de Heather O’Neill et traduit par Dominique Fortier
À Montréal, juste après la Grande Guerre, Rose et Pierrot grandissent dans le même orphelinat. Malgré le froid, la faim et la cruauté des adultes qui les entourent, ils arrivent à faire rire et rêver leurs camarades. On tente plusieurs fois de les séparer mais ils finissent toujours par se retrouver et Rose décide d’une chose : lorsqu’ils seront grands, ils monteront le spectacle de clowns le plus fabuleux, le plus grandiose que le monde ait connu.
Merci à Babelio et aux éditions Seuil pour cette belle découverte !
Au début de ma lecture, j’étais un peu inquiète : la violence et la cruauté que subissent les enfants m’ont fait peur. Mais finalement, l’auteure arrive à nous en parler, à les dénoncer avec grâce car sa plume est fine et poétique.
Elle nous plonge dans une histoire très rude, très noire, car les vies de Rose et Pierrot sont jalonnées de tristesse et d’horreur. L’époque dans laquelle ils évoluent et la façon dont ils sont venus au monde les entraînent dans un univers de pauvreté, de drogue, de prostitution, de traumatismes… Malgré cela l’espoir et le rêve ne les quittent jamais, ne nous quittent jamais en tant que lecteur. Rose et Pierrot sont des optimistes, des inconscients atteint d’une folie douce qui les pousse à toujours faire un pas de plus, à vivre un jour de plus, pour se rapprocher de leur rêve. Et les mots de ce texte forment une beauté qui nous pousse à les accompagner jusqu’au bout.
En parallèle de tout ça, j’ai beaucoup aimé côtoyer le monde des clowns et des cabarets du début du XXème siècle : les paillettes, les costumes, les animaux dressés, l’illusion qu’ils essaient de vendre et le désespoir qu’ils laissent transparaître. Les artistes que rencontrent Rose et Pierrot sont des allégories, des métaphores, des philosophes qui nous font rire et pleurer et nous interrogent.
Ce roman est aussi très féministe. Rose ne comprend pas pourquoi elle ne pourrait pas obtenir tout ce qu’elle veut sous prétexte qu’elle est une femme (et nous non plus, d’ailleurs !) et elle va briser les obstacles et baisser les barrières jusqu’à ce qu’elle se sente libre, j’ai applaudi sa détermination.
Ce livre émeut et questionne le lecteur et même si je ne le relirais pas cent fois, j’ai été très heureuse de découvrir cette belle plume et ces deux personnages si particuliers.
Marion
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