Denis Johnson : La Générosité de la sirène

Denis Johnson, Walt Whitman, Jack Kerouac, Charles Bukowski, William Burroughs, Philip Roth, Jonathan Franzen, Don DeLillo, Philippe Djian, Raymond Carver Denis Johnson, né en 1949 à Munich en Allemagne et mort en 2017, est un auteur américain. Denis Johnson commence sa carrière en tant que poète, assistant aux ateliers d’écriture dispensés par Raymond Carver, il écrit plusieurs très beaux volumes  inspirés de la poésie de Walt Whitman ou des poètes de la Beat Generation. Vivant éloigné des principaux pôles de culture de la Côte Est et de la Côte Ouest des Etats-Unis, Johnson semble avoir été un homme discret, introverti, dont les manières douces contrebalancent une présence physique intensément charismatique. Son œuvre comprend poésies, nouvelles, romans et théâtre. La Générosité de la sirène, un recueil de cinq nouvelles, vient de paraître.

Je viens de refermer l’ouvrage et j’avoue ne pas trop savoir comment en parler car je ne sais pas vraiment ce que j’en pense ! L’auteur est porté aux nues par les plus grands écrivains (Philip Roth, Jonathan Franzen, Don DeLillo et notre Philippe Djian pour n’en citer que quelques uns), comparant son style à Jack Kerouac ou William Burroughs (et moi j’y vois du Bukowski dans le premier texte). La ramener après ces cadors pour donner un avis plus tempéré peut sembler prétentieux ou preuve d’amateurisme de ma part mais tant pis, c’est la règle du jeu : j’écris ce que je pense en toute indépendance.

Première réflexion, les textes – à mon avis – se succèdent dans un ordre d’intérêt croissant ; est-ce une bonne idée ? Je ne le crois pas et je m’adresse aux éventuels futurs lecteurs, si la première nouvelle qui donne son titre à l’ouvrage vous déroute par son aspect narratif totalement décousu, sautant du coq à l’âne, n’abandonnez pas le bouquin. Sautez-la et passez à la suite quitte à y revenir ensuite. Un recueil de nouvelles devrait être organisé comme un disque, avec un titre fort d’entrée, pour chopper le lecteur/auditeur, quitte à s’autoriser un temps faible ensuite puis finir en force. Enfin, moi je vois ça comme ça…

Les autres nouvelles adoptent une narration plus abordable même si l’écrivain n’est pas des plus classiques, digressions courtes ou histoires multiples au sein d’une même nouvelle demandent un minimum de concentration. Quant aux sujets, ils sont tous très surprenants : un alcoolique en centre de désintoxication depuis quatre ans écrit des lettres (qu’il n’envoie pas) à tous les gens qu’il connait mais aussi au pape et au diable (Le Starlight sur Idaho) ; en prison, un détenu prédit à ses trois collègues qu’ils tueront dans le futur (Bob l’Etrangleur) ; le narrateur accompagnera successivement deux amis à l’heure de leur mort (Triomphe sur la mort) ; un professeur de poésie se lie d’amitié avec un de ses étudiants obnubilé par Elvis Presley, un délire total sur toutes les théories abracadabrantes concernant sa mort et un épilogue à l’unisson (Doppelgänger, Poltergeist). 

La première nouvelle m’est passé au-dessus de la tête, les deux suivantes sont pas mal mais j’ai vraiment adoré les deux derniers textes, Triomphe sur la mort est excellent et le dernier complètement extravagant. Autant dire que tous les textes font la part belle à la mort mais sur un ton légèrement drôle jouant sur le doux et l’amer et c’est en cela que Denis Johnson est un vrai écrivain, il a sa propre écriture.

Pour résumer, je n’ai pas tout aimé dans ce recueil, mais ce que j’ai aimé est d’un très bon niveau.