Première semaine de juin 2016. Jule sort du métro New Yorkais après une longue journée à la recherche d’un travail.
Troisième semaine de juin 2017. Jule s’enfuit d’un hôtel au Mexique, perruque enfilée, maquillage parfait et conscience (presque) tranquille.
Que s’est il passé entre temps ? Les chapitres s’enchainent et vous emmènent toujours plus loin, à rebours dans le temps, à la recherche de la vérité…
Whaw. C’est le premier mot qui me vient à la bouche pour décrire ce livre. Au début de l’histoire on est un peu perdus (au milieu et à la fin aussi en fait ^^) : les informations s’enchaînent sans cohérence immédiate, les vérités et les mensonges s’entrelacent si bien qu’on ne sait plus vraiment démêler le vrai du faux.
J’avais très envie de lire ce roman car j’ai adoré Nous les menteurs, de la même auteure. Dans les deux cas, ce sont des histoires poignantes, marquantes et qui font réfléchir. Ce sont des lectures qui changent complètement des autres romans jeunes adultes plus classiques, autant par l’histoire que par la manière de la raconter. Ici, on comprend petit à petit qui est Jule en remontant dans le temps (l’intrigue nous décrit donc plus une trajectoire et une personne qu’une aventure qui s’inscrit dans un schéma narratif prédéfini) : l’auteure nous pousse à croire certaines choses au fil des chapitres pour soudainement remettre en cause tout ce que l’on croyait établi. L’effet de surprise repose donc sur l’imagination du lecteur : à aucun moment l’auteur ne « ment » au sujet de son personnage, mais elle arrive à nous suggérer des fausses voix d’interprétation pour mieux nous surprendre.
La finalité de histoire serait donc un portrait de Jule (mais sait-on vraiment jamais qui elle est réellement ?) ; de tous ceux qui sont faits, celui-ci est mon préféré :
« Imaginez-vous à présent dans une scène de film. Des ombres se projettent sur votre peau lisse à mesure que vous avancez. Des ecchymoses se forment déjà sous vos vêtements, mais votre coiffure est impeccable. Vous êtes armée de gadgets, d’outils métalliques fins et pointus capables d’infliger les pires outrages technologiques. Vous transportez sur vous poisons et antidotes.
Vous êtes au centre de votre histoire. Vous, et personne d’autre. Vous êtes riche d’une histoire unique, d’une éducation hors du commun. Vous êtes devenue impitoyable et brillante, vous n’avez peur de rien ou presque. Vous avez laissé une traînée de cadavres derrière vous parce que votre survie en dépend. C’est comme ça, un point c’est tout.
Vous êtes sublime dans la lueur colorée des bars mexicains. Vous avez toujours les joues roses après une bonne bagarre. Oh, et ces fringues vous vont à ravir.
Oui, c’est vrai : vous êtes d’une violence criminelle. Explosive, même. Mais c’est votre boulot, et vous êtes exceptionnellement qualifiée pour le faire. Donc c’est sexy. »
Jule n’est pas le seul personnage intéressant de l’histoire, et comprendre sa meilleure amie Imogen est loin d’être facile ! Ce sont de jeunes femmes qu’ont a presque autant envie de détester qu’adorer (ou les deux à la fois ?)… Comme pour Nous les menteurs, j’ai envie de relire ce roman pour découvrir tous les indices et pièges laissés par l’auteure au long du récit… et je suis sûre qu’il y en a beaucoup !
Finalement, je pense que la meilleure façon de décrire ce roman est l’explication d’Emily Lockhart à la fin, dans son mot à l’attention des lecteurs :
« Trouble vérité est un conte de la fureur féminine, une histoire racontée à l’envers, un récit ancré à la fois dans les romans victoriens et les comics de super-héros américains. (…) C’est le récit des origines d’une antihéroïne. Trouble vérité parle d’amitié, de trahison entre femmes et des mensonges qu’on se raconte à soi même pour devenir la personne que l’on rêve secrètement d’être. »
En conclusion, Trouble vérité est un roman que j’ai adoré pour sa complexité et pour le goût d’inachevé qu’il nous laisse à la fin. J’avais l’impression de ne jamais en savoir assez mais c’est ce qui fait la force de ce livre au nom assez explicite : tout est trouble donc le lecteur peut s’imaginer ce qu’il veut et interpréter à sa façon (et de fait je pense qu’on a tous une perception de Jule assez différente, pour en avoir discuté avec Yoko qui a également beaucoup aimé). J’espère avoir attisé votre curiosité et pouvoir vous souhaiter une bonne lecture !
PS : petit coucou rapide de Yoko : j’ai également dévoré ce roman ! Là où l’auteure est vraiment impressionnante c’est qu’elle manipule le lecteur au point de lui faire éprouver des sentiments de compassion complètement immoraux…. Une lecture délicieuse mais légèrement culpabilisante