Libres pensées...
A Reykjavik, dans les années 1950, Helga et Sigvaldi s'aiment passionnément, et donnent naissance à une petite fille qu'ils nomment Asta, d'après le mot islandais signifiant Amour.
Mais la vie n'est pas tendre pour eux, et bientôt, leur couple se délite, la rupture s'annonce, et Asta connaît une enfance et une adolescence chaotique. Sa soeur se suicide, elle se retrouve elle-même marginale, et sur son chemin cabossé, elle croise Josef.
Je ne m'attendais au roman foisonnant livré par Stefansson. Un roman multiple, puisque l'on suit les parcours et les états d'âme d'Asta et de Sigvaldi, ceux d'Helga aussi, de ce qui les a séparés, des errances de l'existence, de leur solitude immense. Il y a, bien sûr, des drames banals qui pavent leur histoire, des disparitions précoces, des bouleversements tus, leur énergie et leur folie pour survivre. Un sentiment de tragique m'a happée à plusieurs reprises, tandis que les personnages se débattaient avec leur douleur et leur impuissance.
Il faut dire qu'Asta est un roman de vie, et si l'on y suit deux générations, le texte est unique dans sa manière d'aborder le cortège d'émotions de ses protagonistes, les rendant terriblement imparfaits et humains. Asta est de ces romans qui revendiquent l'incohérence des êtres, et qui n'a pas besoin de restituer des psychologies lisses parce que son parti pris est infiniment plus intéressant : donner à voir cet humain, et le donner à sentir. Le lecteur est frappé par ce sentiment d'authenticité, de vérité face à Asta et à ses proches, c'est d'ailleurs pour cette raison sans doute que le roman reste à l'esprit, hante, bien après avoir été refermé.
Asta m'a dispensé un choc littéraire, aussi ne vous étonnez pas si je vous reparle de Stefansson bientôt...
Pour vous si...
- Vous n'attendez pas d'un roman une construction méthodique et mécanique, et privilégiez les romans qui vous font ressentir une palette d'émotions profondes