Écrire, oui, mais à quel prix? Est-ce que l'écriture permet d'ignorer les règles qui ont été déterminées plus tôt? Est-ce que toutes les expériences sont bonnes à vivre si elles contribuent à construire un bon roman? Y a-t-il des limites à écrire pour exister? C'est ce que Maude Veilleux explore dans .
" Était-ce hypocrite de ma part de prétendre vivre ça pour l'écrire, de tout ramener au roman, de subordonner le désir à l'écriture? "
Elle est mariée avec Guillaume, son géant. Son Guillaume si talentueux et si merveilleux. Ensemble, ils vivent dans un couple ouvert. Ils ont quelques règles à respecter et tout va bien.
" Nous avions une vie sexuelle active, encore agréable. Assez divertissante. Nous pensions passer notre vie ensemble. On se disait qu'il fallait utiliser nos corps, en profiter pendant qu'il était encore temps. Et, qu'est-ce que ça représenterait quelques amants sur une vie passée ensemble? "
Elle se met à fréquenter un de ses collègues de la librairie. Il hésite à devenir intime avec elle puisqu'elle est mariée, et en même temps, ça semble le rassurer qu'elle soit mariée et heureuse de l'être. Ils se voient seuls une fois par semaine.
" La case du mercredi. Nous nous voyions surtout ce jour-là. Je terminais ma semaine de travail, lui la commençait. C'était la seule journée où ni lui ni moi n'avions à travailler le lendemain matin.
Le jeudi, je rentrais à la maison. Je déjeunais avec mon mari. Nous parlions de nos aventures. Je me préparais une carafe de thé. Je m'assoyais devant mon ordinateur et je rédigeais un compte-rendu de la veille. Ensuite, je pouvais vaquer à d'autres occupations. "
Est-ce que le mariage est menacé lorsque la protagoniste a envie de repousser les limites pour le bien de son roman en cours d'écriture?
" Le roman commençait à tourner en rond. Les gestes devenaient répétitifs. Cet ordre des choses que l'on fait pour se rapprocher; les baisers, les accolades, les langues dans le cou, les mains sur les fesses, les vêtements qu'on enlève, les caresses, les doigts, les bouches, les mamelons. Il y avait la violence qui escaladait, mais même là ce n'était pas assez. Il n'y avait pas encore de sentiments, pas d'attachements, pas de drames en vue. Que du sexe et quelques claques. "
Son envie de vivre des choses pour améliorer son livre lui coûtera-t-elle sa vie?
Qu'est-ce qui concerne les motivations de la femme? Qu'est-ce qui concerne les motivations de l'auteure? Comment distinguer les deux?
" Cette histoire n'avait du sens que lorsque je commençais à l'écrire. Si je passais une semaine sans rédiger, je me croyais amoureuse, au bord du divorce. Il fallait que je ramène mon expérience à la littérature. Quand je terminais un bon paragraphe, peu importait ma peine, mon manque, ma culpabilité. Il y avait le texte. Le texte salvateur. Celui par lequel tout existe, même moi. Il y avait beaucoup de cela dans ce projet. "
Est-ce que ce comportement se limite à l'écriture d'un roman? Oh que non!
" J'avais remarqué que lors de mes crises d'angoisse j'avais le réflexe d'aller valider mon existence sur Facebook. J'avais une trace de moi, des photos, un certain nombre d'amis classés par catégorie, j'avais des intérêts, des discussions. C'était très rassurant de se sentir présent dans le monde. J'ai une fiche, je suis. En parallèle, je pouvais ainsi me dire : j'ai un livre, j'existe. Cela validait mes douleurs, les rendaient nécessaires. "
On lit Prague pour découvrir le style de Maude Veilleux. Et on lit Prague pour réfléchir sur ce qui nous motive et sur les excuses qu'on se donne pour agir (ou pas).Cet article contient des liens d'affiliation. Grâce à un partenariat avec la coopérative des Librairies indépendantes du Québec, 4% de votre achat (la totalité de mes redevances) sont remis à un organisme œuvrant en alphabétisation. Tous les achats comptent. Il suffit d'utiliser un de mes liens sécurisés. Cliquez ici pour obtenir plus d'informations.