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Clémentine Beauvais une auteure qui a gagné ses lettres de noblesse sur la blogosphère il y a de cela quelques années grâce à son roman « Les petites reines » – qu’il me reste encore à découvrir ! Et qui a confirmé son talent en traduisant notamment les romans de Sara Crossan.
Je ne savais pas que le roman sortait en poche, mais quand je l’ai vu en librairie, je n’ai pas pu résister. Et cela aurait été une grossière erreur.
Quand Tatiana rencontre Eugène, elle a 14 ans, il en a 17 ; c’est l’été, et il n’a rien d’autre à faire que de lui parler. Il est sûr de lui, charmant, et plein d’ennui, et elle timide, idéaliste et romantique. Inévitablement, elle tombe amoureuse de lui, et lui, semblerait-il… aussi. Alors elle lui écrit une lettre ; il la rejette, pour de mauvaises raisons peut-être. Et puis un drame les sépare pour de bon. Dix ans plus tard, ils se retrouvent par hasard. Tatiana s’est affirmée, elle est mûre et confiante ; Eugène s’aperçoit, maintenant, qu’il la lui faut absolument. Mais est-ce qu’elle veut encore de lui ? Songe à la douceur , c’est l’histoire de ces deux histoires d’un amour absolu et déphasé – l’un adolescent, l’autre jeune adulte – et de ce que dix ans à ce moment-là d’une vie peuvent changer.
« Songe à la douceur » est la réécriture du roman en vers « Eugène Onéguine » de Alexandre Pouchkine, un très grand poète russe. C’est dans ces moments-là que je regrette de ne pas avoir une plus grande culture littéraire, car avant le roman de Clémentine Beauvais, je n’avais jamais entendu parler de ce poète ni de cette histoire. Mais heureusement, la littérature jeunesse – trop souvent décriée – est riche d’auteurs nous permettant de découvrir des styles et des genres complètement différents nous ouvrant un univers totalement inconnu.
« Votre mission si vous l’acceptez : moderniser l’histoire d’Eugène Onéguine en reprenant le style de vers libre utilisé par Alexandre Pouchkine ». Je m’imagine totalement Clémentine Beauvais recevoir ce genre de message et accepter la mission. C’est une folie, mais une folie follement réussie !
Les vers libres peuvent heurter au premier abord, mais il faut se laisser emporter par le flot des mots, par le rythme entêtant des vers. Clémentine Beauvais a donné à son récit une musicalité qui m’a emporté.
Le passé et le présent se mêlent et s’emmêlent. Il y a comme un compte à rebours qui se met en place tenant en haleine le lecteur du début à la fin. Tatiana et Eugène trouveront-ils leur fin heureuse tout compte fait ?
Les points de vue se mélangent.Tantôt, Tatiana confie ses premiers émois lorsqu’un été, elle rencontre Eugène grâce à Lensky, le petit ami de sa soeur. Elle n’a que 14 ans, mais ses sentiments sont profonds et inéluctables. Pourtant, Eugène, 17 ans, est un adolescent blasé qui rejette sans plus de cérémonie Tatiana.
Tantôt, Eugène confie ses espoirs concernant cet amour pour Tatiana qui couve depuis l’adolescence et qu’il n’avait pas su reconnaître. Mais dix ans plus tard, ils ont tous les deux grandi et tous les espoirs sont permis.
Le hasard fait bien les choses puisque le sentiment d’inachevé qui existait entre eux trouve une finalité.
La curiosité du lecteur est sans cesse titillée par les pensées du narrateur qui viennent ponctuer le récit. Cette romance était déjà originale grâce au style, mais elle en devient d’autant plus surprenante grâce au narrateur.