Libres pensées...
Au tout début du XXe siècle, une annonce est publiée dans un journal de Chicago : un homme recherche une femme pour la prendre pour épouse. Cet homme est Ralph Truitt, un notable local qui vit dans le Wisconsin voisin. La femme qu'il a choisie est Catherine Land, qui s'est présentée comme une femme simple et honnête, et débarque un beau jour sur le quai de la gare, pour entrer d'un pied incertain dans sa nouvelle vie.
Mais Catherine Land n'est peut-être pas celle qu'elle prétend être.
Je préfère ne pas vous en dire plus ! Car, comme souvent avec les romans de Goolrick, la trame romanesque est savamment agencée, ménage des rebondissements savoureux, et mêle toutes sortes de sentiments.
Pourquoi lire Une femme simple et honnête ?
Tout d'abord, pour ses personnages. Les protagonistes portent tous leur part d'humanité et leur part d'ombre, et alors que l'intrigue pourrait y inviter, ils ne reflètent pas de manichéisme. Ralph Truitt est un homme mûr, qui, après s'être montré froid et cruel, est devenu paisible, indulgent, aimant.
Catherine Land est difficile à cerner : ce sont ses aventures que l'on suit en premier lieu, elle dont on devrait se sentir le plus proche, et pourtant, ses motivations ne se dévoilent qu'en chemin. Elle est un point d'ancrage incertain qui pourtant incite à ce qu'on s'y accroche.
Antonio, le fils de Truitt, est un homme capricieux, avide de vengeance, futile, derrière lequel on devine un enfant blessé à la recherche d'un amour et d'un paradis perdus.
Les personnages secondaires apportent eux aussi une touche personnelle à l'histoire, et la rendent complète.
Une fois les personnages en place, il y a le suspense, les faux semblants sur lesquels se fonde l'intrigue. On devine que l'on ne nous dit pas tout, le mystère plane que l'on voudrait résoudre, et peu à peu, la lumière se fait, renforçant encore notre attrait pour cette histoire et notre curiosité à l'égard du devenir des protagonistes.
Tout cela est servi par une écriture qui est la marque de fabrique de Robert Goolrick, une écriture qui sait créer avec brio l'illusion romanesque, loin des autofictions, des romans réalistes et sociologiques ou des épisodes historiques qui envahissent les étals des librairies. Goolrick assume d'écrire de la fiction, et il le fait à merveille. Cette simplicité d'approche et de ton me rappelle d'autres grands auteurs, dont le style diffère mais dont l'intention est à mes yeux similaires, comme Sepulveda. La littérature, avant tout, est faite pour divertir, mais peut à l'occasion conduire le lecteur à réfléchir sur certains thèmes de la vie quotidienne : le mariage, ici, ou encore le pardon.
Une femme simple et honnête m'a complètement transportée, occultant tout ce qui pouvait en troubler la lecture, proposant une expérience absolue d'immersion dans une histoire fictionnelle. Un véritable péché mignon, auquel il n'y a pas de bonne raison de résister.
Pour vous si...
- Vous déplorez un peu que le titre ne soit pas plus sulfureux, par exemple : Un homme compliqué et menteur.
- Vous vous demandez bien ce que quelqu'un pourrait bien aller faire dans le Wisconsin.
Morceau choisi
"Elle avait accepté de l'épouser sans imaginer une seconde que le mariage apportait un plaisir simple, le plaisir de la compagnie constante d'un autre être humain, le plaisir de prendre soin de l'autre, de porter en soi la présence de quelqu'un d'autre. Elle supposait qu'elle ne le verrait plus vieillir, et lesura l'immense tristesse dans laquelle la plongeait cette perspective."
Note finale5/5(coup de coeur)