Toutes les mers
Michèle STANDJOFSKI
Editions Des Ronds dans l'O, 18 janvier 2017
Thèmes : Famille, histoire(s), migrations, multiculturalisme, autobiographie, transmission, filiation
A nouveau, c'est grâce aux " Bulleurs du mercredi ", que j'ai découvert cet album, dont la couverture est magnifique. Merci !
Dans ce récit auto et biographique, Michèle Standjofski se raconte, elle-même et sa famille avec.
Cela commence par une conversation entre sa mère et elle.
Elles s'échangent des photos, des objets, des anecdotes, des souvenirs sur les uns ou les autres.
Et entre ces pages de dialogue, se trouvent plusieurs autres qui retranscrivent les vies de ses aïeux, jusqu'à elle.
Ses arrières-grands-parents, ses grands-parents, ses parents d'abord, puis dans une seconde partie, elle-même, à différents moments de sa vie.
Des origines italiennes, françaises, russes, turques, polonaises, des guerres, des fuites et des départs, des vies vécues à Istanbul, à Moscou, et surtout à Beyrouth, au Liban.
Une ville choisie, une ville cosmopolite, hybride, plurielle, aussi accueillante que repoussante.
Michèle Standjofski nous dessine son enfance heureuse, riche de différences pas toujours faciles à assumer, avant d'être acceptées et même enrichies.
J'ai tendance à considérer toutes ces petites différences comme un privilège, une singularité que je cultive.
Je me la joue " J'suis pas d'ici ", c'est mon snobisme à moi.
Elle nous décrit l'étrange vie qu'on y mène là-bas, mais aussi un monde, une époque, un entre-deux, en temps de guerre, les études, la pratique du dessin, la cuisine aux multiples saveurs, les différentes langues parlées et emmêlées, son engagement auprès de la Croix-Rouge, les discothèques, ses goûts musicaux, vestimentaires, littéraires aux saveurs occidentales, ses amis aux origines aussi diverses que les siennes.
Les dessins de Michèle Standjofski sont superbes.
Réalisés aux crayons de couleurs et crayons gras, les couleurs sont vives, vibrantes, et dégagent beaucoup de fraîcheur, de spontanéité, de texture même.
Un détail que j'aime beaucoup : les cases de sa vie sont réalisées à main levée, alors que celles de sa famille, sont tracées à la règle, droites, rectilignes.
Ce récit de filiation, de mémoire et de quête identitaire, est une déclaration d'amour pour sa famille et sa ville, Beyrouth.
"Leurs efforts d'adaptation sont comme des strates, des couches superposées qui renforcent mon attachement à cette ville.
Comme beaucoup de Libanais, je vis à cheval entre deux mondes.
Et je me construis des passerelles."
Bien qu'autobiographique, chacun peut se reconnaître dans ce roman graphique, humain, ouvert et tolérant.
A partir de son histoire personnelle et familiale, Michèle Standjofski raconte une histoire de personnes, de pays, de migrations, d'échanges, de multiculturalisme, d'entraide, d'accueil et d'amour.
Une histoire que l'on aimerait voir se répéter ici et ailleurs.
Un coup de cœur
Ce roman graphique participe au RDV " BD de la semaine " qui se passe aujourd'hui chez Stephie (Retrouvez-y toutes les participations du jour - CLIC) ; au " Petit Bac 2018 " d'Enna pour ma 10 e ligne, catégorie Couleur ; ainsi qu'à l'" Objectf PAL " d'Antigone.
Découvrez aussi l'avis de Mo';