Libres pensées...
Eleanor Oliphant est une femme peu ordinaire. Misanthrope affichée, elle ne s’encombre ni de bonnes manières ni de tact, et mène sa vie comme bon lui semble, dans le confort d’une routine bien établie à l’écart des conventions sociales et de ses pairs. Son quotidien suit un schéma cartésien, qui la mène de chez elle au travail, une agence de design où elle est en charge de la comptabilité, et enfin au supermarché où elle achète la précieuse vodka en compagnie de laquelle elle passe ses samedi soirs. Un rendez-vous hebdomadaire régule ses semaines, ses discussions téléphoniques avec sa mère, une femme à la personnalité vorace qui ne cache pas les faibles attentes qu’elle a envers sa fille, et les déceptions qu’elle nourrit.
Mais tout bascule le jour où Eleanor tombe sous le charme du chanteur d’un groupe de rock en vogue, et décide de se consacrer à un projet : le séduire.
Son chemin est semé d’embûches, mais elle peut compter sur Raymond, un collègue d’abord jugé envahissant avec lequel elle vient en aide à un vieux monsieur renversé par une voiture, et auquel elle s’habitue peu à peu.
Ce roman à l’abord humoristique cache quelques surprises, et c’est ce qui en fait le cachet. Nous commençons par rencontrer Eleanor, la protagoniste, qui a les traits d’une anti-héroïne assumée, et dont les maigres facultés sociales nous frappent d’emblée : l’observer dans la moindre interaction sociale devient rapidement un péché mignon, tant elle se montre franchement décalée. Sa mère, elle, nous fait moins rire : c’est une femme capricieuse, méchante, imbue d’elle-même, et l’on comprend qu’Eleanor vit complètement sous son emprise, renforcée à chaque nouveau coup de téléphone.
Puis, interviennent deux événements : la décision d’Eleanor de partir à la conquête d’un chanteur de rock, et la rencontre de Sammy, un vieil homme qu’elle secourt avec l’aide de Raymond, un collègue auquel elle n’avait jamais prêté attention.
Sa vie commence alors à prendre une drôle de tournure, Eleanor troquant sa solitude pour de nouvelles expériences. A mesure qu’elle s’achemine hors de ses sentiers battus, on est pris d’un étrange pressentiment, et l’on en vient à voir Eleanor sous un jour nouveau.
Les péripéties se succèdent, et l’on s’attache véritablement à Eleanor, car il y a une tendresse dans l’écriture de l’auteur, et les éléments peu à peu révélés nourrissent une indulgence, avant de créer un trouble plus profond, à la limite de l’effroi.
J’ai été conquise par ce roman bien mené, à l’écriture fluide, au ton drolatique et aux sujets parfois graves qu’il aborde, mine de rien. Pour finir, c’est un pincement au cœur que j’ai dû dire au revoir à Eleanor et Raymond.
Pour vous si...
- Vous savourez l’humour anglais
- Vous aimez dévoiler ce que cachent les apparences, car vous savez qu’elles sont trompeuses