« Lors de ses déambulations nocturnes, paisiblement, il regarde la ville. Au contact de l'air, sa peau s'éveille, la lumière le fait divaguer et son regard transperce le paysage... le transforme. » Victor Hussenot nous entraîne dans un voyage fascinant, interrogeant avec grâce et poésie le sens de nos existences urbaines. Quinze histoires racontées par des personnages différents et autant d'anecdotes relatant impressions et émotions au cœur de la ville... Ces Spectateurs contemplent la vie comme on assiste à une pièce de théâtre, dans laquelle les lieux, le temps et la mémoire incarneraient les premiers rôles.
LES SPECTATEURSVICTOR HUSSENOTEDITIONS GALLIMARD BANDE DESSINÉE14 JANVIER 2016
Une bd. On se différencie un peu des mangas. Légèrement. J’avoue avoir quelques difficultés à lire des romans en ce moment. La chaleur, combiné à mon boulot qui me lessive. Et puis, le roman que je lis actuellement ne me plait sur aucun point. Pourquoi ne pas en débuter un nouveau ? Si je choisis cette technique, jamais je ne tournerai la dernière page du roman que je peine à lire. Concentrons-nous sur une bd. Un ouvrage que j’embarque de la médiathèque (endroit à fuir pour sa clim à 23 degrés). Les Spectateurs, comme d’ordinaire, c’est la couverture qui accroche ma rétine et me voila partie pour une nouvelle aventure colorée.
MATIÈRE URBAINE.Ils sont quinze à dialoguer entre les pages, à proposer leur vision de la ville. Quinze visages qui ne se discernent pas. Juste une distinction entre masculin et féminin. Du reste, on apprend rien de ces faciès qui traversent une page, puis disparaissent. Ils sont des conteurs le temps de quelques minutes. La trame s’invente dans les rues, dans ces espaces où côtoyer l’autre se fait à chaque seconde. A-ton la même vision que son voisin ? Croise t-on toujours les mêmes personnes dans le métro ? C’est un rapport à autrui qui se créer. L’auteur plonge aux questionnements, à ces regards qu’on faufile vers quelques quidams. Apprendre à les connaitre ou disparaître.
DÉAMBULATIONS NOCTURNES.La nuit devient terrain des voyages oniriques. Un homme observe un immeuble, y voit les différentes lumières de différents appartements. Ce sont des vies encore éveillées, les Autres pour qui il devine un passé et un présent. Il invente, construit des figures pour tous ceux qu’il ne peut pas voir. Juste la lumière émanant de leur appartement. Un autre personnage sillonne dans les rues, semble jouer de cache-cache avec les ruelles. La nuit, la ville change, se métamorphose, se déguise tout autant que ses passants.
SUBLIME ESTHÉTIQUE, MAIS RÉCIT FAMÉLIQUE.Les âges passent et trépassent. Être l’enfant qui joue au parc, puis devenir le vieillard sur le banc. La bd pose de multiples questions, n'aiguillonne que de vagues réponses. Les visages et corps sont flous, comme estompés. Le dessin devient poreux avec l’aquarelle. Des esquisses de vies, des tranches. Le dessin est somptueux, offre un élan poétique. Du texte, il est malheureusement trop maigre. Peut-être qu'une absence de texte aurait été préférable, laissant ainsi place à l'imagination. Une lecture fascinante mais dont il manque un élément, un je ne sais quoi qui m’aurait réellement fait rêver.