Viralata, le fils du caïman (Sébastien Acacia)

Par Gabrielleviszs @ShadowOfAngels

Disponible sur Amazon

Auteur : Sébastien Acacia

Edition : Auto-édité

Paru le : 06 Septembre 2018

242 pages papier

Thème : Contemporain

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 Résumé :

« Chimio, hôpitaux, médecins… Un quotidien que Martin ne connait que trop bien. Dans quelques semaines, un mois peut-être, son passage dans ce monde touchera à sa fin. Comment supporter cette idée d’abandonner son fils, Antonin, atteint d’un autisme sévère, aux seuls bras épuisés de sa maman ? Comment ne pas regretter de ne jamais lui avoir offert un frère ou une sœur sur qui compter sa vie durant ?
Ces questions le torturent, jusqu’au jour où…
Jusqu’au jour où un mystérieux message parvient à Martin : il aurait eu un autre enfant de son tout premier amour lors d’une précédente vie au Brésil, 18 ans auparavant.
Coup de sang ou conquête de la dernière chance, Martin se lance dans une folle course contre la montre et part à sa recherche en Amazonie, espérant quitter ce monde le cœur en paix.
»

18/20

Je remercie Thomas Guibé ainsi que l'auteur Sébastien Acacia pour m'avoir proposé de découvrir Viralata. Ce qui m'a d'abord intrigué c'est la couverture, puis le résumé. Cela promettait bon nombre d'émotions.

« La mort véritable, c'est quand on cesse de poursuivre ses rêves »

Martin a fait une rechute. Le cancer est revenu, plus fort, plus virulent. I lui reste peu de temps à vivre. Il aime sa femme plus que tout et leur fils, Antonin. Ce dernier a douze ans, autiste. Le seul regret qu'à Martin, c'est de ne pas avoir eu un autre enfant avec Anne. Elle a eu peur qu'un autre enfant soit comme Antonin. La chance ? Peut-être, mais un message sur messenger lui fait prendre conscience qu'il a eu un fils, avant de rencontrer sa femme actuelle, avec Marcia, au Brésil. Il décide de partir et de risquer le tout pour le tout pour le retrouver, afin que son enfant est enfin ce frère qu'il aurait tant voulu.

Le dernier voyage d'un homme qui ne veut que le bonheur de sa famille. Mourir auprès d'eux ou terminer en retrouvant une chimère. Car le peu de détails qu'il a est vraiment infime. Et si ce n'était qu'un simple rêve ? Marcia a bien vécu au brésil, il y a 18 ans. Elle a eu une relation avec Martin, forte, indestructible, ou presque. Elle a disparu du jour au lendemain sans laisser de traces. Le temps aidant, Martin a refait sa vie au Brésil. À la naissance d'Antonin, quelques complications apparaissent. Le petit semble peu éveillé, il a du mal à faire pareil que les autres. Et puis le diagnostic tombe : il a une des formes d'autismes. Le brésil n'est pas le meilleur pays pour lui, il lui faut des soins adaptés. Martin et Anne retourne en France. Douze années ont passé, douze années où il y a eu des hauts et des bas.

« - Ben quoi ? N'est-ce pas sain de reconnaître qu'on puisse avoir de terribles pensées, même quand il s'agit de son propre enfant ? Et du point de vue philosophique, je ne vois aucun problème à soulever l'hypothèse, à réfléchir à cette question. N'était-ce pas Nietzsche qui disait que la comparaison contrarie en tout la grande loi de l'évolution ? Qu'elle préserve ce qui est mûr pour périr, donnant à la vie même un aspect sinistre et équivoque. en tant que biologistes évolutionnistes, je ne vois pas en quoi cette approche est choquante. Mais je vous rassure, docteur, quand Antonin pose ses petites mains sur mon visage, qu'il me serre dans ses bras, qu'il pose sur moi ce regard si doux et aimant, qu'il vient nous rejoindre dans notre lit le matin pour se blottir dans nos bras ou qu'il s'endort sur moi, je me moque bien de toutes ces considérations théoriques. »

C'est un livre qui parle de combat : contre la maladie, contre le désespoir, contre soi-même. L'auteur y met beaucoup d'émotions. Le prologue est le début de sa vie, lorsqu'il voit son propre fils qui n'est pas comme les autres. Sébastien Acacia a complètement changé de vie pour s'occuper de son fils. On sent tout l'amour qu'il a pour lui. Ce livre est un peu (beaucoup) de lui. Les contraintes qui existent lorsque son enfant n'est pas capable d'effectuer des gestes comme la plupart des autres enfants. Mais également la joie lorsqu'il se laisse approcher, lorsqu'il montre qu'il vous aime. Des petits moments de bonheur qu'il faut savoir savourer, sachant qu'ils ne dureront peut-être pas. Un enfant ne comprends pas toujours, il faut savoir lui expliquer ce qui n'est pas toujours évident.

