Mounia a 10 ans. Elle vient d’Irak, de Syrie ou d’ailleurs. D’un pays en conflit assurément, où elle a vécu la guerre, où elle a perdu ses parents.
Les souvenirs de leur amour, des petits riens rassurants de sa vie quotidienne d’avant, nous arrivent par bribes. Des souvenirs dont elle se nourrit pour ne pas se perdre, des échos lointains qui la maintiennent en vie.
Car c’est seule, avec sa mémoire pour compagne, la violence vécue et l’amour familial, que Mounia suit le chemin de l’exil parcouru par combien d’autres avant elle. Elle les rejoint dans notre imaginaire, une parmi les visages anonymes et multiples, et son parcours interpelle par son humanité, son passé unique, sa personnalité. A travers les lignes, les mots simples mais évocateurs, les vers empreints de pudeur et de retenue, elle devient comme une soeur, une fille, une proche qui a souffert et qui veut juste vivre.
J’ai aimé ce roman-poème qui traite le sujet de l’exil et de l’exploitation des êtres humains par la misère, tout en finesse et délicatesse. Rien n’est vraiment dit, tout est suggéré, mais la perception de la douleur n’en est pas moins présente. On se sent proche de Mounia, l’humanité est au coeur de ce livre, ce qui tranche avec la déshumanisation des faits vus à travers le prisme des médias.
Une belle découverte, merci à Babelio.
Jean-Louis Coatrieux, né en 1946, est un chercheur français, également écrivain et essayiste.
Mounia, cours, sauve-toi est paru chez Riveneuve le 5 juillet 2018 (12€).