Kelly Thompson reprend la destinée de Jessica Jones suite à la demande de Brian Michael Bendis.
Marvel Comics vient de lancer une nouvelle gamme de comics qui est publiée d'abord au format numérique avant de sortir directement en Trade Paperback. Après Cloak & Dagger, c'est au tour de la série Jessica Jones de revenir sous cette forme. Il s'agit d'une série que nous attendions puisque Kelly Thompson et Mattia De Iulis reprennent le flambeau des créateurs du personnage, Brian Michael Bendis et Michael Gaydos, une tâche pas si évidente.
La première apparition de Jessica Jones marque un tournant décisif dans l'histoire de Marvel Comics marquant un changement de ton et montrant la voie de l'éditeur sur la décennie qui a suivie. La série avait cette tonalité qu'on ne pouvait lire que sur les titres indépendants de l'époque et elle a aussi changé le fonctionnement du Marvel Universe en faisant côtoyer des personnages qu'on a rarement l'occasion de voir ensemble. Et c'était ça qu'on aimait dans la série de Bendis et Gaydos, au-delà du caractère très marqué du personnage, c'est cette sensation de découvrir la face cachée, plus urbaine de l'univers Marvel.
Le succès de Alias, puis de The Pulse et, enfin, de Jessica Jones, résidait essentiellement dans les dialogues de Bendis et sa capacité à nous plonger dans ce monde qui nous paraissait vraiment inconnu. Du coup, la tâche est plus dure pour Kelly Thompson qui doit essayer de garder la recette tout en gardant son style bien à elle.
L'intrigue est assez simple : Jessica Jones retrouve le cadavre d'une jeune femme dans son bureau mais, avant qu'elle puisse appeler la Police, celle-ci arrive sur les lieux du crime et l'arrête. Classique, mais les choses prennent une tournure très intéressante par la suite.
Thompson fait voyager son personnage au sein du Marvel Universe, elle va tour à tour se promener avec son mari, Luke Cage, discuter avec Matt Murdock ou Carol Danvers, recevoir Misty Knight et rendre une petite visite à Doctor Strange. Nous avons bien là la même recette que précédemment. Tout cela agrémenté de superbes dialogues avec une Jessica arrogante et super cool.
Mais Thompson ajoute des éléments intéressants à tout cela. Tout d'abord, elle travaille d'avantage la relation que Jessica entretient avec Luke. Ici, pas de conflit, elle montre un couple heureux, proche l'un·e de l'autre mais qui doit composer avec les défauts de chacun·e. C'est assez intéressant et cela ne dénature pas l'ambiance de la précédente série - même si les moments "couple" sont moins touchants. Ensuite, Thompson utilise le même artifice que sur Hawkeye à savoir l'analyse des personnages tiers par l'héroïne. Si Kate Bishop avait sa vision de faucon pointant les petits détails sur des grandes scènes, Jessica analyse avec son regard de détective privée chaque personnage pour mieux le cerner. Ça donne un côté fun à l'ensemble et donne l'ambiance sur le dialogue qui va suivre.
D'un point de vue dessins, le style de De Iulis change radicalement de celui Michael Gaydos, nous sommes plus proche du travail de David Marquez. C'est très propre, pas forcément régulier sur toutes les cases mais c'est très agréable et n'entache pas la narration, loin de là.
À noter que ce premier épisode contient en réalité deux chapitres, chacun équivalent à un épisode en fascicule. Du coup, le prix est forcément assez peu élevé vu la quantité de pages c'est plutôt une bonne affaire comparé à ce qui sort en papier.