Vincent Villeminot – Fais de moi la colère **

Vincent Villeminot – Fais de moi la colère **

Éditeur : Les Escales – Date de parution : 30 août 2018 – 288 pages

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Ce singulier roman s’ouvre sur la voix d’une femme enceinte ; c’est moi, Ismaëlle, avec deux L – ou deux ailes. Ressentant des émotions contradictoires, la jeune fille se remémore le récit de sa propre naissance ; sa propre mère est morte en lui donnant la vie. Ce petit être amphibie qui grandit dans ses entrailles n’a pas encore de nom.

« Sommes-nous tous ainsi, habités par des monstres ? Sommes-nous encore des hommes et des femmes ? Sommes-nous pire que cela ou simplement cela ? »

Tout commence dix-huit mois plus tôt lorsque, à peine âgée de dix-sept ans, Ismaëlle apprend la mort de son père. Son corps de pêcheur est retrouvé, flottant sur le lac. Quelques jours plus tard, ce sont des dizaines de corps qui remontent à la surface. Et chaque jour d’autres corps apparaissent. Qui sont tous ces morts ? D’où viennent-ils ?

Ismaëlle déroule le fil de son récit en s’adressant par moment à Ézéchiel et sa peau d’ébène, son grand amour, le fils de l’Ogre… « immense, géant, des mains d’étrangleur et un visage d’enfant. » La voix en italique de ce géant vient s’inscrire dans le récit d’Ismaëlle. Ensemble, ils vont se lancer dans une partie de pêche à la Moby Dick ; une chasse à la Bête tapi dans les profondeurs du lac…

Énigmatique et halluciné, ce récit à deux voix me rappelle l’univers des contes et le réalisme magique de Véronique Ovaldé.  J’ai aimé la poésie rugueuse et sauvage des mots ; c’est un texte plein d’aspérités et de rage, comme ensauvagé, qui nous délivre l’histoire d’une traque. L’histoire aussi de deux jeunes de dix-neuf ans torturés et hantés par les drames de leur enfance – parents absents ou assassins. Ce roman avait tout pour me plaire mais il ne m’a pas convaincue ; un texte décousu, répétitif et bien trop nébuleux à côté duquel je suis complètement passée