Disponible sur Amazon Auteur : Danièle Bélorgey Éditeur : Auto-édité Paru le : 01 Février 2018 253 pages numérique (epub) Thème : Romance ******* Résumé : « Été 1970. La fureur de mai 68 ne s’est pas encore éteinte que déjà monte une nouvelle clameur du côté de Guérande. Les salines millénaires vont être détruites pour laisser la place à une « marina » de dimension pharaonique qui permettra de doubler la superficie de la station balnéaire de La Baule. Bientôt toute la baie sera reconquise au profit du tourisme, léguant à l’oubli les salines désuètes et en perte d’exploitation depuis une dizaine d’années.Pour Anne, fille unique du puissant promoteur immobilier impliqué dans le projet, ce n’est qu’une raison supplémentaire de se sentir seule, délaissée une fois de plus… Jusqu’au jour fatidique où, lors d’un voyage sur l’île Dumet, la découverte macabre d’un enfant noyé va lui faire croiser le chemin d’un jeune paludier des salines et lui révéler un monde dont sa riche éducation l’avait toujours protégée. Anne est loin de se douter que des forces la dépassant sont à l’œuvre, des forces qui pourraient en un instant écraser cette passion naissante et la détruire complètement, comme elles menacent de détruire la région même… » |
14/20
Je remercie Patrick Ferrer pour m'avoir proposé de découvrir ce roman de Danièle Belorgey, auteur que j'avais déjà découvert par le biais d'un autre livre : la mariée du dolmen.
Mai 1968 est encore dans toutes les têtes. Deux ans plus tard, Guillaume ainsi que sa femme Brigitte et leur fille Anne, vont en vacances du côté de Guérande, dans la Loire-Atlantique. Promoteur immobilier, il veut transformer les salines en un complexe agrandissant la station balnéaire. Quoi de mieux que de virer des personnes dont toute leur vie est en rapport avec le sel. Brigitte et sa fille ne sont pas d'accord, mais que peuvent-elles bien faire ? De l'autre côté, les habitants sont contre cette idée. Le sel c'est toute leur vie. De générations en générations ils travaillent les salines pour en extraire ce que tous aiment (ou presque) : le sel. Erwan fait partie des paludiers, ceux qui y travaillent. Sa famille est attachée, tout comme lui, à cette terre. Et pas question d'en partir. Mais lorsque les sentiments s'en mêlent, comment tout cela va bien pouvoir se terminer ?
« — Les amants de Vérone, rêva Anne un instant. Pauvre Roméo et pauvre Juliette.
— Eh bien, nous, plaisanta Erwan en se penchant pour embrasser ses lèvres, nous sommes les amants de Guérande, et c’est la plus belle histoire du monde. »
Le début du livre commence par la découverte d'un corps au large de l'ile de Dumet. Anne, Jérôme et Erwan tombe sur le corps d'un petit garçon qui a disparu depuis deux jours. A partir de ce moment, les ennuis commencent. Un journaliste arrive, demande à la mère d'Anne de pouvoir lui parler, ainsi qu'avec les autres, Jérôme et Erwan. Cet homme, Bertrand Favier, ne lâche rien. Il veut écrire un beau papier pour le journal. Être le premier qui aurait des renseignements sur la mort de ce petit garçon à dévoiler lui donne des ailes. Mais c'est sans compter sur le "coup de foudre" qu'il a pour Brigitte.
Une histoire qui se laisse lire sans trop se poser de questions. Nous suivons les personnages, avec un peu de mal par moment je l'admets, dans leur intimité. Nous découvrons que Brigitte n'a pas réussi à aimer sa fille à sa naissance et l'a rejeté. Ce rejet l'a énormément fait souffrir. Durant six années toutes les deux vont se chercher sans réussir à se trouver, jusqu'à ce que Brigitte se rende compte qu'elle avait cet amour pour sa fille. Une histoire familiale qui est complexe, les sentiments sont exacerbés, surtout lorsque l'on a eu un manque. Et puis il y a ce promoteur, ô il n'est pas seul dans l'histoire à vouloir détruire les salines. Il est bien présent, le père d'Anne qui est tombé amoureuse de celui dont il ne fallait pas : Erwan. Cet homme qui est tout sauf un homme de la haute société comme elle et sa famille. Il est travailleur, honnête et du mauvais côté de la barrière.
« ... Tu me fais rire, mon pauvre Guillaume ! Tu es incroyable ! Tu m’as planté un enfant dans le ventre, j’ai accepté de te le porter, de te le mettre au monde et, après ça, nous sommes quittes ? Pas du tout ! Prends une disponibilité, Brigitte ! Reste à la maison ! Occupe-toi d’Anne ! Tu es sa mère, tu le lui dois ! Tu le lui dois ! Mais qu’est-ce que tu lui dois, toi ? Qu’est-ce que tu fais pour qu’elle s’épanouisse, qu’elle cesse de larmoyer, de m’exiger, de me digérer ?
— C’est bien ce que je disais. Tu es dure, tu ne penses qu’à toi... »
L'auteur a une belle description des marais, de la région et des personnages. Ces derniers ont de l'émotion à revendre. La lutte pour garder un territoire tel qu'il est en sachant que c'est ce territoire qui nous offre le sel si précieux, cet or blanc qui vaut tout l'or du monde et bien plus encore. Les valeurs sont sacrées, les traditions aussi. Une petite enquête sur un corbeau qui semble vouloir s'amuser avec la famille d'Anne. Photos, lettres, tout est bon pour les dérouter. J'ai beaucoup aimé Maryvonne, la grand-mère d'Anne. cette femme a du caractère, toujours dans les actions, prête à défendre sa terre, ses idées. Elle pense aussi à sa petite-fille et cet amour qui pourrait bien la détruire. Savoir se battre pour celui qu'on aime, contrer sa propre famille n'est pas facile.
Anne et Erwan, c'est une histoire qui débute par un échange de regard. Une peur qui se transforme en une douce chaleur. Avoir envie de réconforter quelqu'un et ne pas pouvoir l'oublier. Faire en sorte de pouvoir se revoir. Un mois de vacances, cela signifie de nombreux jours pour pouvoir apprendre à se connaître, découvrir l'autre et sa façon de vivre. Tout les sépare, leur identité sociale, leur "travail", leur vie. Pourtant il y a cette étincelle dans leur regard dès qu'ils sont en présence l'un de l'autre.
« — Tu te souviens quand je t’ai dit que ça allait être très dur pour nous ? Eh bien, tu vois, la preuve est faite.
Anne ne répondit rien. Elle savait qu’Erwan avait raison, mais elle savait aussi qu’elle était prête à livrer toutes les batailles qu’il faudrait pour défendre leur amour. Elle était loin pourtant de se douter à quel point il allait lui falloir combattre. »
Je n'ai pas accroché à Brigitte que l'on voit un peu trop à mon gout. Savoir qui elle est, comment elle a réagit à la naissance de sa fille, donne des éléments pour comprendre la relation qu'elle a avec elle, mais cette histoire avec le journaliste... Contrairement à sa fille qui même si elle a des gestes désespérés, est plus facile à suivre et à comprendre.
En conclusion, une histoire sympathique sur le sel de Guérande, sur un amour impossible à la Roméo et Juliette. Grâce, ou à cause, d'Anne, sa famille va se remettre en question, jusqu'à en oublier les futilités.