Disponible sur Amazon Auteur : Aurélien Grall Éditions : Auto-édité Paru le : 13 Décembre 2017 302 pages numérique (epub) Thème : Thriller ******* Résumé : « La France est secouée par de violentes manifestations. Le divorce entre le peuple et les politiques est consommé. L’espoir est mort. Victime de ces troubles, Walter, jeune étudiant, est tué sous les coups de la police. Adrien, son meilleur ami, jure de ne pas laisser ce crime impuni. Emporté par sa haine des puissants, il va mener la révolte très loin. Mais jusqu’où est-il prêt à aller pour faire justice ? Émeutes meurtrières, prise en otage du président de la République, assaut de la télévision par un commando armé, le deuxième roman d’Aurélien Grall fait place au grand spectacle. Effrayant par sa fidélité à l’actualité politique, le trône de cendre vous tiendra en haleine jusqu’à la dernière seconde.» |
17/20
J'avais déjà eu l'occasion de découvrir Aurélien avec son premier livre Aliénor que j'avais beaucoup apprécié. Lorsque l'auteur est revenu me voir pour me proposer ce second livre, je n'ai pas hésité, connaissant déjà son écriture je savais que j'allais déjà aimé ce côté. Je le remercie pour me l'avoir confié.
Alors que la France ne cesse de se voir malmenée (manifestations violentes, l’État qui ne cesse de pondre des lois pour et contre tout, le peuple se retrouve dans une misère pas possible... Un petit goût de réalité, non ?) l'espoir semble s'être fait la malle. Lors d'une manifestations plutôt violente, une fois de plus, Walter, un jeune étudiant, se voit massacré par la police. son ami, Adrien décide que ce crime ne peut pas rester ainsi. Non, ce n'est pas un accident, c'est tout simplement un meurtre ! Adrien va tout faire pour se venger, rien ne semble vouloir l'arrêter. Rien, si ce n'est peut-être une femme...
« — On voit pourquoi tu es venu étudier ici Walter ! lui lança-t-il en retour en ricanant. Et toi Adrien, tu ne défends pas la réputation de ton pays ?
— Déjà, je ne suis pas Français, je suis breton et citoyen du monde, déclara-t-il en fusillant ses amis de son regard noisette, le sourire en coin. Ensuite, je pense que c’est le malaise général qui a fait descendre les gens dans la rue. On est jeunes, nos parents nous font faire des études pour qu’on ait un avenir meilleur mais on n’évitera pas le chômage. Et si on trouve un job, ce sera un contrat précaire. Et pour les vieux c’est pareil. Passé cinquante ans le système décide que tu es bon à rien. Quelque chose ne tourne pas rond depuis trop longtemps. Tout le monde a peur de l’avenir, tout le monde est sous pression. Il y a trop d’injustice et trop de désespoir en France. Il ne faut pas grand-chose pour que ça pète. Et ce pas grand-chose c’est peut-être cette réforme. Il se passe des trucs pas clairs…
— Oh my God ! Je suis avec un conspirationniste ! »
Que dire sinon que le sujet est en plein cœur de ce que nous pouvons connaître, sans aller jusqu'à la fin bien entendu, mais si nous n'y faisons pas attention, peut-être que cela verra le jour. La réalité et ce que l'auteur nous propose se rejoignent. Il n'y a pas vraiment de questions à se poser. Un événement en entraînant un autre, nous suivons les réactions en chaîne d'Adrien et ce que cela produire en France, puis l'Europe et enfin le Monde. Comment peut-on partir de la mort d'un ami à ça ? Forcément, le "ça", je ne peux le dire, mais c'est grandiose et effrayant. La volonté d'un homme peut aller jusque là ? Assurément oui, car nous l'avons déjà vécu d'une manière bien différente, mais la "folie" d'un homme est bien plus puissante que la volonté d'un Dieu.
Ce livre peut-être lu indépendamment de "Aliénor", mais si vous désirez les découvrir, il vaut mieux commencer par l'autre et terminer par "le trône de cendre". Il y a de légers retours en arrière entre ce qui s'est passé dans Aliénor et ce que nous vivons ici par le biais de Kate, par exemple que nous avons dans les deux tomes. Lorsque je dis "vivons", c'est exactement ce que j'ai ressenti en effectuant la lecture. J'ai eu l'impression de vivre ce qui se passe. autant dire que l'avancée que nous avons eu est loin derrière nous au final. La république que nous connaissons n'existe plus pour laisser place à un empire et quel empire !
