L’empire électrique par Victor Fleury

Par Elhyandra @Elhyandra51

Editions Bragelonne

Collection Steampunk

Ebook

Paru en 2017

Quatrième de couv’ :

Dans un xixe siècle uchronique, la France domine le monde, les troupes napoléoniennes armées par la science voltaïque garantissant la paix de l’Empire. Dans cet hommage au roman populaire et à l’anticipation, des héros littéraires vivent des aventures bien différentes de celles qui les ont fait connaître.
Accompagnez Sherlock Holmes, le capitaine Nemo, Gavroche, Zorro, Watson ou encore Frankenstein dans leur lutte pour la liberté et la vérité. Et sur les pas de Jules Verne, de Conan Doyle ou encore de Victor Hugo, plongez dans les ombres de l’Empire Électrique !

Mon avis :

Avant dernier livre de la sélection du Prix Hellfest Inferno 2018, voilà mon avis sur ce recueil de novellas :

  • Napoléon et sa descendance, maîtres du monde :

Toutes les nouvelles se déroulent dans un monde Voltapunk comme le désigne l’auteur, c’est-à-dire que toute la technologie de ce monde fonctionne à l’électricité, celle découverte par Victor Frankenstein et ses confrères. L’Empire Electrique est fondé sur cette technologie et on suivra pléthore de personnages classiques de la littérature du XIXè siècle ou ayant existé à cette époque.

On démarre avec le non moins fameux Sherlock Holmes, je vous le dis tout de suite c’est ma novella préférée, j’étais autant sur le cul face à toutes ses déductions que les personnages qui l’écoutaient. Dans Le gambit du détective, on se trouve en avril 1886, le capitaine Edmond Gérard, hussard impérial de l’empire français, est en mission en Ecosse, il réceptionne un bagnard qui était emprisonné depuis 10 ans à La Graciosa pour cause d’activités nationalistes, ce bagnard n’est autre que notre grand détective anglais. La cause de sa libération ? Un terroriste insaisissable appelé Narcisse a volé l’identité d’un gouverneur pendant un mois puis un collier d’émeraude au sein du château d’Edimbourg. Une enquête menée tambour battant et une fin totalement imprévue. Watson et Moriarty seront rapidement évoqués sans plus mais j’ai apprécié les clins d’oeil.

Vient le tour de la novella intitulée Les légataires de Prométhée, qui se déroule sur deux temporalité. On démarre en décembre 1887 avec un homme retrouvé errant dans le désert du Sahara par des artilleurs Algériens, son identité ? Marc Frankenstein, il raconte son aventure, retour en septembre 1887. Marc Frankenstein vit près de Lyon, la capitale de l’Empire, il est le médecin des grands de ce monde, il pratique la médecine voltaïque qui rajeunit…mais pas sans séquelles intellectuelles….On rencontre une Sissi totalement frappée qui a une drôle d’obsession pour ses fesses…l’Empereur Napoléon II bénéficie également d’une longévité accrue grâce à cette médecine ce qui va causer la chute du bon docteur. L’Inspecteur général de la Sureté impériale, Frédéric Larsan (Le Mystère de la chambre jaune – Gaston Leroux), vient arrêter M.F. sur ordre d’Auguste-Napoléon Bonaparte qui aimerait bien régner à la place de l’ancêtre ^^ il est donc jeté dans un puit de ténèbres, en compagnie d’un cinglé cannibale et du Monstre. Marc entrevoit donc ce qu’il désespérait de trouver dans les notes de son grand-père et c’est une course contre la montre (ou plutôt la faim du cannibale) pour trouver la solution et qu’ils s’échappent tous. J’ai beaucoup aimé le personnage de Sissi qui m’amuse beaucoup et du Monstre super gentil et humain.

Ensuite, on enchaine avec Les masques du bayou, en juillet 1864. On est depuis 2 mois en pleine guerre de Sécession, notre premier héros Benjamin Freeman sergent noir de la 18ème division est envoyé au massacre avec ses camarades, le Baron Samedi s’incarne dans son corps pour chercher vengeance. On se télescope ensuite en février 1887 avec Zorro/Don Diego de la Vega. Il sévit à la Nouvelle-Orléans en temps que Zorro de 70 ans grâce à un exosquelette voltaïque lui permettant d’avoir les réflexes et les compétences de ses 20 ans (et il y a toujours Tornado ^^), il utilise le Vicomte de Bonneton pour intercepter les messages du colonel Thomas Sawyer (Les aventures de Tom Sawyer – Mark Twain) surnommé Slayer Sawyer, boucher raciste qui fait régner la terreur dans les exploitations chez les esclaves noirs. En tant que Don Diego de la Vega, il est ambassadeur plénipotentiaire de la République de Californie à la Cour de Louisiane. On fait également la connaissance de Daniel Robitaille (film d’horreur de 1992 intitulé Candyman inspiré du livre The Forbidden – Clive Barker) qui est un peintre noir à la Nouvelle-Versailles à une époque où seuls les domestiques noirs sont autorisés à la Cour habituellement, il doit son statut à son seul talent mais sa naïveté va se révéler extrêmement délétère. Philippe VII se laisse amadouer par de mauvais conseillers malgré les efforts de Don Diego qui tente de garder la neutralité de la Louisiane face au conflit entre Etats confédérés et Yankees qui dure depuis 25 ans. Je regrette de ne pas voir plus le Baron Samedi.

