Mangasia, une expo, des livres et une rencontre

Mangasia, une expo, des livres et une rencontre

Du 30 juin au 16 septembre, Nantes accueille une grande exposition proposée par le Barbican Center de Londres. Accueillie à Rome à l’automne dernier, elle tournera ensuite pendant 5 ans en Europe.

Le spécialiste britannique de la bande dessinée Paul Gravett, auteur de l’ouvrage « Mangasia, le guide de la bande dessinée asiatique », nous fait découvrir l’Asie à travers ses dessins, et c’est très chouette !

L’exposition Mangasia, ou l’Asie en manga

Au Lieu unique, j’ai pu visiter tranquillement cette belle exposition (pour en savoir plus sur cette visite, c’est par ici), flâner dans les rayons de la librairie Vent d’Ouest, et assister à l’enregistrement de l’émission La Grand table de France culture, en présence de Paul Gravett et de l’auteur franco-cambodgien Séra.

Le manga et moi, c’est une histoire récente. Fan de bande dessinée depuis longtemps, je n’avais pas franchi le pas et c’est à l’occasion d’un cadeau à faire à un copain de mon fils que je m’y suis penchée. J’ai depuis lu plusieurs livres, mais j’avoue que je tâtonne encore un peu dans ces univers dont je ne connais pas grand chose finalement.

Alors dans cette expo, j’ai appris beaucoup de choses ! D’abord que le manga n’étais pas uniquement japonais, mais que c’était un genre littéraire présent dans tous les pays d’Asie, sous des formes et des graphismes divers (on peut admirer dans l’expo des oeuvres du Japon, de Corée du Nord, de Corée du Sud, d’Inde, de Chine, de Taiwan, de Hong Kong, d’Indonésie, de Malaisie, des Philippines, de Singapour, du Bhoutan, du Cambodge, du Timor oriental, de Mongolie et du Vietnam). Ensuite qu’il existe un grand nombre de genres de mangas, pour les filles et pour les garçons, pour toutes les tranches d’âge, mais on en trouve inspirés de légendes, de religions, adaptés à un public averti, etc.

Et j’ai aimé la scénographie faisant la part belle aux livres, couvertures, planches, et au processus créatif, sans oublier de faire le lien avec le multimédia et l’animation.

Mangasia, une expo, des livres et une rencontre

Mangasia, une expo, des livres et une rencontre

Planche de Concombre amer, en anglais, Séra

Le Lieu unique Nantes exposition Mangasia

Ca vous rappelle des souvenirs ? moi oui !

Mangasia, une expo, des livres et une rencontre

Espace lecture au milieu de l’exposition

Infos pratiques : ouvert du 30 juin au 26 août 2018 tous les jours de 10h à 19h, du 28 août au 16 septembre 2018 du mardi au samedi de 14h à 19h et le dimanche de 15h à 19h ; tarif plein 6€, tarif réduit 4€, gratuit pour les moins de 14 ans. Accessible avec le pass inter musées (20€ annuel) et le pass musée (10€ annuel).

Une librairie unique au Lieu unique !

Si vous ne connaissez pas le Lieu unique, sachez qu’il dispose d’une librairie bien achalandée et très agréable à parcourir, on y trouve aussi des affiches, des cartes, des jeux, une vraie mine d’or ! Elle est ouverte du mardi au samedi de 12h à 19h et le dimanche de 14h à 19h.

Mangasia, une expo, des livres et une rencontre

Le Lieu unique Nantes librairie

Quand les mots donnent un nouveau relief aux images

C’est en marge de cette exposition que j’ai pu assister à l’enregistrement de l’émission « la grande table de France Culture. J’ai pu écouter Paul Gravette, commissaire de l’exposition, et Séra, auteur de bande dessinée franco-cambodgien, parler de la bande dessinée en Asie, de sa place dans les différents pays, du rapport au numérique, de l’engouement de la jeunesse, etc.

Mangasia, une expo, des livres et une rencontre

J’ai apprécié d’entendre cet auteur parler de la situation de la bande dessinée au Cambodge, qui est « encore au stade des prémices. Il n’y a pas encore une industrie de presse qui puisse accompagner les jeunes créateurs. Pour exister, ils doivent aller en dehors du Cambodge. C’est une question de temps, j’imagine, c’est un jour quelque chose qui émergera. »

« Le pays sort d’une longue période assez noire de son histoire, où il y a eu une guerre et ensuite un génocide, et une longue période aussi de conflit, donc actuellement on est dans ce travail de mémoire, et aussi dans ce travail de défrichage des pans du passé. La culture, les traditions, ce sont des choses qui se font aussi, notamment par rapport au livre d’enfant, par rapport aux contes que l’on met en images, mais pas encore en images en bande dessinée, en narration visuelle. C’est un travail qui est en train de se faire et c’est fantastique de suivre ça là-bas. »

Séra évoque son prochain roman graphique, Concombre amer, qui sortira à la rentrée. Pensé et écrit en français, traduit par ses soins en anglais, il « pense que ce sera une lecture qui en anglais fera sens car une grande majorité des jeunes au Cambodge parle l’anglais plutôt que le français. »

« Pour faire ce travail [Concombre amer], je me suis essentiellement reposé sur un travail de défrichage d’images d’archives, de documents d’époques, de publications dans les journaux, ça a été toute une enquête pour essayer de coller au plus près au réel, et tout ça est mâtiné évidemment d’un regard personnel dans la mesure où toutes ces années de guerre je les ai connues et vécues. C’est une symbiose entre un vécu et un travail sur les archives. »

Il évoque également « l’influence culturelle majeure au Cambodge, pour ce qui est de l’étranger, c’est la France. C’est les Français qui avaient encore, jusqu’à la fin des années 1970, prépondérance visuelle perceptible. Mais aujourd’hui ils sont très influencés par tout ce qui vient du Japon et de la Corée. Les jeunes générations asiatiques sont friandes de mangas, elles adorent ça ! »

« Il n’y a pas de méfiance, au contraire il y a une adhésion, une fascination pour ces figures de super héros asiatiques, pour le rythme de lecture spécifique du manga, pour la dynamique qu’engendre cette forme de narration. Ils sont très portés sur le manga. »

« Dans un pays comme le Cambodge, il y a encore beaucoup de réticence, qu’on a connue dans les années d’après-guerre ici en Europe, par rapport à la forme de la bande dessinée qui est vue comme une sous-littérature, comme quelque chose qui n’a pas importance. Les gens n’ont pas conscience de la puissance de l’image. Il faudra voir ce que les jeunes sauront faire de cette liberté. »

Séra affirme être « très attaché au support papier, à l’objet livre », tout en concédant que « le grand enjeu qui arrive c’est la multiplication des supports pour pouvoir accéder à la lecture de ces bandes dessinées. » Affaire à suivre !

Avec une grande gentillesse, Sera a accepté de me dédicacer 3 pas dans la pagode bleue, un petit format d’une grande intensité, que j’aime beaucoup. Un joli souvenir de cette rencontre…

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