La maison sur l'océan de Beatriz Williams
Parution le 5 juillet 2018
Des tensions de l'Europe en guerre à l'Amérique jazzy des sixties, Beatriz Williams livre un final palpitant, une magnifique histoire d'amitié et de passion, pour ponctuer la trilogie des sœurs Schuyler.
À l'automne 1966, l'intrépide Pepper Schuyler est dans les ennuis jusqu'au cou : non seulement la belle est enceinte de son ex-patron, politicien influent qui la pourchasse à travers le pays, mais elle se retrouve seule et sans ressources. Son unique bien : une Mercedes de collection, qu'elle vient de vendre pour une coquette somme à une mystérieuse acquéreuse, Annabelle Dommerich.
Il faut dire que cette célèbre violoncelliste française attache une valeur sentimentale particulière à ce véhicule. Elle seule connaît l'histoire de cette voiture, de sa course éperdue à travers l'Allemagne nazie jusqu'à son arrivée en Amérique. Et le destin des deux amants en fuite qu'elle abritait...
Alors qu'Annabelle décide de prendre Pepper sous son aile et lui offre un refuge sur une plage déserte de Floride, les deux femmes se livrent peu à peu leurs secrets.
Ensemble, parviendront-elles à affronter les zones d'ombre de leur passé ?
Il y a quelques jours, j'ai voulu lire La vie secrète de Violet Grant, premier roman de la saga des sœurs Schuyler mais le côté très indépendant de Vivian m'a empêché de poursuivre ma lecture. Je n'avais à ce moment là pas la tête à lire une histoire comme celle-ci mais j'avais par contre très envie de découvrir l'histoire de Pepper, l'indomptable sœur Schuyler.
J'étais curieuse de savoir où allait mener la route que Pepper avait emprunté à la fin de l'été 1966, au volant d'une magnifique voiture retapée qu'elle a passé à Cape Cod auprès de sa sœur Tiny ( chronique Les lumières de Cape Cod ).
Pour fuir l'homme qui l'a mise en enceinte et qui exige qu'elle avorte, Pepper vend pour une somme vertigineuse la Mercedes qui l'a aidé à s'évader. L'acheteuse n'est autre que la grandiose violoncelliste, Annabelle Dommerich qui semble être très attachée à la voiture qu'elle vient d'acquérir.
Le passé d' Annabelle fait écho au présent de Pepper. Sur la réserve mais curieuse, Pepper va accepter la main tendue d' Annabelle qui lui propose de l'héberger dans sa maison au bord de l'océan.
C'est dans des chapitres tellement captivants qu'ils font ombrage à ceux consacrés à la dernière sœur Schuyler qu' Annabelle nous raconte son histoire.
Alors que la seconde guerre mondiale gronde au loin, la jeune femme qu'elle est alors va devoir apprendre à vivre avec son amour pour un homme juif et son mariage avec un nazi.
La seule issue qui va s'offrir à elle pour fuir cette vie tumultueuse va être la fuite au volant d'une Mercedes bleue, celle qu'elle a racheté à Pepper.
Beatriz Williams a écrit une sublime fresque littéraire que j'ai pris un plaisir immense à lire.
Véritable page-turner, La maison sur l'océan est un sublime roman porté par deux fortes femmes qui chacune à leur époque se sont battues pour ce en quoi elle croyait : la liberté de vivre comme elle l'entendait.
Une fois commencé, il m'a été impossible de reposer mon livre avant le chapitre final. Bien que très romancé, ce dernier clôt superbement l'histoire d' Annabelle et laisse présager une vie agréable pour Pepper.
La force de ce roman provient de la singulière écriture de l'auteure qui en quelques phrases m'a procurée toute une flopée d'émotions.
Haletant, passionnant, émouvant, La maison sur l'océan clôt prodigieusement la saga des sœurs Schuyler.
Lors de ma lecture, j'ai eu la surprise de retrouver des personnages qui avaient marqués de leur histoire les autres romans de Beatriz Williams. Ces petits clins-d'oeil m'ont donnés envie de m'y replonger pour mieux apprécier certains passages et pour encore plus en apprécier d'autres.
Je remercie Claire et les éditions Belfond pour cette merveilleuse lecture.
"La maison était petite et belle, une villa miniature nichée dans les falaises, faite de briques jaunes qui s'effritaient et surmontée d'un toit de tuiles rouges. Il y avait un petit ponton et un hangar à bateaux, ainsi qu'un escalier taillé directement dans la roche qui menait à la maison."