  • Citation :

Le Californien se retint de répliquer à chaud, et chercha une façon plus pédagogique de fléchir le roi :

– Partout dans le monde, la criminalité naît de la misère et de l’absence d’éducation, et ce, quel que soit le peuple marqué par ces fléaux.

On poursuit notre périple avec Comment je me suis évadé du bagne, cette fois-ci on est en Australie en janvier 1888. Gavroche Thénardier et Euphrasie Fauchelevent dite Cosette (Les Misérables – Victor Hugo), sont traqués par des mercenaires et les soldats à la solde de Frédéric Larsan, ce sont des révolutionnaires qui avait été déportés sur ce continent mais finalement l’Empire ne cesse de s’agrandir et plus aucun territoire n’est libre. Ils sont enfermés au bagne Vidocq appelé Gueule de l’Enfer et il est dirigé par une intelligence artificielle nommé Mr le Duc ou Mr le Directeur, rien n’échappe à sa vigilance mais Gavroche n’a qu’une obsession, sortir de cet enfer et surtout sauver Cosette. Il va conspirer avec plusieurs détenus pour échafauder un plan d’action, se joindront à lui Jean Passepartout (Le Tour du monde en 80 jours – Jules Vernes), arrêté en novembre 1872 car son maître était soupçonné d’avoir effectué un cambriolage, malgré la défense qui disait que cette méthode ne pouvait venir que d’un grand malfrat appelé Ballmeyer, J.P fut condamné mais il se doute que c’est un complot politique, le deuxième détenu est Etienne Lantier (Germinal – Emile Zola) qui est un ouvrier syndiqué qui appelait à la grève et au soulèvement du peuple, arrêté en mars 1879. Le jeune chef de la secte Khlysts surnommé le Christ d’Australie est notre 3ème détenu, Grigori Efimovitch Raspoutine, arrêté en novembre 1887 et le mafieux Fu Manchu (personnage de fiction inventé en 1912 par Sax Rohmer) qui dirige une Triade chinoise, qui s’est lui-même dénoncé à la police pour entrer dans le bagne, arrêté en 1886. Le jour de l’évasion arrive le 25 avril 1888 et cette fin….je ne m’y attendais pas du tout et même si j’ai trouvé le temps long dans cette novella ça s’accélère pas mal et j’ai apprécié d’être surprise.

On est presque arrivé, courage ^^. Dans Les éventreurs, petit saut dans le temps en 1883 et la fin de Ballmeyer, criminel notoire, qui compte devenir quelqu’un d’important, Frédéric Larsan. Il abandonne donc dans un puit de ténèbres, son acolyte Jack, qui aime beaucoup trop torturer et mutiler…On revient donc en septembre 1888 à Lyon, Capitale de l’Empire Electrique où arrive le Dr Watson. Il est récupéré à la gare par le Dr Abraham Van Helsing (Dracula – Bram Stocker), doyen de la Faculté impériale, spécialiste des maladies sanguines. John H. Watson vient à Lyon dans l’espoir d’obtenir la chaire de chirurgie de guerre qui vient de se libérer mais il n’a pas été prévenu que les médecins français seraient prioritaires et les médecins étrangers devront attendre octobre pour se présenter il se trouve donc une chambre dans un petit hôtel crasseux et tombe sur le cadavre mutilé d’Annie Bonhomme, prostituée, en allant aux toilettes. Soupçonné par la police à cause de son statut de médecin il sera aidé par un étrange adolescent, Raoul d’Andrésy (Arsène Lupin, gentleman cambrioleur – Maurice Leblanc) qui se passionne pour l’affaire et mène sa propre enquête dans les bas-fond de Lyon. Se battre contre les puissants et perdu d’avance, j’ai beaucoup aimé le côté magouille politique et surtout d’avoir un peu de Jack l’éventreur même si pas suffisamment à mon goût.

Le petit dernier s’intitule A la poursuite du Nautilus. Ce texte nous est rapporté sous forme de journal de bord du 1er lieutenant Abélard Justinien et de Robert Lavarède alias Zéro entre mars 1890 et mai 1890. Ils sont enrôlés à bord du bathyscaphe (sous-marin/bateau submersible) appelé le Léviathan et partent traquer le Capitaine Némo (20 000 lieues sous les mers – Jules Verne), pirate indien, criminel multirécidiviste et son fameux Nautilus. Abélard cherche à se venger de Némo mais certains officiers du Léviathan ont un comportement assez suspect et c’est une novella façon suspense en huis-clos qui nous est servi avec un bon gros twist.

En bref, j’ai plutôt bien aimé ce recueil de novellas surtout l’ouverture avec Sherlock Holmes qui est bluffant. Les novellas se télescopent avec le personnage de Frédéric Larsan qui joue un rôle dans plusieurs d’entre elles et on suit la progression de l’Empire qui écrase tous les continents peu à peu dans un objectif « d’idéal de paix mondiale » prôné par l’Empire Electrique, qui s’octroie le titre très subjectif de « protecteur des peuples » en colonisant la planète entière. Une multitude de personnages revivent sous nos yeux et c’est réalisé d’une belle manière.

Bonne lecture !