Les Collisions de Joanne Richoux

Gabriel et Laetitia entrent en Terminale Littéraire. Il est brumeux et arrogant. Elle est fière et sauvage. Ils s'ennuient royalement au lycée, et ils ont comme une envie de le faire payer à tout le monde. Ca tombe bien : cette année, ils étudient Les Liaisons dangereuses. Ca va leur donner des idées...

Les liaisons dangereuses est un classique de la littérature française que je n'ai pas encore lu mais qui m'inspire beaucoup de curiosité. Quand on m'a présenté Les Collisions, une version moderne du roman de Laclos, je n'ai pas attendu longtemps avant de découvrir à mon tour cette lecture.
Le Vicomte de Valmont et la Marquise de Merteuil prennent le visage de deux lycéens à notre époque. Gabriel et Laeticia sont deux écorchés vifs qui posent un regard désillusionné sur la vie. L'étude de l'œuvre Les liaisons dangereuses à leur entrée en terminale va les sortir de leur obscure torpeur.
Ce qui n'était au départ qu'un jeu va se transformer en une effroyable pièce de théâtre dramatique. L'obscur couple va se jouer de ses pairs en manipulant leurs faiblesses jusqu'à les pousser dans un abîme sans fond.
Tout au long du roman, Joanne Richoux n'a eu de cesse d'affiner la psychologie de ses personnages. Les Collisions, véritable mise en scène ravageuse, va mettre en lumière les faiblesses de chacun et les ravager de bien des manières.
Une fois le venin instillé, aucun retour en arrière n'est possible. Les conséquences du jeu de Gabriel et Laeticia laissent des traces, brisent des vies, sans qu'aucun retour en arrière soit possible.
On en vient à se demander comment des jeunes gens peuvent en arriver à de telles extrémités. Le portrait environnemental que l'auteure a dressé de certains personnages nous éclaire sur les brèches qui ont laissé pénétrer les agissements toxiques du couple infernal alors que pour d'autres, le questionnement est inévitable. Comment en arrive t-on à se détruire et à détruire autrui ?
Les Collisions est un roman percutant que j'ai lu d'une traite. Je me suis à mon tour retrouvée emprisonnée dans la toile manipulatrice de Gabriel et Laeticia. J'ai assisté impuissante à la descente aux enfers de tous les protagonistes sans ne pouvoir rien faire d'autre que de tourner les pages, jusqu'à la dernière, qui m'est apparue comme la plus violente. Elle laisse la porte ouverte à l'imagination pour envisager l'avenir des acteurs de cette obscure représentation.
Ce livre m'a entrouvert la porte de l'univers des romans jeunesses. Je remercie Lucie et les éditions Sarbacane qui à n'en pas douter vont me réserver d'autres belles surprises littéraires.

"Tout le monde les fixait - il fallait s'y attendre. Certains avec dégoûts, d'autres avec envie. Entre honte et triomphe, ils ont ralenti le pas. Encore. Davantage. Ils rendaient les regards à chacun, sourire aux lèvres. Ils s'en échangeaient entre eux. Prendre l'escalier. On les bouffait des yeux, on les bousculait, on baissait la tête; ils acceptaient tout. Une victoire? Peut-être pas... mais un exploit, incontestablement."