Batman: Damned #1

DC Comics inaugure son nouveau label destiné à un public mature, Black Label, qui a pour but de raconter des histoires sombres des super-héros et super-héroïnes de l'éditeur mais à destination des adultes. Forcément, Batman est celui qui lance le label avec une histoire inédite que nous a concocté le duo Brian Azzarello et Lee Bermejo dans une mini-série intitulée Batman: Damned.

Ces derniers temps, les choses les plus excitantes que DC Comics a annoncé ne sont liées à son univers principal mais plutôt à ses imprints, à savoir Vertigo, Jinxworld et, le tout fraîchement né, Black Label. Il faut dire que pour ce dernier, l'éditeur met le paquet en appelant Brian Azzarello, Frank Miller, Greg Rucka ou, encore, Geoff Johns.

Ce que je craignais tout de même était que nous tombions dans le grim'n gritty pour adolescents, des histoires faussement sombres avec des personnages sans reliefs et des thèmes sulfureux mais jamais exploités. D'un autre côté, vue le pedigree des auteurs et autrices, et si ils et elles ont bien carte blanche comme le prétend l'éditorial de DC, alors la promesse devrait être tenue.

En tout cas, Batman: Damned est bel et bien une oeuvre mature avec une ambiance sombre mais qui ne tombe pas dans une quelconque forme de gratuité... Sauf peut-être l'apparition de du pénis de Bruce Wayne (uniquement sur la version papier) mais, personnellement, j'apprécie cette intention de montrer des choses habituellement tabous plutôt qu'une énième femme déshabillée pour faire adulte.

L'histoire, hors-continuité, nous montre Batman qui se réveille partiellement amnésique. Il découvre alors que le Joker est mort, il s'en va donc enquêter sur cette mort.

Même si le pitch et le début de l'épisode semblent classiques - d'autant plus qu'on nous remémore la mort des parents Wayne, Azzarello et Bermejo ont pour ambition de déstabiliser le personnage, le fragiliser avant de le mettre face à une réalité qui le dépasse, celle du monde magique. Ainsi Constantine, Zatanna et Deadman s'invitent dans les pages et cela apporte un aspect fantastique plus proche des nouvelles d'Edgar Poe que des comics de super-héros habituels.

Pendant tout l'épisode, le Chevalier Noir est hanté par tout ce qui a fait de lui un mythe : la mort de ses parents, le costume et, même la chauve-souris. Azzarello et Bermejo le mettent face à ses symboles de sa mythologie et le torture avec. Ce que j'apprécie d'autant plus, c'est que cette symbolique est placée de manière sobre, les textes étant plutôt concis ne dénaturant jamais l'ambiance posée.Il y a une véritable maîtrise de la narration de la part des auteurs.

Batman: Damned #1