Les tricheurs - Jonathan Kellerman **

Encore un polar pour cet été. 
Une enseignante d'un lycée privé côté est retrouvée "enneigée" à son domicile. La thèse du suicide est rapidement évacuée contrairement à la vie intime de la victime aussi remplie que complexe. Les enquêteurs sont priés de faire vite et discret, le scandale du meurtre pouvant entacher sérieusement la réputation de l'établissement et les candidatures des élèves en terminale présentant leurs dossiers d'admission aux universités prestigieuses de l'IVY League.  
Les tricheurs - Jonathan Kellerman **
Un duo bien huilé (le flic Milo Sturgis qui n'arrête pas de manger et son psy préféré et néanmoins compère Alex Delaware), une enquête à contre-emploi (tout doit rester secret dans l'univers bien feutré de ce lieu d'études fréquenté par les huiles plus financières qu'intellectuelles, puisque aucune piste ne doit être dévoilée pour ne pas froisser ces messieurs et dames) et une pléthore de personnages qu'on découvre au fut et à mesure. 
Et c'est là toute la différence (et l'énorme différence avec la grande dame anglaise) qui ne semble pas convenir avec la citation du Figaro forcément élogieuse et illustrant la quatrième de couverture  de Les tricheurs : " Voici un polar dans la pure tradition du whodunit à la Agatha Christie ". Je m'insurge : n'est pas Agatha qui veut ! D'autant qu'elle n'aurait jamais assommé son lectorat par des rebondissements à n'en plus finir dont recèle cet ouvrage. S'il tient en haleine, Les tricheurs n'évite cependant pas l'écueil de la rallonge et de l'accumulation.  Lorsque Dame Christie construit une intrigue de façon facétieuse et brillante, distillant quelques menus détails qui ont leur importance, le sieur Kellerman se la joue façon pâte à tartiner : plusieurs couches plutôt qu'une  (je goûte, c'est pas bon, je rajoute au cas où) ! 
On retrouve sans conteste les petites manies de l'auteur : une victime blondinette qui  mène une double vie et cache son jeu, un meurtre crapuleux, une ou plusieurs autres victimes, le plaidoyer politique (c'est d'ailleurs ce qui m'a le plus plu) et une fin à la façon Melrose place. Il faut cependant reconnaître le talent du romancier à saisir ses dialogues et le fait que le remplissage de pages s'adapte à une lecture d'été sur le sable chaud, cerveau en hibernation. En ces temps de canicule française, voici donc un moment sympathique mais pas exceptionnel.
Page 249  (l'après coupe du monde de football) "Les chants sont faits pour cultiver la cohésion... Pas la soumission."
à méditer dans les hautes sphères gouvernementales un brin chahutées en ce moment.
Editions Points (poche publié en mai 2014 - 392 pages)  Traduction de Frédéric Grellier
Avis d'Alex,