VOSTFR (Elodie Torrente)

VOSTFR (Elodie Torrente)

Disponible sur Amazon

Le masque du silence - Livre 1 (Charlène Gros-Piron)


Auteur :   Elodie Torrente

Éditions NDB éditions

Paru le : 04 Mai 2018

220 pages papier

Thème : Romance

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Résumé :

« Nina est sourde. Sullivan est acteur. Ils se rencontrent lors du tournage d’un long-métrage historique sur les sourds. C’est le coup de foudre. Comme au cinéma. Mais, à l’image des films français en salle, leur amour supportera-t-il de n’être pas sous-titré ?

« De Paris à Hollywood, d'Italie en Inde, de la fiction à la grande Histoire, les voix de Nina Keps et de Sullivan Juhel alternent pour montrer la difficulté de s’aimer dans une société qui refuse la différence. »

VOSTFR (Version Originale Sous-Titrée Français), premier roman d'Élodie Torrente, aborde avec humour, dans un style vif et limpide, un sujet méconnu du grand public et jamais traité en littérature. »

La bête du Bois de Boulogne (Christine Béchar)

La bête qui mangeait le monde (Antoine Nochy)

17/20

Je remercie Nelly ainsi que la maison d'éditions NDB éditions pour m'avoir proposé la lecture de ce livre. Ce n'est pas la romance qui m'intéressait le plus, mais la façon dont l'auteur allait tourner autour la surdité. Le sujet est intéressant, pas facile à aborder car il fait partie d'un des sens que nous utilisons tous les jours, pour ceux qui ont eu la chance de l'obtenir. "Un être vous manque et tout est dépeuplé" correspond parfaitement à la perte ou la non connaissance d'un sens, car il faut apprendre à faire sans.

Nina est une jeune femme qui a un rêve : celui de devenir actrice. Seul problème ? Elle est sourde et cela ne convient pas aux producteurs, jusqu'à ce qu'un jour, l'un d'entre eux demande expressément plusieurs sourds pour son nouveau film. elle va tenter sa chance. Ses yeux vont tomber sur ceux de Sullivan Juhel, un bel acteur qui est promus à de grandes choses. Le coup de foudre va les emporter dans une relation charnelle, passionnelle. Mais la vie va les prendre à revers. La surdité de Nina ne gêne pas Sullivan, il apprend la langue des signes, mais en dehors de leur bulle, ce couple n'est pas le bienvenu. Entre les regards et les non-dits, Nina et Sullivan vont devoir faire face à pire que la surdité : la méchanceté des Hommes.

Je ne pourrais pas commencer mon avis sans parler d'Isabelle, une personne que j'ai connu lorsque j'étais encore à l'école. Elle était sourde et portait un appareil qui l'aidait quand il ne lui brisait pas le peu de tympans qui lui restait. Elle était la seule de notre classe dans ce cas. Intelligente et vive, elle ne mangeait pas avec nous le midi, allant avec d'autres personnes qui n'entendaient pas durant cette période. J'ai eu la chance de la connaître, de partager de très bons moments avec. J'ai appris à signer et il me reste quelques petites choses. La vie nous a séparé, mais je me souviens parfaitement bien de la façon dont les autres les regardaient lorsqu'ils étaient dans leur coin. Parce qu'ils n'entendaient pas, ils étaient mis de côté. J'ai toujours trouvé absurde cet état. Rebelle dans l'âme j'ai souvent pris le parti de défendre la différence, parce que je l'étais aussi. Nous sommes tous différents, que nous entendions ou pas, que nous voyons ou non. Chacun à sa particularité, chacun ses besoins, ses envies...

C'est ce que l'auteur a voulu montrer dans ce livre. La différence est toujours là. Mais il faut savoir faire avec. Le regard des autres n'est rien si on ne s'en occupe pas. Nina et Sullivan sont jeunes, passionnés. Leur bonheur fait plaisir à voir. Bien entendu, avant d'arriver à ce qu'ils deviennent un couple, de nombreux obstacles se mettent en travers de leur chemin. Il y a le paraître qui est important dans ce métier. Le cinéma dans une salle nous montre le meilleur, mais il y a l'envers du décor qui lui n'est pas tout rose.

