Je suis toujours bluffé par la facilité avec laquelle Cathy Ytak parvient à se mettre dans la peau des ados. Et dans leur tête, surtout. Elle dit l’intime avec une justesse et une pudeur qui forcent l’admiration. Sans langue de bois, elle pousse Simon et Emma dans leurs retranchements, soulève des interrogations existentielles typiques de cet âge où l’on tâtonne, où l’on se cherche, où l’on expérimente, entre petites défaites et grandes victoires, l’incertitude chevillée au corps. Ainsi Emma, consciente que Loïc est son premier mec, se demande si c’est le bon : « Qui c’est qui va me dire : arrête-toi là, t’auras pas mieux ? Et si c’était mieux ailleurs ? Qu’est-ce que j’en sais ? Rien. »
Le récit fonctionne en miroir dans une sorte de recto-verso où Simon et Emma prennent tour à tour la parole pour raconter leur soirée. Certains événements sont vécus en commun et même si les points de vue diffèrent, la chute les réunit et boucle magistralement la boucle. Un superbe texte, qui prouve s’il en était encore besoin que les élans du corps ne sont pas forcément ceux du cœur.
Ce soir je le fais / Ce soir je le quitte de Cathy Ytak. Rouergue, 2018. 65 pages. 8,50 euros. A partir de 14 ans.
Une pépite jeunesse partagée comme chaque mardi avec Noukette