L'histoire est intéressante, effrayante (oui bis) avec une certaine vision du monde qui pourrait être en devenir. L'histoire des pavés me fait penser à mai 68, mon père me l'avait raconté, comment cela s'était produit, ce qui lui était arrivé ce jour-là à lui et tant d'autres. Les dirigeants semblent avoir oublié que bien qu'ils soient avec les mains pleines (d'argent, de puissance, de pouvoir) ce ne sont pas eux qui réussiront à écraser le peuple. Lorsque ce dernier se soulève il y a toujours des dégâts. Le monde dans lequel Adrien vit, devient un monde où la république perd ses droits. Pour avoir la paix, il faut faire la guerre à tous les opposants, quels qu'ils soient.
Adrien est sensé être le sauveur, pour tous. Un homme qui prend ses responsabilités. Ces dernières sont lourdes sur ses épaules qui, à une époque, étaient fragiles. L'esprit humain n'est pas de tout repos. Des effets de papillons peuvent toujours survenir. Le projet Aliénor en est la preuve, car il ressort dans les tablettes de ce trône. Adrien reste le personnage principal. Tantôt maître de lui-même, tantôt devenu une marionnette, il pense rester dans son bon droit, son droit chemin pour remettre en état un pays, un monde qui est toujours dans le déclin. Sa rencontre avec Olympe pourrait le modérer, mais après des mois à la mettre de côté comme un vulgaire objet (bien qu'il semble l'aimer) la jeune femme n'est pas docile. La modération n'est pas un mot dans le vocabulaire d'Adrien.
« Palais impérial, quelque part en France, 19 heures GMT, 20 heures (heure locale). La magnificence est le prélude à la chute de toute civilisation. Ainsi, sous la monumentale verrière pyramidale de la salle du trône, le vide appelle la tempête du déluge… Remontant le long tapis de cérémonie, Kate apparut, semblable à une sanglante princesse enveloppée dans sa robe écarlate, ne laissant rien cacher de ses plus fatals atouts. »
Chaque chapitre a le droit à sa musique, son arrêt sur image avec son heure, les lieux, les décors, qui est présent. Le rythme est plutôt soutenu, de l'action, des événements qui se suivent et augmentent en puissance. La trahison est forcément de mise, tout comme le fait que des jeux de pouvoirs se mettent en place. Disposer d'un pion pour le placer au bon endroit et en faire ce que l'on désire. Conquérir le monde est un choix ambitieux que d'autres ont tenté avant lui et se sont cassés les dents. Est-ce que cela lui arrivera ? C'est à vous de le découvrir et de voir jusqu'où cela peut le mener.
J'ai beaucoup aimé revoir Kate qui prend un peu plus d'importance. La façon dont elle revient dans le monde réel, dont elle prend en charge sa vie et décide de ce qu'elle veut. Être journaliste a un prix, surtout lorsque l'on sait par où elle est passée et restera. Elle doit se dépasser, sous peine de ne plus exister. Le rôle d'Olympe est plus succinct, jusqu'à ce qu'elle ouvre enfin les yeux. Lorsque l'on est dans un monde doré, comment voir ce qui se passe en dessous ? Toutes les deux ont un sacré courage et une bonne dose de valeur qui vont les emmener dans des lieux insoupçonnés.
« — Bonjour, Mademoiselle Catherine « Kate » Donovan. Je suis soulagé de vous retrouver en vie.
— Cent jours. Savez-vous ce que ça fait de passer cent jours dans un cercueil sans pouvoir réellement mourir ?
— Je suis sincèrement navré pour vos conditions de détention. Le gouvernement a estimé n’avoir pas d’autre choix.
— Alors vous me considérez comme si dangereuse ? Pourquoi venir me rendre visite dans mon si doux foyer ? l’interrogea-t-elle, le ton plein d’ironie.
— Le fait que vous soyez toujours en vie est déjà un miracle, lui répliqua-t-il calmement. Le gouvernement attend de son geste de clémence que vous lui rendiez la pareille. »
En conclusion, un récit qui pourrait être notre futur proche. Une manière de voir comment un seul événement peut amener au déclin de toute une civilisation, la notre. Une plume toujours aussi prenante avec beaucoup de travail derrière. Je continuerai à suivre cet auteur avec grand plaisir.