« En fait, depuis la minute où je me suis rendu compte qu'ils ont sous-titré les sourds pour que les entendants comprennent ce qui s'échangeait en signes, j'aurais dû partir. Dès l'instant où, en voyant la mère (la tante ?) du gosse (le jeune Laurent Clerc ?) parler au médecin sans réussir à capter un seul mot de ce qu'ils se disaient, qui ils étaient et pourquoi ils torturaient ses oreilles ainsi, je savais que c'était cuit et qu'encore une fois les petits malins du cinéma utilisaient notre surdité pour remplir les salles ! Les salopards ! C'est de notre histoire dont ils parlent ! Celle des silencieux ! Et nous n'y avons pas accès en totalité ! »

Nina vit dans une famille entendante qui s'adapte comme ils peuvent au handicap de leur fille. Elle se bat pour être une actrice. Savoir se battre c'est bien, par contre cela ne signifie pas qu'elle va y arriver à tous les coups. Elle a un caractère fort, des sentiments qui vont et viennent, des amis que l'on voit peu mais qui arrivent à être présent à l'aider. C'est une personne entière qui fait lever les yeux au ciel, qui ne montre pas toujours le bon exemple, mais c'est un personnage attachant. Et puis il y a cette nuit où tout bascule, où un choix va l'obliger à devenir une autre.

Sullivan est sur la montée des marches. Son regard se porte sur Nina sans qu'il ne puisse le contrôler. c'est un amour qui l'emplit totalement. Il ne peut rien faire contre cela. Il sait qu'elle est sourde, mais qu'importe ? Oui, qu'importe, sauf qu'il se passe des événements qu'il ne comprend pas. Il lui faudra du temps pour y parvenir, sur le tard. Il évolue, ne reste pas sur ses acquis, apprend à ses dépends que la vie qu'il connaît n'est pas la même pour tout le monde.

Et puis il y a Lucas. Cet acteur qui n'entend pas, qui connaît le sentiment d'impuissance de Nina. Il sait ce qu'elle ressent car lui est dans le même cas. C'est un fervent défenseur des sourds. Chacun a le droit à sa place. Il se débat pour obtenir ce qu'il désire et devient le premier maire sourd. Le côté non-entendant est aussi présent dans le sens où des groupes surgissent car mécontent du fait que certains sourds puissent se débrouiller pour entendre et ainsi jeter la honte sur eux ? Tant d'incompréhension des deux côtés alors qu'une "entente" pourrait se faire.

Le livre est écrit à deux voix, la première personne pour Nina, la troisième pour Sullivan. Suivre Nina nous donne beaucoup d'impressions : tout ce qu'elle ressent est reçu de plein fouet ! C'est être dans son intimité, dans sa tête, dans sa voix, dans ses gestes. Elle est directe et cela percute bien plus. Lorsque nous arrivons à la partie de la troisième personne, c'est plus éloigné mais pas tant que cela. Le fait d'avoir une vue d'ensemble, comme au cinéma pour certaines scènes est plus important que de connaitre parfaitement le "moi" de chacun.

« Interloqué, une chaleur s'empare cependant de son ventre en sentant le bout de papier sous ses doigts. Elle peut propager tout ce qu'elle veut l'entendre cette grosse directrice, il s'en fout. Il sait comment contacter Nina. Tout est maintenant possible. L'espoir le gonfle à bloc, à tel point que malgré le vent glacé, il rentre à pied en sifflant. »

Le titre est en parfaite adéquation avec le sujet : pour que tous aient le droit d'avoir la même chose. Il faut savoir payer de sa personne ou de son portefeuille pour ne laisser personne en arrière plan. Le fameux 1% donné à un moment donné m'a fait bondir. 1% ce n'est pas rien sur la population et même si ce n'était qu'une personne, tout devrait être fait pour que tous aient la même chance.

L'auteur use de la romance, du cinéma pour amener les choses de manière qui paraissent naturelles. Pas de fioritures, je regrette juste le saut dans le temps qui laisse un manque même si quelques lignes expliquent rapidement le temps passé. Le cinéma pour tous ? Il faut un sous-titrage particulier. Ce combat semble illusoire pour certains, pourtant pour se faire entendre, il faut montrer sa présence.

La plume de l'auteur est fluide, piquante par moment, douce à d'autres. Elle suffit à elle-même et pourtant on en voudrait un peu plus. En savoir plus sur Nina, sur sa vie, sur ses années passées hors du grand écran. La surdité n'est pas une maladie contagieuse, les êtres humains qui en sont atteints ne sont pas des bêtes de foires. Et pourtant il y a eu des moments dans l'Histoire qui font que nous ne devrions pas être fiers de ce que nous sommes.

En conclusion, c'est une belle histoire qui est dévoilée. La romance n'est pas simple. Il ne suffit pas d'entendre pour comprendre, il suffit parfois de quelques gestes pour apprécier ce que l'on a. Les paroles s'envolent. Il n'y a que les gestes qui importent...

   

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