Et boire ma vie jusqu'à l'oubli


Et boire ma vie jusqu'à l'oubli

Détails :
Auteur : Cathy Galliègue
Nombre de pages : 250
Editions : Emmanuelle Collas
Genre : Contemporain
Résumé :
Betty s'’efforce de vivre mais, à la nuit tombée, elle se cache et boit pour oublier la mort de son mari, Simon, et pour se souvenir de sa mère. Elle s'abrutit et s'effondre. Dans sa quête de la vérité, les images reviennent peu à peu. Des clichés tendres de l'enfance, une mère trop belle pour être vraie, des souliers rouges… et cette question lancinante : « Elle est où, maman ? » Cathy Galliègue aborde dans "Et boire ma vie jusqu'à l'oubli" un sujet tabou, celui de l'alcoolisme féminin, et nous offre un roman sans filtre sur la mémoire et le deuil, un diamant brut plein d'humanité et d'’espoir.

Mon avis :
Vous dire que j'ai retrouvé avec plaisir la plume de Cathy Galliègue n'est pas assez fort. Lors de la lecture de son premier roman j'avais été secouée par l'histoire car elle sortait des sentiers battus.

Alors dans ce nouveau roman autant vous dire qu'on entre dans une forêt dense faite de peurs et d'angoisses.Betty est l'héroïne de ce nouveau roman. C'est une jeune femme qui a subi des malheurs conséquents dans sa vie et qui a trouvé refuge dans la boisson. L'auteure nous présente aussi Raphaël, un petit garçon gentil et discret, en tout cas dans l'histoire, ainsi que le papa de Betty. C'est un homme qui a lui aussi eu des chocs dans sa vie et il essaie tant bien que mal de surmonter le tout.Les mots de Cathy Galliègue vous entraînent forcément dans ce quotidien rempli de bouteilles mais intrinsèquement rempli d'amour. C'est viscéral, Betty vit parce qu'elle garde en elle de l'amour. Il ne suffit parfois pas de beaucoup pour éclairer un cœur.L'histoire est troublante car il y a l'évocation de ce sujet tabou qu'est l'alcoolisme féminin mais au-delà il y a une histoire de famille faite de secrets. Cette famille a beaucoup été esquintée par la vie et quelque part, attention je n'excuse pas, Betty avait besoin d'aller loin pour faire sortir ce poids qu'elle portait et qui interagissait avec son père et qui aurait eu des conséquences pour son fils. Elle a sombré dans l'alcool comme d'autres sombrent dans la drogue où je ne sais quels autres vices. Doit-on lui jeter la pierre ? Certainement pas… Et c'est ce que j'ai trouvé d'admirable dans ce roman. Le père de Betty a permis, sans forcément avoir beaucoup d'actions à mener, de donner à Betty LE déclic. Il était présent et à son écoute. Il ne l'a pas sommé de faire telle et telle chose pour qu'elle s'en sorte. Non, il était simplement LA.Ce roman est paradoxalement doux… Betty a su trouver la porte de sortie de cet enfer qu'elle se construisait mais combien n'ont pas la chance d'avoir autour d'eux les bonnes personnes au bon moment ?J'étais heureuse que Betty s'en sorte et qu'elle retrouve un amour sain, passionnel aussi et qui lui correspond. J'ai aimé que l'on retrouve une sérénité dans la continuité de l'histoire même si on aurait pu s'attendre aussi à l'effet totalement inverse.Evidemment depuis j'y repense...l'alcoolisme féminin est tabou et c'est un phénomène dont il est peu question dans les médias alors que les femmes ont autant besoin d'aide que les hommes à ce sujet.Je ne vous cache pas que ce roman est un gros coup de cœur car une nouvelle fois Cathy Galliègue a fait preuve de bienveillance envers ses personnages tout en posant les mots justes sur leurs émotions. J'ai vécu extérieurement à ces personnages mais l'empathie était très présente et l'envie de faire quelque chose s'imposait de plus en plus.Alors si je ne peux pas agir sur des personnages de romans peut-être que mon modeste avis peut aussi contribuer à dire à ces personnes malades qu'ils ne sont pas seuls… Vous pouvez lire ce roman sans hésiter afin de retrouver la plume solide, franche et remplie d'émotions de Cathy Galliègue. Une auteure à suivre et dont il faut parler car ses livres sont des romans contemporains axés sur l'Humain, pas forcément sur des sujets dont on a envie d'entendre parler mais qui sont absolument nécessaires.


Quelques infos sur l'auteur :
Et boire ma vie jusqu'à l'oubli
Après une carrière dans l'industrie pharmaceutique en France, elle est partie vivre en Guyane, où elle a animé pendant un saison une émission quotidienne littéraire sur la chaîne Guyane1ère et où elle se consacre désormais à l'écriture. Son premier roman, La nuit, je mens (Albin Michel, 2017), a remporté un succès d'estime, il est sélectionné pour le Prix Senghor 2018. Et boire ma vie jusqu'à’ l'oubli est son deuxième roman.