Dans un immeuble quelque part en plein Toulouse, des gens se croisent sans dire mot, les portes claquent et les bafouilles griffonnées par le syndic sur un écriteau ne sont guère plus chaleureuses. Au rez-de-chaussée il y a Cécile, traductrice, qui fuit le monde, vit recluse dans son appartement et surveille ses voisins par le judas de sa porte, tandis qu’au premier étage Lucie, elle, adore les bars, la vie du quartier, les sorties nombreuses en attendant de trouver le grand amour sur la toile. Puis il y a surtout Mado, ancienne Reine des trottoirs sur le retour, qui traîne dans la cage d’escalier. Avec son regard un peu halluciné, elle énerve les habitants de l’immeuble ou les attendrit selon qu’ils soient d’humeur à accepter ou non sa mémoire défaillante et ses soucis d’argent à la fin du mois, qui l’obligeait à faire encore quelques passes… Même si elle était propriétaire de son appartement depuis bien longtemps, la copropriété lui coûtait cher.
Au fil du temps, la fraternité et l’harmonie s’invitent dans ce huis clos charmant et petit à petit la charité s’installe. Mado réunit ses copines pour venir en aide à Marc et Lucie, moins chanceux en amitié et décidément trop pris par leurs activités professionnelles. Certains cultivent leur névrose tandis que d’autres s’épanchent et laissent entrevoir un fragment de leur personnalité, pas toujours un exemple…Mais qui peut prétendre n’avoir aucune faille ? Vaille que vaille les héros de cette histoire cocasse finissent par s’unir afin de sortir de leur perdition pour les uns, leur solitude pour les autres et tous parviennent à se soutenir pour que les lendemains soient rieurs et ensoleillés.
L’auteur nous livre aussi une belle réflexion sur les dangers du monde virtuel et la situation fragile de certains métiers, comme celui des prostituées.
Un bon moment de lecture, certes… Mais un récit qui me rappelle étrangement un autre excellent chroniqué ici il y a quelque temps, qui parle de solidarité entre les habitants d’un immeuble et dont les lecteurs conquis se désolent toujours d’une suite qui tarde… Certes, le présent récit traite de la même thématique, mais pour ma part je regrette toujours le magistral « Et puis Paulette » de Barbara Constantine, resté orphelin d’un deuxième volet…
3bis, rue Riquet par Frédérique Le Romancer, éd. Denoël
Date de parution : 12/4/2018