On croit d’abord à une comédie. Lors d’un voyage en France, Maria Holm, volcanologue islandaise à la réputation internationale, croise Gemma. Contre toute attente, cette belle Italienne lui fait des avances : résolument hétérosexuelle, Maria l’éconduit. Pourtant, quelques jours plus tard, Gemma resurgit dans sa vie : l’a-t-elle suivie ? Veut-elle seulement la séduire ? Peu à peu, l’intrigue devient policière, militante. Gemma est une « féministe acharnée » (p. 44), décidée à mettre les femmes au pouvoir une bonne fois pour toutes, par le biais de l’asservissement ou l’assassinat de l’Homme, ce « violeur universel » (p. 80), méthode que défendait (très sérieusement) Valerie Solanas dans S.C.U.M. Manifesto en 1967. Ici le ton reste léger, la narratrice multiplie les sarcasmes et les traits d’esprit misandres sur fond de multiples intrigues amoureuses.
Maîtresses femmes, c’est le quatrième roman de l’islandaise Steinunn Sigurðardóttir que transmettent aux lecteurs francophones les éditions Héloïse d’Ormesson. Romancière et poète, écrivaine et journaliste, Steinunn Sigurðardóttir semble maintenant bien établie dans la littérature féministe francophone, surtout depuis une collaboration avec Nancy Huston ; elle assure volontiers la promotion de ses traductions dans les médias français.
D’autres avis ailleurs : Toutelaculture, Wukali, LeSuricate.
Steinunn Sigurðardóttir, Maîtresses femmes, trad. Catherine Eyjólfsson, éditions Héloïse d’Ormesson, 2017, 224 p., 19€.