PREMIÉRES LIGNES #.10 ׀׀ Mélancolie des corbeaux, Sébastien Rutés

PREMIÉRES LIGNES #.10 ׀׀ Mélancolie des corbeaux, Sébastien RutésLe principe : chaque dimanche, je pioche un livre dans ma bibliothèque, au hasard. Et je vous en fait découvrir les premières lignes - ou plutôt le premier paragraphe, parfois la première page. Ce rendez-vous est une idée de (LA LECTUROTHÈQUE).
Un roman qui trône sur une étagère de l'une des mes bibliothèques. Un titre qui m'avait interpellé, en plus d'une couverture superbe - comme c'est toujours le cas pour les Babel. Un roman que je n'ai pas encore lu, dont j'en découvre aujourd'hui les premières lignes.
PREMIÉRES LIGNES #.10 ׀׀ Mélancolie des corbeaux, Sébastien RutésMÉLANCOLIE DES CORBEAUXSÉBASTIEN RUTÉSEDITIONS BABEL NOIRJANVIER 2018THRILLER, ANIMAUX, PARIS
Sur les hauteurs du parc Montsouris, des féviers d'Amérique poussent le long des pentes de la voie ferrée désaffectée. Des rangées d'ifs touffus les cachent aux yeux des promeneurs, des rambardes de faux rondins en interdisent l'accès et les épines de leur tronc dissuadent les étudiants de la cité universitaire de s'y venir bécoter en cachette des gardiens. Rarement, ces derniers mènent-ils leurs rondes d'inspection sur la voie ferrée. Certaines nuits, l'entrée du tunnel abandonné avale des ombres en maraude le long des rails. Paris les digère sans jamais rien recracher. Seul le souffle du vent qui s'engouffre au soir dans son mufle affole le silence. Ni les piaillements des aires de jeu ni les cancans du bassin ne franchissent la barrière des cèdres. Défendus par les parois de la tranchée, les pentes escarpées, les grilles et les épines, ces féviers sont un refuge extraordinaire : on y accède que par les airs.