Les prénoms épicènes par Amélie Nothomb
" La personne qui aime est toujours la plus forte. "
Depuis 1992 et Hygiène de l'assassin, tous les livres d'Amélie Nothomb ont été publiés aux éditions Albin Michel. Elle a reçu, entre autres, le prix Chardonne, le Grand prix du roman de l'Académie française, le prix de Flore, et le Grand prix Jean Giono pour l'ensemble de son oeuvre.
Ses oeuvres sont traduites dans 40 langues, des U.S.A. au Japon.
Comment peut-on se remettre d'avoir autant aimé qui prétendait nous aimer?
Le nouveau Nothomb, Les prénoms épicènes. Je l'ai évidemment acheté dès sa parution, puis, pour une fois, repoussé et repoussé encore mon moment de lecture. D'un côté, je n'avais pas envie d'avoir fini de lire cette nouvelle parution et de devoir attendre une année ensuite pour en lire une nouvelle, et d'un autre côté, j'avais peur d'être déçue car j'avais entendu quelques retours négatifs. Pour ma part, ses 3 derniers romans - Le crime du comte Neville, Riquet à la Houppe et Frappe-toi le coeur - sont des romans que j'ai beaucoup aimés, mais que je ne peux qualifier de véritables Nothomb. Et j'espérais vraiment ressentir le contraire à la lecture de son nouveau livre.
Mais une fois lancée, Les prénoms épicènes est un livre que j'ai dévoré en une bouchée et je l'ai adoré! Il se lit très vite et nous sommes embarqués dans le récit dès les premières lignes. Un récit qui n'aura cessé de nous intriguer pour nous amener à un surprenant - et pas une seule fois envisagé - dénouement final. Un retournement de situation qui s'apparente à la cerise sur le gâteau. Des personnages atypiques et tordus comme on les aime dont nous apparaît peu à peu la véritable nature sous le masque.
Dominique vit avec son mari Claude à Paris. À la demande de Claude et après plusieurs années d'échec, Dominique tombe enfin enceinte et met au monde Épicène. Dominique aime son mari et fait tout pour qu'il soit heureux même si la vie à ses côtés se résume aux faux semblants et à la surveillance constante de leur image et du qu'en-dira-t-on. Claude veut vivre dans une rue au nom chic, habiter dans une maison chic et avoir une famille exemplaire tout en occupant un poste prestigieux. Dominique n'est pas comme ça mais suit toujours son mari par amour. Quant à Épicène et Claude, ils se détestent. Claude a toujours regardé sa fille comme une étrangère et lui a souvent dit " Pas maintenant, je n'ai pas le temps! ". Un jour, Claude fit la demande à Dominique de se lier d'amitié avec la femme d'un des hommes influençants dont il espère rentrer dans le cercle professionnel. Ce que fera Dominique, et c'est ce qui fera voler en éclats leur déjà très faible équilibre familial...
Il ne décolère pas. Décolérer est ce verbe qui ne tolère que la négation. Vous ne lirez jamais que quelqu'un décolère. Pourquoi? Parce que la colère est précieuse, qui protège du désespoir.
C'est un roman qui nous parle de relation père-fille, de manipulation, de colère, de vengeance et nous amène à nous demander :
Et vous, comment réagiriez-vous si vous appreniez que les dernières plus belles années de votre vie ne sont que mensonge? Comment gère-t-on émotionnellement le fait de savoir que notre père nous déteste? Que faire lorsque notre amie la plus proche se révèle aussi être la plus grande de nos rivales?
Enthousiasme, surprise, étonnement, impatience et plaisir m'ont accompagnée durant ma lecture. Comme mentionné plus tôt, j'avais entendu quelques mauvais retours de lecture et n'osais pas me lancer de peur d'être déçue. Heureusement, ces avis me laissent perplexe. Car pour ma part, je referme l'ouvrage avec la sensation d'avoir enfin lu un vrai bon Nothomb!
- Jean-Louis affirme qu'il est beaucoup plus chic d'inviter chez soi qu'au restaurant. Il a raison, mais quelle plaie! J'ai beau me faire aider, j'ai toujours beaucoup de mal. Alimenter les conversations, avoir l'air ravi de revoir des gens ennuyeux à périr, ne pas les jeter dehors alors qu'on rêve d'aller se coucher, et savoir qu'en guise de remerciements on sera convié chez eux à des soirées comparables, c'est le prix à payer pour ma belle vie.
- Il paraît que vous y excellez.
- Qu'est-ce que cela change? On peut détester ce en quoi on excelle.