LE TOP TEN TUESDAY est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire prédéfini. Ce rendez-vous a initialement été créé par (The Broke and the Bookish) et repris en français par (Frogzine).
Des petits romans. Les plus minuscules. Ceux dont le nombre de pages n'effraie pas, ceux qu'on croit pouvoir lire en quelques heures à peine. C'est souvent le cas. Et parfois, c'est trompeur. Une duperie que ce nombre riquiqui de pages marquées de mots.
MILENA ANGUSMAL DE PIERRES
Au centre, l’héroïne : une jeune Sarde étrange « aux longs cheveux noirs et aux yeux immenses ». Toujours en décalage, toujours à contretemps, toujours à côté de sa propre vie... À l’arrière-plan, les personnages secondaires, peints avec une extraordinaire finesse : le mari, épousé sans amour, sensuel, taciturne, à jamais méconnu ; le Rescapé, brève rencontre sur le continent, qui lui laisse une empreinte indélébile ; le fils, inespéré, et futur pianiste ; enfin, la petite-fille, la narratrice de cette histoire, la seule qui permettra à l’héroïne de se révéler dans sa vérité. Mais sait-on jamais tout de quelqu’un, aussi proche soit-il ?Un roman dont j'en garde un souvenir mitigé. Pourtant, l'histoire, de base, semblait captivante. Mais j'en suis sortie avec l'impression d'être extérieure au récit, de ne pas avoir su m'intéresser au personnage. J'en garde la mémoire d'une plume superbe.
LE POIDS DU PAPILLONERRI DE LUCA
Quelque part dans les Alpes italiennes, un chamois domine sa harde depuis des années. D’une taille et d’une puissance exceptionnelles, l’animal pressent pourtant que sa dernière saison en tant que roi est arrivée, sa suprématie est désormais menacée par les plus jeunes. En face de lui, un braconnier revenu vivre en haute montagne, ses espoirs en la Révolution déçus, sait lui aussi que le temps joue contre lui. À soixante ans passés, sa dernière ambition de chasseur sera d’abattre le seul animal qui lui ait toujours échappé malgré son extrême agilité d’alpiniste, ce chamois à l’allure majestueuse. Et puis, face à ces deux forces, il y a la délicatesse tragique d’une paire d’ailes, cette 'plume ajoutée au poids des ans'.Un roman que je n'ai pas lu. Un roman que je découvre en parcourant la bibliothèque que je partage. Un titre que je mets immédiatement dans ma PAL Imaginaire, celle qui me sert à de futures lectures.
ECRIREMARGUERITE DURAS
« Il faut toujours une séparation d'avec les autres gens autour de la personne qui écrit les livres. C'est une solitude essentielle. C'est la solitude de l'auteur, celle de l'écrit. Pour débuter la chose, on se demande ce que c'était ce silence autour de soi. Et pratiquemment à chaque pas que l'on fait dans une maison et à toutes les heures de la journée, dans toutes les lumières, qu'elles soient du dehors ou des lampes allumées dans le jour. Cette solitude réelle du corps devient celle, inviolable, de l'écrit. »Marguerite Duras, je ne présente plus mon amour pour cette auteure, pas plus que pour ses mots. Fascination. Etonnement. Une auteure découverte quand j'étais encore au lycée. Des livres dévorées, des lignes surlignées. Découverte d'une plume singulière.
L'ETE DES CHAROGNESSIMON JOHANNIN
Ici on vit retiré, un peu hors-la-loi, pas loin de la misère aussi. Dans cette Guerre des boutons chez les rednecks, les bêtes sont partout, les enfants conduisent leurs parents ivres morts dans des voitures déglinguées et l’amitié reste la grande affaire.C’est un pays d’ogres et d’animaux errants, un monde organique fait de pluie et de graisse, de terre et d’os, où se répandent les fluides des corps vivants et ceux des bestioles mortes. Même le ramassage scolaire ressemble au passage des équarisseurs. Mais bientôt certains disparaissent, les filles vous quittent et la forêt finit par s’éloigner. D’une bagarre l’autre, la petite musique de ce premier roman vous emmènera jusqu’à l’adolescence, quand la douleur fait son entrée et que le regard change, dans les turbulences d’une langue outrancière au plus près du rythme de l’enfance : drôle et âpre, déchirante et fièvreuse, traversée de fulgurances.Dévotion littéraire. Découverte. Premier roman que je me suis empressée d'acheter. Couverture et titre ayant eu raison de moi. Beauté macabre. Le noir dégueule. La crasse s'enroule à chacun des mots. Quand on me demande pourquoi j'ai détesté Fief, j'explique que j'ai adulé l'Eté des charognes.
