Un thriller glaçant : Sur ma peau de Gillian Flynn

Par Marine Et Camille @puydeslivres

Sur ma peau de Gillian Flynn

Editions Le Livre de Poche

La ville de Wind gap dans le Missouri est sous le choc : une petite fille a disparu. Déjà l'été dernier, une enfant avait été sauvagement assassinée... Une jeune journaliste, Camille Preak, se rend sur place pour couvrir l'affaire. Elle-même a grandi à Wind gap. Mais pour Camille, retourner à Wind gap, c'est réveiller de douloureux souvenirs. À l'adolescence, incapable de supporter la folie de sa mère, camille a gravé sur sa peau les souffrances qu'elle n'a pu exprimer. Son corps n'est qu'un entrelacs de cicatrices... On retrouve bientôt le cadavre de la fillette. Très vite, Camille comprend qu'elle doit puiser en elle la force d'affronter la tragédie de son enfance si elle veut découvrir la vérité...


Après Les apparences, c'est avec son roman Sur ma peau que Gillian Flynn m'a emporté dans une lecture noire à l'ambiance profondément malsaine. Peu de livres ont eu ce pouvoir sur moi et sans apprécier énormément ce sentiment, je dois reconnaître l'immense talent que possède l'auteure pour procurer autant d'effroi à ses lecteurs.
Pour Camille, Wind Gap est la bourgade qui a été témoin des souvenirs douloureux de son enfance et de ses frasques adolescentes. Après plus de huit ans d'absence, elle va devoir se confronter à sa mère et apprendre à lutter contre ses démons. Journaliste sans grande envergure, elle va couvrir un tragique événement. Une petite fille est retrouvée morte en plein cœur de ville. Quelques mois plus tôt, une autre enfant a été découverte dans des conditions similaires.
En frappant aux portes pour obtenir des témoignages pour écrire ses papiers, Camille va affronter la cruauté des uns, le détachement des autres et la pression pas si silencieuse qu'il n'y paraît de certains.
L'atmosphère pesante qui règne sur l'histoire prend corps avec les mots incisifs de Gillian Flynn. Nul besoin d'une avalanche de détails et de rebondissements pour comprendre que se qui se cache derrière les drames et le passé de la journaliste est horrifique. En progressant dans ma lecture, j'ai eu l'impression d'étouffer face aux révélations qui étaient faites. Ce sentiment d'oppression m'a procuré frissons et effrois,ce que je recherche dans les thrillers que je lis. Pour autant, ça n'a pas effacé certains faits qui ont donné à ma lecture un petit côté doucereux non nécessaire mais qui en définitive n'ont en rien gâché mon impression finale.
L'écriture de Gillian Flynn ne révèle pas uniquement son talent en dépeignant une ambiance pleine de noirceur. Ses personnages ne sont pas épargnés par le tranchant de ses mots. Celui de Camille est à vif, bien loin de l'icône féminine. Noyée sous un amas de tissus, son corps ne laisse rien transparaître de sa beauté passée. Ses pensées, elle les ensevelie sous des verres d'alcool en prenant soin de ne pas basculer dans l'ivresse. Elle tâtonne au jour le jour pour progresser dans cette vie qu'elle traîne comme un fardeau.
Difficilement attachante, elle ne m'en a pas moins inspirée de l'empathie face à l'adversité qui s'abat sur elle depuis son plus jeune âge.
Il semblerait que Sharp Objects, la série inspirée du roman de Gillian Flynn soit aussi engageante que le livre. Je vais m'empresser de mettre des images sur les mots saisissants de ce livre noir qui m'a tenue recluse toute une après-midi.
C'est à votre tour de me donner vos impressions.
Ce roman vous a t-il laissé ce voile de noirceur qui plusieurs heures après la fin de ma lecture continue de me coller à la peau ? Qui a eu votre préférence, la série ou le livre ?

"Je me coupe, voyez-vous. Je me taillade la peau. Je l'incise. Je la creuse. Je la troue. Je suis un cas très particulier. Je n'agis pas ainsi sans raison : ma peau hurle. Elle est couverte de mots - cuire, bonbon, minou, boucles -, comme si un élève de cours préparatoire avait appris à écrire sur ma chair avec un canif. Parfois - parfois seulement - j'éclate de rire. Quand je sors de la baignoire et que, du coin de l'œil, j'aperçois sur le flan d'un mollet ; "babydoll". Quand j'enfile un pull et que soudain, "nocive" flashe sur mon poignet. Pourquoi ces mots-là en particulier? Des milliers d'heures de thérapie ont inspiré quelques idées à de brillants cliniciens. Il s'agit souvent de mots à connotation féminine. Ou bien négative. J'ai gravé sur ma peau un certain nombre de synonymes pour "anxieux" : onze en tout. Tout ce que je sais, c'est que, sur le moment, c'était crucial de voir ces lettres sur moi - et pas simplement de les voir, mais de les sentir, aussi. Comme cette brûlure sur ma hanche gauche : jupon."