec.  C'est parce que vous opposez les deux que vous souffrez.
Les gens adorent les combats perdus d'avance.  Les causes vaines légitiment leur impuissance.