Je n’étais à Bordeaux que durant quelques trop courtes journées la semaine passée mais j’ai eu l’impression que la littérature était partout dans la ville !
A commencer par ces multiples affiches pour une exposition « Jack London dans les mers du Sud » au musée d’Aquitaine, mais hélas pas le temps de la voir. Les noms des rues, Diderot, Voltaire, Jean-Jacques Rousseau etc. ou bien au hasard de mes promenades, une plaque rappelant qu’une plume habita cette maison (Francis Jammes au 15 cours Pasteur), inversement il me fut impossible de retrouver la maison natale de Raymond Guérin, proche de l’église Saint-Seurin en raison certainement d’un changement de nom et c’est bien dommage car j’avais l’intention d’écrire un billet sur cet auteur dont on ne parle plus trop.
Mais aujourd’hui, en cette ville de Bordeaux, impossible de ne pas évoquer les Trois M ! Ne faites pas vos gros yeux, il ne s’agit pas d’une de mes tournures rigolotes que j’affectionne, j’emploie l’expression certifiée par l’Office du Tourisme, comme « le surnom donné au trio d’illustres écrivains bordelais » : Montaigne, Montesquieu, Mauriac.
Michel Eyquem de Montaigne (1533-1592) n’est ni né, ni mort à Bordeaux (pour ces deux extrémités : au château de Saint-Michel-de-Montaigne en Dordogne) mais après un cursus professionnel au sein de la magistrature de la province de Guyenne il entre en 1556 au parlement de Bordeaux où il occupera un poste de conseiller pendant 13 ans. Il sera même maire de la ville à deux reprises. Montaigne déploiera une grande activité pendant son mandat de maire pour conserver la ville en paix alors que les troubles sont incessants entre catholiques et protestants, le Parlement divisé entre catholiques ultras (la Ligue) et modérés et la situation politique particulièrement délicate entre le roi de France (représenté sur place par le maréchal de Matignon, lieutenant général) et le roi de Navarre, gouverneur de la province. Après deux ans de fonction, il est réélu en 1583 (rare honneur qui n’a été accordé que deux fois avant lui) malgré l’opposition violente de la Ligue. L’œuvre littéraire de Montaigne ce sont ses Essais bien sûr et un journal de voyage en Italie.
Sa maison familiale se situe 23-25 rue de la Rousselle, dans le quartier Saint-Paul, près de la porte de Bourgogne et du Pont de pierre enjambant la Garonne.
Charles Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu, est un penseur politique, précurseur de la sociologie, philosophe et écrivain français des Lumières, né en 1689 à La Brède (Guyenne, près de Bordeaux) et mort en 1755 à Paris. Le 30 avril 1715 à Bordeaux, il épouse Jeanne de Lartigue, une protestante issue d'une riche famille et de noblesse récente, alors que le protestantisme restait interdit en France depuis la révocation de l'édit de Nantes en 1685, qui lui apporte une dot importante. Mais c'est en 1716, à la mort de son oncle, que Montesquieu hérite d'une vraie fortune, de la charge de président à mortier du parlement de Bordeaux (L'office de président à mortier est l'une des charges les plus importantes de la justice française de l'Ancien Régime. Ce sont les magistrats principaux des institutions de justice les plus hautes) et de la baronnie de Montesquieu, dont il prend le nom. Délaissant sa charge dès qu'il le peut, il s'intéresse au monde et au plaisir. De son œuvre littéraire nous retiendrons, De l’Esprit des Lois et Les Lettres Persanes.
Toujours dans le quartier Saint-Paul, au fond de l’impasse Rue Neuve, la maison de son épouse Jeanne de Lartigue.
François Mauriac, né le en 1885 à Bordeaux et mort en 1970 à Paris, est un écrivain français. Lauréat du Grand prix du roman de l'Académie française en 1926, il est élu membre de l'Académie française en 1933 et reçoit le prix Nobel de littérature en 1952.
Il est vrai que si l’on évoque la maison de Mauriac on pense spontanément à Malagar une propriété foncière située dans le département de la Gironde, sur la commune de Saint-Maixant. Le domaine viticole et son petit château sont devenus la propriété de la famille de François Mauriac en 1843, achetée par Jean Mauriac l'arrière-grand-père de l'écrivain pour ses terres et son vignoble de 20 hectares. Ce dernier en est devenu propriétaire en 1927, à la mort de sa mère, et y a écrit nombre de ses œuvres. François Mauriac a touché à tous les genres littéraires, de la poésie au théâtre, du roman aux mémoires etc. Un écrivain qu’il faut lire ou relire.
Par contre, ici à Bordeaux se trouve la maison natale de l’écrivain au 86 rue du Pas-Saint-Georges, dans le quartier Saint-Pierre, pas très loin de la fameuse place de la Bourse.