Éditions Le livre de poche, 2016 (281 pages)
Ma note : 15/20Quatrième de couverture ...
La porte de la chambre fermée à clef "de l'intérieur", les volets de l'unique fenêtre fermés, eux aussi, "de l'intérieur", pas de cheminée...
Qui a tenté de tuer Mlle Stangerson et, surtout, par où l'assassin a-t-il pu quitter la chambre jaune ? C'est le jeune reporter Rouletabille, limier surdoué et raisonnant par "le bon bout de la raison, ce bon bout que l'on reconnaît à ce que rien ne peut le faire craquer", qui va trouver la solution de cet affolant problème, au terme d'une enquête fertile en aventures et en rebondissements.
Tenant en haleine le lecteur de la première à la dernière page, Le mystère de la chambre jaune est devenu un classique du roman criminel.
La première phrase
" Ce n'est pas sans une certaine émotion que je commence à raconter ici les aventures extraordinaires de Joseph Rouletabille. "
Mon avis ...
Courant 2016, deux énormes coups de cœur marquaient ma vie de lectrice : La poupée sanglante ainsi que sa suite, La machine à assassiner. Inutile de vous dire que mon envie de découvrir les autres écrits de Gaston Leroux est toujours d'actualité. Le mystère de la chambre jaune (1907) est un grand classique du roman policier et, étrangement, à presque trente ans, je ne l'avais jusqu'ici toujours pas lu. J'ai d'autant plus souhaité m'offrir ce livre en apprenant qu'il avait tenu une grande place dans la vie d'Agatha Christie. Si le coup de cœur tant attendu n'a malheureusement pas été au rendez-vous cette fois-ci, j'ai malgré tout passé un bon moment.
Château du Glandier. Alors que Mathilde Stangerson, la fille d'un éminent physicien, est entre la vie et la mort, un reporter âgé tout juste de dix-huit ans (notre fameux Rouletabille) espère bien lever le voile sur le mystère de la chambre jaune, pièce dans laquelle Mlle Stangerson a été agressée. Il réussit à pénétrer le domaine, et à gagner la confiance de Robert Darzac, fiancée de la victime, grâce à une simple phrase aussi étrange qu'énigmatique : "Le presbytère n'a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat ". Or Frédéric Larsan, enquêteur de la police française, est déjà sur les lieux. Une compétition féroce s'engage alors entre les deux hommes pour espérer découvrir, le premier, le fin mot de l'histoire.
J'apprécie beaucoup le ton suranné qui se dégage des écrits de Gaston Leroux. J'ai alors toujours le ressenti de pouvoir voyager dans le temps, de pouvoir toucher du bout des doigts le phrasé, le quotidien qui étaient d'actualité au début du XXe siècle. C'est toujours pour moi une expérience on ne peut plus passionnante ! Joseph Rouletabille est un jeune homme bavard, original, sûr de lui, qui n'a pas froid aux yeux. En faisant ici sa rencontre, je n'ai pu m'empêcher de penser au Tintin d'Hergé (qui lui aussi est un très jeune journaliste). J'ai apprécié réfléchir à ses côtés, même si je ne l'ai pas trouvé spécialement très attachant. Si je n'ai pas ressenti le coup de cœur tant espéré, c'est aussi peut-être parce que j'ai mis un peu de temps à entrer dans le roman. Heureusement, j'étais tellement impatiente de découvrir le secret de l'énigme (une fois celle-ci bien lancée) et d'en apprendre davantage sur ce que souhaitait nous cacher Mathilde Stangerson, que j'ai avancé plutôt rapidement dans ma lecture.
Du côté du dénouement, celui-ci se montre intelligent et bien pensé. Je n'ai pas été surprise plus que ça par l'identité du (de la) coupable, car j'avais plus ou moins déjà soupçonné ce personnage au cours de l'intrigue. Pour autant, pour ce qui est du mobile, du déroulé de l'agression dans la chambre, j'étais totalement à côté de la plaque. Rouletabille est lui aussi un protagoniste qui semble cacher quelques secrets... Je lirai donc avec joie, d'ici quelques temps, Le parfum de la dame en noir.
Extraits ...
" La nuit dernière, nuit du 29-30 octobre, écrit Joseph Rouletabille, je me réveille vers une heure du matin. Insomnie ou bruit du dehors ? Le cri de la "Bête du Bon Dieu " retentit avec une résonance sinistre au fond du parc. Je me lève ; j'ouvre a fenêtre. Vent froid et pluie ; ténèbres opaques, silence. Je referme ma fenêtre. La nuit est encore déchirée par la bizarre clameur. Je passe rapidement un pantalon, un veston. Il fait un temps à ne pas mettre un chat dehors ; qui donc, cette nuit, imite, si près du château, le miaulement du chat de la mère Agenoux ? Je prends un gros gourdin, la seule arme dont je dispose, et, sans faire aucun bruit, j'ouvre ma porte. "