LE HORLAGUY DE MAUPASSANT
« ... un matin, comme je me promenais près de mon parterre de rosiers, je vis, je vis distinctement tout près de moi, la tige d'une des plus belles roses se casser comme si une main invisible l'eût cueillie, la fleur resta suspendue dans l'air transparent, toute seule, immobile, effrayante, à trois pas de mes yeux. Saisi d'une épouvante folle, je me jetai sur elle pour la saisir. Je ne trouvai rien. Elle avait disparu... à partir de ce moment-là, je sus qu'il existait près de moi un être invisible qui m'avait hanté et qui revenait. Un peu plus tard, j'en eus la preuve. »Une nouvelle. Evidemment que la place est minuscule sur l'étagère. Un livre qui se fait presque manger par ses camarades. Quelques pages seulement. Quelques pages merveilleuses. D'une histoire qui berce entre fantastique et folie de l'imaginaire.
BONJOUR TRISTESSEFRANÇOISE SAGAN
La villa est magnifique, l'été brûlant, la Méditerranée toute proche. Cécile a dix-sept ans. Elle ne connaît de l'amour que des baisers, des rendez-vous, des lassitudes. Pas pour longtemps. Son père, veuf, est un adepte joyeux des liaisons passagères et sans importance. Ils s'amusent, ils n'ont besoin de personne, ils sont heureux. La visite d'une femme de cœur, intelligente et calme, vient troubler ce délicieux désordre. Comment écarter la menace ? Dans la pinède embrasée, un jeu cruel se prépare. C'était l'été 1954. La deuxième moitié du XXe siècle commençait. Elle serait à l'image de cette adolescente déchirée entre le remords et le culte du plaisir.Une lecture plus ancienne. Je crois avoir apprécié. Je ne suis pas certaine. Difficile de me souvenir de tous les romans, plus encore quand celui-ci n'est porteur que d'une atmosphère. Quelque chose de pesant, d'étrange, comme une menace dont je me souviens planante entre les mots.
L'ÉTRANGE CAS DU DR. JECKYLL ET M. HYDE, R.L STEVENSON
La ruelle est sombre, la silhouette furtive, l'homme pressé. Une fillette, par mégarde, le heurte. Et l'irréparable se produit: l'homme la jette à terre, la piétine et s'éloigne, sans cesser de sourire... Hélas, on ne compte plus à Londres les épouvantables crimes de l'étrange Mr Hyde. Étrange? Plutôt diabolique, songe le brave notaire Utterson. Et quel sinistre lien unit son ami, le pauvre Dr Jekyll, à cet individu dont la seule vue fait frémir? Car si jamais visage a porté l'empreinte de Satan, c'est bien celui de Mr Hyde...A ma honte, un livre que je n'ai toujours pas lu. Un livre qui prend poussière sur l'étagère. Un jour, peut-être. Une nécessité que d'éplucher les pages de ce classique. Moi et ma réticence à lire les livres connus, reconnus, conseillés.
UN ALLER SIMPLEDIDIER VAN CAUWELAERT
Aziz est né en France, de parents inconnus. Recueilli par les Tsiganes des quartiers nord de Marseille, il a grandi sous la nationalité marocaine, n’ayant pas les moyens de s’offrir un faux passeport français. Professionnellement, il s’est spécialisé dans les autoradios : il les vole et les revend. Sa vie bascule le jour où le gouvernement décide une grande opération médiatique de retour au pays. Voilà Aziz confié à un jeune et idéaliste «attaché humanitaire», chargé d’aller le «réinsérer dans ses racines», et qui lui demande où se trouve son lieu de naissance. Le doigt d’Aziz montre au hasard, sur la carte du Maroc, une zone vierge du Haut-Atlas. Et l’aventure commence…Un autre roman qui ne m'appartient pas. Une lecture qui, peut-être, plus tard, rejoindra l'étagère des lectures à venir.
LA PETITE FILLE DE MONSIEUR LINHPHILIPPE CLAUDEL
C’est un vieil homme debout à l’arrière d’un bateau. Il serre dans ses bras une valise légère et un nouveau-né, plus léger encore que la valise. Le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est seul désormais à savoir qu’il s’appelle ainsi. Debout à la poupe du bateau, il voit s’éloigner son pays, celui de ses ancêtres et de ses morts, tandis que dans ses bras l’enfant dort. Le pays s’éloigne, devient infiniment petit, et Monsieur Linh le regarde disparaître à l’horizon, pendant des heures, malgré le vent qui souffle et le chahute comme une marionnette.Lu. Apprécié. La fin est un bouleversement, même pour mon coeur entièrement moisi.
REVENIR À PALERMESEBASTIEN BERLENDIS
« La nuit, chaque ruelle parcourue réveille un crépitement d’images. Le claquement des talons imprime dans ma tête le pouls de la ville. » Huit ans plus tard, le temps d’un été, un homme retrouve la ville de Palerme. Il habite un ancien palais sur les hauteurs, une bâtisse appelée à disparaître. Une dernière fois, il va arpenter les rues, celles de la vieille ville surtout. Des marches le plus souvent nocturnes, de cafés en cafés, de corps en corps. Le souvenir de Délia remonte alors.Lecture fraiche. De cet été. Un roman qui se dévore une nuit, peut-être deux. Durant la canicule. Un roman qui n'est qu'atmosphère. Se laisser porter, emporter.