Paris n’est plus que ruines. Et le prix de la cervelle fraîche s’envole. Heureusement, il reste des punks. Et des bières. Et des acides. Et un groupe électrogène pour jouer du Discharge. Le Club des punks va pouvoir survivre à l’Apocalypse. Enfin, si en plus des zombies, les gros cons n’étaient pas aussi de sortie...
Il est grand temps que l’anarchie remette de l’ordre dans le chaos !
Pourquoi ce livre ? Je dois dire que j’ai accroché sur ce livre dès sa réception dans la PAL de mon homme, par son style déjanté et les promesses qu’il semblait formuler. Des punks mêlés à des zombies, voilà une originalité qui attire au premier coup d’oeil !
Le début de l’oeuvre nous plonge d’emblée dans le grand bain. Accepté au sein de ce collectif, cette famille, de punks, il se passe rien le temps d’une soirée arrosée d’un bon cocktail d’herbe. Le lendemain, l’horreur sent à plein nez, tandis que la foule de zombies règne sur les ruelles de Paris. Est-ce une maladie, un virus, une cause divise ? Cela touche-t-il seulement la capitale des Gaules ou bien l’ensemble de la France, du monde ? Pourquoi la plupart des gens ont été zombifiés et certains non ? Tant de questions et tout un livre pour y répondre, c’est sûrement pour cela qu’il se dévore si vite !
Le rythme est présent, plaisant. Les pages se tournent seules, les chapitres, parfois courts, souvent longs, s’enchaînent malgré nous, livrant avec ardeur, humour et jugement cette re-civilisation (ça ne veut rien dire mais ça sonne bien). Car oui, les zombies sont une peuplade à intégrer et… J’ai aimé le traitement des zombies. L’auteur a su tirer parti des caractéristiques de ces créatures, mêlant l’esprit punk à elles. Le cocktail est explosif, original, on ne sait pas dans quoi on met les pieds mais c’est plaisant. Je ne peux vous dire en quoi cela consiste car cela dévoilerait tout l’ouvrage mais Karim Berrouka dénonce avec brio les mythes religieux et leurs manières. Après tout, ça ressemble souvent à de la propagande et du bourrage de crâne, une institution qui s’assimile aisément à une secte (je vais me faire taper sur les doigts en disant cela).
La fin est assez drôle, on imaginait parfaitement la tête des personnages tandis que tout se déroulait alors même qu’ils vivaient un revers magistral. J’ai gloussé pas mal avant de ressentir une petite satisfaction.
Les personnages sont attachants par leur bêtise. Ils ne savent pas dans quoi ils mettent les pieds, ils fuient la situation de manière décalée puis font face de manière toute aussi déjantée. On se prend de sympathie, on s’attache, on craint le pire et on sent le coeur se serrer, preuve que notre empathie pour eux est gagnée.
La plume coule toute seule sous les yeux. Elle met parfaitement en mots l’histoire, proposant un style collant à l’univers décalé. C’est parfait pour nous immiscer dans cet univers.
En réalité, tout aurait pu conclure à un coup de coeur. La plume sympathique, des personnages attachants, des créatures originales et un mal là où on ne s’y attend pas, tout est bon et pas que dans le cochon. Où le bât blesse ? Le propos extrémiste. Qu’on se le dise, je me fiche catégoriquement que l’auteur prône le capitalisme à l’anarchie ou vice versa. Ici, c’est plutôt l’inverse, et ça aurait pu me plaire puisque je rejette le système actuel, selon moi dépassé. Toutefois Karim Berrouka use d’un ton de propagande. Ca va avec l’esprit des punks, attachés au chaos. Ca ne va pas avec ce que j’attendais, un ton léger, une lecture rythmée. C’est limite si cela ne recommençait pas à chaque chapitre, devenant un bourrage de crâne parfaitement détestable. Ma lecture fut bonne mais légèrement amère à cause de ce seul point… A l’inverse (j’ai vraiment envie qu’on me tape pour ça), le propos lié à la religion est jubilatoire, j’ai vraiment aimé sur les interventions telles des deus ex machina donnent l’impression de la secte. Ca contrebalance un peu, pas suffisamment, la déconvenue liée au système politique
Un univers intéressant à arpenter, des créatures originales à découvrir, des personnages que j’ai adorés suivre, tout est là pour faire passer un superbe moment. C’est décalé, rafraîchissant, vraiment immersif. On rit, on espère, on sent le coeur se serrer, on vit ce roman rythmé et captivant. Seul bémol qui ne concerne que moi en vérité, le discours politique qui sied à un punk, mais qui ne convient pas du fait de son effet propagande et bourrage de crâne.
15/20