Par amour. Valérie TONG CUONG - 2008

Par Vivrelivre @blandinelanza

Par amour

Valérie TONG CUONG

Le Livre de Poche, janvier 2008

380 pages

Prix des Lecteurs - Sélection 2018

Thèmes : Deuxième Guerre mondiale, Famille, Amour, Enfance, Mort, Maladie

Une virée sur la côte normande, un passage (obligé) dans la librairie d'Etretat -Entre Pages et Plage-, une panière avec des livres emballés, quelques mots descriptifs et accrocheurs, un échange avec la libraire, et me voilà partie avec (entre autres) ce roman-mystère sous le bras.

Quatre mois plus tard, une pointe d'impatience et une super surprise à son ouverture.

Le titre, l'autrice, la photo de couverture : j'étais conquise !

Le Havre, entre 1940 et 1945

Choral (j'adore ce procédé), ce roman fait parler tour à tour différents membres d'une même famille : les deux sœurs Muguette et Émélie, Joffre le mari d'Emélie, leurs enfants Jean, Lucie, Joseph, un de leur ami, Thuriau...

Les décisions et actions des différents personnages tendent à répondre à cette question: Que ne ferait-on pas par amour?

Par amour, on protège, on dissimule, on ment, on s'éloigne, on éloigne, on espère, on se consume... Avec les moyens dont on dispose et ceux que l'on espère être le meilleur choix.

Ainsi vit-on les évènements et leurs souffrances de leurs différents points de vue : la guerre, l'exode, le retour, les privations, la famine, l'Occupation, les faux semblants, la Résistance, l'allégeance au Maréchal, les entre-deux, la maladie, les séparations, les apparences, les mensonges, les suspicions, les bombardements, l'attente...

Papa avait bien raison lorsqu'il disait que le monde est une roue qui tourne, à peine en haut et déjà en bas. En bas, Joseph et Marline sont morts, en haut, ils sont vivants. En haut, papa et maman s'aiment, en bas, ils se détestent. En haut, les Alliés débarquent, en bas, les enfants sont expédiés loin de tout. A moins que ce ne soit l'inverse pour ce dernier point.

Ce mode narratif nous permet de découvrir ce que tous vivent et comment chacun le ressent et voient les autres.

Chaque personnage nous touche dès que l'autrice le fait parler. Et même si on le trouvait désagréable ou pire, vu par le prisme d'un autre personnage, on ne peut que l'apprécier ou lui trouver des circonstances atténuantes à ses actions.

Valérie Tong Cuong s'attache à nuancer les prises de position de chacun, qui sinon, seraient réduites de manière manichéenne: bons/gentils résistants contre méchants collabos, méchants Allemands contre gentils Alliés...

La réalité était, bien sûr, plus contrastée, plus dure et elle nous y transporte, nous y immerge, avec brio grâce au procédé choral.

De leur côté, les Anglais nous arrosaient sans discontinuer, suscitant l'incompréhension. Des rues tombaient en poussière, des familles étaient décimées, les enterrements se multipliaient et les blessés étaient si nombreux et si difficiles à soigner que l'on avait dû creuser un hôpital sous terre - un établissement paraît-il unique dans tout le pays, une sombre gloire dont nous nous serions bien passés. Encore évitait-on le pire grâce aux artificiers noirs, ces Havrais valeureux venus des Antilles et d'Afrique, recrutés de force par les Boches pour déminer les bombes qui n'avaient pas explosé.

Ce roman, c'est aussi une leçon d'Histoire. Valérie Tuong Cong s'est énormément renseignée, comme le prouve la bibliographie mise en fin d'ouvrage

Je ne connais pas la ville du Havre, son histoire et ce qui s'y est déroulé encore moins.

Je ne savais pas que des enfants avaient été mis en sécurité dans les campagnes alentour, et même bien plus loin en Algérie durant la Deuxième Guerre.

L'écriture est très empathique, et le résultat est dur, prenant, très visuel, révoltant, et sublime.

Ce roman participe au " Petit Bac 2018 " d'Enna pour ma 10e ligne, catégorie Mot Positif.

Belles lectures et découvertes,

Blandine

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