DC Comics démarre une nouvelle crise, elle s'appelle Heroes in Crisis, une saga concoctée par les superstars Tom King et Clay Mann. Il y a donc tout pour plaire... sur papier.
Le terme "Crisis" est important dans le jargon de DC Comics. Il s'agit de remettre en question l'univers de l'éditeur changeant parfois les fondations ( Identity Crisis) ou carrément son aspect global ( Crisis On Infinite Earths, Infinite Crisis). En soit, en annonçant une nouvelle crise, nous sommes en droit d'attendre de gros changements à la fin.
À ce sens, je suis obligé de critiquer la décision éditoriale de Dan Didio et Jim Lee, les deux hommes à la tête de DC. Il est tout à fait normal qu'ils invitent King et Mann à produire une maxi-série événement. Cela assure des ventes mais, aussi, cela serait idiot de ne pas laisser le destin de l'univers DC à l'un des scénaristes le plus bankable de son écurie le temps d'une saga. En revanche, quid de Doomsday Clock, l'histoire de Geoff Johns et de Gary Frank ? Je veux bien que le premier ait quitté la tête éditoriale de DC mais de là à gâcher ce que l'auteur a lancé depuis Flashpoint - voire Infinite Crisis, je trouve cela dommageable. Maintenant, rien ne dit que Heroes in Crisis aura des changements sur l'univers DC à l'échelle de ceux de Flashpoint mais, en terme de lexique, DC nous laisse penser que la saga de King est plus cruciale que celle de Johns.
En soit, c'est vrai sur du court terme puisque Heroes in Crisis se terminera dans quelques mois alors que Doomsday Clock se terminera l'année prochaine.
Si je viens à parler de tout cela c'est aussi à cause des événements qui se déroulent dans les pages de ce premier épisode tuant l'un des symboles de Rebirth. Certes ce dernier a déjà bien été égratigné récemment. Mais, là, DC reproduit la même chose peu ou prou qu'avec Trinity, symbole de New 52, lors du one-shot DC Universe Rebirth donnant l'impression que Didio et Lee naviguent à vue. Qui en doutait d'ailleurs ? C'est tout de même dommage qu'ils n'arrivent pas à se remettre en question.
Je ne blâmerai pas l'éditorial de gâcher Heroes In Crisis - ou Doomsday Clock d'ailleurs - et j'apprécierai la saga pour ce qu'elle est. Mais, je pense qu'il est important de le signaler.
Côté histoire, l'action est divisée en deux parties. D'un côté, Booster Gold est dans un café en bord de route et y reçoit la visite impromptue de Harley Quinn. De l'autre, Superman découvre un véritable massacre. Il n'y a aucun lien tangible entre les deux histoires et la première scène est incompréhensible. Tom King nous projette là-dedans sans que nous en soyons prêts.
Le fait est que King fait ce qu'il aime faire, sa narration est atypique et maîtrisée créant un contexte intrigant. En revanche, je trouve cela trop fouillis pour que cela soit réellement intéressant. Je trouve que ce mélange entre récit intimiste et celui de big event se marie assez mal sous cette forme. À vrai dire le mystère est trop pesant pour créer l'étincelle qui donne envie de lire la suite absolument. J'avoue je la lirai plus par principe et en espérant que King n'optera pas pour cette forme sur les huit prochains épisodes.