La première partie, « Le prisonnier », est étouffante. La seconde, « La catastrophe », le libère de ses chaînes. Et la troisième, de loin la plus longue, déplie son quotidien d’ermite, les avantages et les inconvénients d’une existence solitaire où la quête de nourriture et l’entretien du logis deviennent les uniques et indispensables (pré)occupations.
Rien de révolutionnaire sur le fond dans cette fiction survivaliste lorgnant du coté de Robinson Crusoé mais sur la forme, Sophie Divry étonne. J’avais gardé d’elle le souvenir d’une écriture enlevée, drôle, débridée, et d’une narration un poil foutraque. Je la retrouve ici avec une intrigue extrêmement construite d’un surprenant classicisme et un style beaucoup plus académique malgré le mélange des points de vue (première et troisième personne) et l’utilisation de divers registres de langue.
La solitude est pour Joseph une renaissance, une occasion de remettre les compteurs à zéro, de se reconstruire. Et même si le désir de « l’autre » est présent, le dégoût de la nature humaine pousse notre Robinson à se persuader qu’il vaut définitivement mieux vivre seul que mal accompagné. Au final, c’est un vrai plaisir de partager ses questionnements sur son isolement et de traverser avec lui les épreuves et les saisons.
Trois fois la fin du monde de Sophie Divry. Notabilia, 2018. 235 pages. 16,00 euros.