Honnêtement j’ai eu peur. Le handicapé, la SDF, les bons sentiments qui risquaient de dégouliner à chaque page et rendre mes doigts collants de sucre et de miel, bonjour l’angoisse ! Heureusement, Éric Sanvoisin n’est pas un perdreau de l’année. Il a suffisamment de bouteille pour éviter les écueils d’une bienveillance caricaturale.
D’abord il choisit une narration tout sauf linéaire en offrant successivement, pour une même scène, les points de vue de Yaëlle, Pierrot et La Dame. Un choix formel intéressant pour mettre en perspective le fait que chacun ressente différemment un événement vécu en commun. Ensuite, et c’est de loin le plus remarquable, il trouve les mots justes pour exprimer les pensées de Pierrot. Enfin, il a le bon goût de ne pas clore son histoire avec le happy-end attendu, un point aussi rare que positif, surtout en littérature jeunesse.
Un très joli texte, intelligemment mené et d’une touchante humanité.
À la belle étoile d’Éric Sanvoisin. Le muscadier, 2018. 76 pages. 9,50 euros. A partir de 12 ans.
Une nouvelle pépite jeunesse partagée avec Noukette