Le personnage de Martin prend sa décision sur un coup de tête. Il ne préviens pas sa femme et prend un billet pour le Brésil. Ce voyage il sait que ce sera le dernier, celui de retrouver cet hypothétique fils qui serait déjà majeur. Par chance, il retrouve ses amis d'avant, ceux qui ne l'ont pas revu depuis douze ans. Des messages échangés, mais rien de très concret. Pourtant entre eux il y a toujours cette solidarité. Ils sont tous prêts à l'aider et apprennent que l'issue de Martin est sans retour. Pourtant ils ne s'apitoient pas, ils ne cherchent pas à le contredire, il doit aller jusqu'au bout.

Nous le suivons dans ses souvenirs, découvrons un pays par ces couleurs, mais aussi par la misère. Nous voyons souvent le Brésil par son côté festif, mais il y a l'envers du décor. Martin est un homme qui ne rechigne devant rien. Aider par ces médicaments, il traverse le Brésil pour découvrir la vie de son fils Julio. Marcia a bien eu un enfant, mais en ayant la même particularité que Martin au niveau de ses yeux, il a été "maudit", rejeté. Sa mère, sa grand-mère ont fait ce qu'ils ont pu, mais il a dû quitter leur peuple. Un périple qui n'est pas simple pour un homme mourant. Il ne lui restait plus qu'un à deux mois avant d'arriver au Brésil. Les jours défilent, l'angoisse montent. Va-t-il réussir à le retrouver ? Du départ, on sait qu'il l'a retrouvé, mais où ? comment ? Beaucoup de questions se posent au fur et à mesure de la lecture et toutes sont répondues.

« Martin resta un moment allongé sur le dos à se torturer l'esprit, réfléchir, questionner ses propres motivations, ses peurs, ses rêves, ses choix. Que se passe-t-il derrière chaque acte, chaque décision prise ? Et si le vieil homme avait raison ? Et si ses choix le conduisaient à la plus terrible des fins qui soit ? Seul, loin de ceux qu'il aime. Il n'était pas trop tard. Il pouvait repartir à Manaus et prendre un vol pour la France, retrouver les bras d'Anne et de son petit Antonin et mourir en paix. Pourquoi cette simple idée normalement vouée à s'imposer comme la seule bonne décision ne parvenait-elle pas à remporter cette bataille décisive ?

L'espoir ! Rien en ce monde ne peut prétendre au vrai ou au faux, rien ne peut surpasser la folle espérance d'un jour voir se réaliser ses désirs les plus ardents. »

Il y a bien sur Anne que l'on voit de temps en temps, mais Frank l'ami précieux de Martin qui répond présent et qui ne regarde pas à la dépense, l'obligeant à se bouger. Ce que nous dévoile Olinda montre un pays qui vit de tout : drogue, viol, vente de femmes, trafics en tout genre. La vie est rude, mais il y a cette petite parcelle d'espoir qui brille. Weena, une employée de l'hôtel où il séjourne qui prend soin de lui, tout comme Djuena, cette femme qui va l'accompagner durant un bon moment. Djuena est tel un ange gardien. Aucun mépris, aucune pitié, elle est à ses côtés sachant obstinément ce qui risque de se produire. Des obstacles, il en a. On espère un miracle, on espère jusqu'au bout CE miracle qui le fera le retrouver à temps.

En conclusion, une belle histoire sur le dernier rêve d'un homme qui ne veut pas quitter cette terre sans trouver une famille pour son fils. Un voyage au travers du Brésil (et ailleurs) : au sein de sa forêt, avec ses croyances, ses légendes qui ne sont pas forcément saines pour tous et tout ce qui va avec.