Libres pensées...
Agathe a une vie rangée, et tout pour être heureuse : un mari dévoué, deux enfants, une situation confortable, et un groupe de copines solide et fantaisiste. Reine de l’équilibre, Agathe jongle entre les obligations professionnelles et personnelles, elle est la mère idéale, jamais en retard, n’oublie pas les activités des enfants et les détails logistiques du quotidien, elle est un monstre d’organisation. Mais, peu à peu, la mécanique parfaite semble s’enrayer, Agathe se laisse séduire par un inconnu et s’énerve à tout-va.
La vie sauvage des femmes présente l’intérêt de prendre pour cadre la période actuelle, et d’aborder le quotidien d’une femme surmenée, qui tient à maintenir une apparence de maîtrise et de réussite. Débutant par une journée comme une autre, le récit monte peu à peu en puissance, à mesure qu’Agathe semble sombrer, et perdre la maîtrise de ce quotidien pourtant précisément organisé.
L'intrigue repose en grande partie sur la personnalité très affirmée d'Agathe, qui peut se révéler ambivalente : la proximité immédiate induite par ces traits peut être par la suite remplacée par un agacement nourri par les réactions parfois désagréables et le visage antipathique de la protagoniste, qui montre un comportement égoïste et excessif. Cela est d'autant plus prégnant que les personnages secondaires n’existent qu’en pointillés, vampirisés en quelque sorte par une Agathe envahissante.
Néanmoins, le style vif et d'abord simple permet au lecteur de rester dans la course, et de nourrir une curiosité pour le sort qui sera celui de cette anti-héroïne très moderne. En effet, l'intrigue, bien qu'entravée par certaines digressions visant à démontrer la confusion qui s'empare peu à peu d'Agathe, permet de mettre en lumière la pression subie par une femme qui tâche de mener de front toutes ses responsabilités : celles d’épouse, de mère, d’amie, et de femme épanouie, car Agathe semble ne pas avoir le droit de montrer autre chose qu’un visage heureux. Le traitement du sujet est original, car en lieu de compassion, le choix de la narration à la première personne donne à voir le monde à travers les yeux de cette femme, qui se rengorge de son excellente organisation, de sa belle vie, et se montre irascible et désagréable à mesure qu’elle perd le contrôle, qu’elle doute, qu’elle se comporte de manière inhabituelle. Là où on s’attendrait à trouver des questionnements intérieurs et une authenticité de ton, on trouve une suite d’actions désordonnées et de la suffisance.
C'est certainement ce qui m'a le plus déroutée dans cette lecture, qui reste cependant intéressante de par le tableau détaillé qu'elle peint des attentes sous lesquelles ploient les femmes, à l'heure des débats autour de la charge mentale.
Pour vous si...
- Vous avez adoré Camille Cottin dans la série Connasse