Snorgleux Comics continue de publier des séries du catalogue AfterShock Comics dans lequel l'éditeur marseillais sait piocher les meilleurs titres. Du coup, c'est normal qu'il édite en France Babyteeth, la série de Donny Cates et de Gary Brown qui raconte l'histoire d'une adolescente qui vient de donner naissance à l'Antéchrist.
Saddie Ritter a 16 ans, elle est enceinte mais personne de son entourage ne le sait... Enfin, jusqu'à ce qu'aux premières contractions qui font trembler la terre. Il faut dire que son enfant n'est nul autre que l'Antéchrist, ce qui va attirer pas mal de monde au palier de la porte de la famille Ritter. Heureusement, le père et la sœur rebelle de Saddie la soutiennent complètement en l'aidant même lorsqu'elles découvrent que le bébé ne se nourrit exclusivement du sang de sa mère. Mais ce n'est pas la seule chose étrange qui se passe depuis la naissance de Clark...
Ce premier tome contient les 5 premiers épisodes de la série nous présentant donc la famille Ritter et comment cette famille imparfaite mais qui s'aime va accueillir Clark. D'ailleurs, ce premier tome est davantage de la mise en place nous permettant de nous familiariser avec Saddie, son père et sa sœur, l'excellente Heather. Les personnages s'avèrent plutôt attachants avec chacun un trait de caractère bien marqué.
Ce que je trouve remarquable dans ce livre, c'est la maîtrise de la narration par Donny Cates. Même si la fin du premier numéro est assez abrupte, elle donne envie d'en savoir plus. Mais c'est surtout l'idée de faire en sorte que Saddie raconte les choses passées à Clark via le téléphone qui rend le déroulé de l'histoire intéressante.
Tout d'abord, cela permet d'introduire des personnages ou des concepts hors-champ, de nous familiariser avec eux et d'avoir l'air intelligent*e lorsque nous découvrons ces personnages ou ces concepts pour la première fois. Ainsi, lorsque le sorcier Dancy apparaît nous savons déjà qui il est grâce à une phrase citée auparavant... Et, du coup, nous savons aussi que cela va mal se passer entre lui et la famille Ritter (mais, ça ça sera au prochain tome).
Ensuite, cette technique narrative permet rapidement de nous créer des cliffhangers efficaces - bien que parfois abruptes - mais aussi emmener le récit jusqu'à un twist intéressant qui devrait motiver le lecteur ou la lectrice à lire la suite.
Cates est tellement bon dans sa manière de raconter une histoire que ce premier tome se lit comme rien. D'autant plus que la traduction est impeccable, conservant le côté brut et incisif des dialogues originaux.
Les dessins de Gary Brown pourraient rebuter dans un premier temps. Le dessinateur ne se soucie guère du réalisme des proportions ou d'avoir un trait propre. Son style, ici, est crade et impulsif, presque électrique, contribuant à donner envie de tourner les pages jusqu'à la fin sans s'arrêter. En plus, l'action se comprend sans peine et il arrive à ménager les effets de surprise du script de Cates.