C'est une série qui me paraissait une valeur sure lorsque je l'ai commencée, car j'avais déjà lu des one-shot de l'auteure, Mari Okazaki. Ces volumes m'avaient beaucoup plu, tant au niveau esthétique que des thèmes abordés. La plupart d'entre eux avaient pour cadre le lycée.
Cependant, l'intrigue de Complément Affectif se place dans le monde du travail et suit une jeune femme en début de carrière. L'identification n'en n'a été que plus aisée.
En mûrissant, je me suis désintéressée des mangas de super-héros par lesquels j'avais commencé au lycée, pour leur préférer des histoires ancrées dans la réalité.
Voici les très belles couvertures des différents tomes - dix, plus un " bonus "
Sens de lecture: Les japonais lisent de la droite vers la gauche, contrairement à nous. Il faut donc prendre le livre " par la fin " et lire les pages de la droite vers la gauche, et de haut en bas.
L'histoire: [Je vais faire court, car cette lecture remonte à des millions d'années!]
Minami Fujii a 28 ans. Elle travaille d'arrache-pied dans une boite du pub au Japon. Concrètement, ça veut dire pas de vie. D'ailleurs elle est célibataire (enfin elle a plaqué son amoureux de fac, avec qui elle restait par habitude). Elle a tout de la jeune femme japonaise parfaite: un rien timide, assez naïve, fait des courbettes à ses supérieurs et prend beaucoup sur elle. Mais elle est très douée dans son domaine.
On va suivre son évolution dans sa vie professionelle, qui se mêle intimement à sa vie personelle puisque ses collègues deviennent ses ami(e)s, et qu'elle rencontrera l'amour.
Son cercle d'amies sera représentatif des différents modèles de féminité au Japon: une secrétaire sans opportunité de carrière qui passe par un mariage arrangé pour gagner un status; une supérieure qui fut (est encore) belle, mais très caractérielle; une artiste qui vit une relation à contre-courant avec un homme plus jeune qu'elle... Et quelques amis masculins aussi, qui viennent étayer cette jolie galerie de personnages.
Les personnages secondaires sont aussi très réussis et apportent encore une nuance à la peinture qu'Okazaki fait de la société japonaise. Je pense notamment à la jeune mannequin qui se suicide après une déception amoureuse.
L'éthique du travail au Japon, le monde de la pub (et tous ceux qui gravitent autour), les relations entre femmes, et les relations amoureuses sont les thèmes abordés dans ce manga.
Mon avis: Comme dit plus haut, il s'agit de l'un de mes mangas préférés.
Le coup de crayon onirique d'Okazaki est un plaisir pour les yeux. Onirique et tout en finesse... Je ne m'en lasse jamais. La nature est toujours très présente dans ses dessins. Une liane par ci, une fleur par là.
Les thèmes abordés me parlent (ou me parlaient lorsque je l'ai lu): faire ses preuves au boulot, la recherche du grand amour, la gestion des relations de travail, et enfin la découverte du monde de la pub (glamour, mais pas tant que ça finalement).
Un manga clairement inspiré par l'expérience dans la pub de la mangaka, Okazaki Mari, et qui sonne donc très juste.
La réussite au travail et la recherche amoureuse de Mademoiselle Fujii sont bien sur façonnés par la société dans laquelle elle évolue, mais je pense que toutes les jeunes femmes peuvent se retrouver dans son portrait. Elle a beaucoup de doutes, elle est naïve, mais elle fait de son mieux.
Ses aventures amoureuses, d'abord avec un grand blond dont je ne me souviens plus du nom (mais à mon avis il y a une raison, je n'aimais pas le personnage), puis avec un photographe, ne sont ni mièvres, ni enjolivées. A chaque fois, il y a des obstacles, tant de leur côté que du sien, pour arriver à se trouver.
D'ailleurs, la fin du manga est très belle je trouve, même si très surprenante (je n'en dirai pas plus). Fujii fait un choix qui va à l'encontre de la société bien pensante japonaise. Elle se débarasse enfin de ce carcan pour s'autoriser à être, tout simplement.
L'auteure: Okazaki おかざき Mari 真里 (au Japon le nom de famille vient en première place, le prénom de la mangaka est donc Mari 真里), née le 15 juin 1967 à Nagano au Japon (48 ans).
Elle a commencé à dessiner très tôt, et à participer à des concours. Elle fait les beaux-arts de Tama avant de commencer sa carrière dans une agence de pub ( Complément Affectif est donc un manga très autobiographique). Elle conciliera pendant quelques années ses carrières dans le manga et dans la pub, avant de se lancer à 100% en tant que mangaka en 2001.
Vous pouvez suivre Okazaki Mari sur Twitter ou vous ballader sur son site (tous deux en japonais).
Produits dérivés: Comme tout manga à succès, Complément Affectif a été adapté en une mini série au Japon. Les critiques que j'ai lu disent que la série est plutôt moyenne, je ne l'ai donc pas regardée (enfin, pas encore, car je suis quand même bien curieuse de voir ce qu'ils ont fait de mon manga favori!).
De plus, l'histoire semble avoir été changée, d'après les résumés.
Edito: j'ai regardé le premier épisode, qui m'a moyennement emballée. Comme je m'étais presque ennuyée (c'est un peu poussif, l'humour est un peu lourd, c'est presque cousu de fil blanc), j'ai juste regardé la fin du dixième et dernier épisode, et c'est bien ce que je pensais. L'intrigue a été complètement changée, car Melle Fujii finit avec Ishida - qui n'est qu'une pâle copie de l'Ishida du manga, de toute manière. Bref, je ne recommande pas du tout la mini-série! Quelle déception!
Si vous voulez quand même tenter l'aventure, voici le premier épisode, sous-titré en anglais (mais encore une fois, ne jugez pas l'oeuvre originale là dessus, car ce mini-drama lui fait carrément du tort):