Quand on va dans un pays c’est, en général, pour manger local.
En tout cas c’est comme ça que je vois les choses….. pas les tunisiens.
En Tunisie la nourriture est un art qui se partage gratuitement parce qu’il a une signification.
Si on vous invite à manger c’est soit parce qu’on a besoin de vous, soit parce que vous êtes des amis ou de la famille.
De ce fait il est hors de question pour eux de manger dans un restaurant. C’est sale, on ne sait pas qui cuisine et ça n’a plus aucune signification puisque c’est un service payant et pas de l’amour qu’on reçoit.
A moins, donc, de trouver un petit bouiboui qui permettent de manger très peu cher, des plats vraiment simples à midi et encore, il vaut mieux demander les bonnes adresses aux habitants de peur des limites sanitaires (aucune interdiction de fumer, toilettes dégueulasses, tables à la limite du propre etc…).
Si vous tenez spécifiquement à manger local dans un « vrai » restaurant, alors c’est clairement le parcours du combattant car, comme je le disais, le restaurant n’étant pas une habitude locale, on vous fera bien ce que vous demandez si vous insistez mais à un prix qui n’a plus rien à voir avec le plat lui-même. Pour exemple : une oeja aux merguez coûtera moins de 5 dinars (2 euros environs) dans un bouiboui local alors que dans un restaurant il vous coûtera près de 40 dinars (15 euros).
Alors, me direz-vous, que se passe t’il si on veut manger dehors en Tunisie ? Adieu plats des familles et bonjour le couscous qui coûte une fortune (sans être plus bon), les pizzas en tout genre, les hamburgers, les steaks frites. Bref… Bonjour la nourriture pour touriste au prix touristique.
Pas vraiment de quoi ramener des souvenirs culinaires.
Enfin, sauf peut-être les sandwichs. Les tunisiens raffolent des sandwichs et y mettent une originalité folle…. à un prix qui l’est tout autant.
Vous découvrirez des sandwichs pastrami – salade de piments, des wraps à l’omelette et au merguez et surtout, mon préféré « le makloub » qui consiste en fait en une sorte de panini dont le pain est cuit sous vos yeux mais au lieu d’être fendu dans le sens de la longueur et garni, il est découpé dans le sens de la largeur et la garniture se trouve entre les deux morceaux. Juste cuit et tout chaud c’est un régal calorique.
Donc pour les travailleurs tunisiens, manger dans son budget consiste soit à ramener son plat, soit aller au bouiboui local soit, un peu plus cher, un makloub tunisien, glace italienne et café turc.
Le touriste étant « roi ». Il aura lui, le choix entre les plats de tous les pays SAUF tunisiens et d’après ce que j’ai vu, peu d’entre eux s’aventurent, d’ailleurs, à chercher plus loin que le couscous quand il s’agit de plats locaux.
Comme le disait un restaurateur : « C’est pas qu’on veut pas mais si c’est pour qu’ils ne mangent pas autant leur faire ce qu’ils ont l’habitude de manger. »
Pour nous qui recherchions vraiment du local, ça a été un vrai calvaire. Certains serveurs crurent même à une mauvaise blague quand Xavier leur demanda s’ils faisaient du « leblebi » (sorte de soupe de pois chiches épicée) et je ne compte pas le nombre de regards surpris, voire inquiets, chaque fois qu’il demandait de la vraie harissa arabe (oui car les pots jaunes que vous trouvez dans le commerce sont en fait de la purée de piment, pas de la vraie harissa qui elle est composée de piments, d’épices, d’ail, d’huile d’olive etc…).
C’est vraiment dommage que pour faire plaisir aux touristes un pays dénature sa culture à ce point. A la rigueur on trouvera plus facilement de la cuisine locale tunisienne en France qu’en Tunisie.
C’est triste car elle est bien bonne leur cuisine !