Plutona, de Jeff Lemire et Emi Lenox (scénario et dessin) et Jordie Bellaire (couleur), traduit de l’anglais (États-Unis) par Sidonie van den Dries, Futuropolis, 2017 (VO : 2016), 150 pages.
L’histoire
Cinq adolescents trouvent dans un bois le corps de la plus grande super-héroïne du monde, Plutona. Cette terrible découverte les entraînera dans un sombre périple qui va bouleverser leur amitié et leur vie.
Note : 3/5
Mon humble avis
J’ai trouvé l’idée de présenter la mort d’une super-héroïne d’un point de vu extérieur très intéressante, puisque généralement dans les comics ce sont plutôt les super-héros qui sont les protagonistes. Ici, ce sont cinq adolescents, très différents, qui sont plus ou moins fans de la super-héroïne Plutona qui découvrent son corps.
D’ailleurs, dès le début il y a un découpage particulier des cases et des planches qui permet de suivre en alternance les points de vue de tous les adolescents, ce qui nous immerge immédiatement dans le récit. Il y aussi des flashbacks sur Plutona et ce qui s’est passé pour qu’elle en vienne à perdre la vie. Ces planches-ci sont dessinées par Jeff Lemire, avec un trait complètement différent de celui d’Emi Lenox ce qui permet de distinguer les deux temporalités. L’idée est assez chouette mais je n’accroche pas vraiment au trait de Jeff Lemire…
Ces flashbacks ont un goût de trop peu et ne sont pas allé assez loin je trouve : la fille de Plutona nous est montrée, elle veut passer du temps avec sa mère mais ne peut pas puisque celle-ci jongle entre deux boulots et le fait d’être une justicière. Alors que le propos était intéressant, il est un peu laissé là comme un cheveu sur la soupe.
Sur les adolescents, l’un d’eux finit par complètement déjanter et cela devient vite très glauque, ce qui est bien rendu. J’ai eu du mal à cerner l’intérêt des comportements douteux des autres adolescents. Par exemple, Ray passe son temps à se moquer et à rabaisser les autres, notamment en les appelant « grosse » ou « branlette » avec plus ou moins l’excuse que son père alcoolique le bat, mais sans aller plus loin. Je ne comprends pas trop l’intérêt d’avoir un personnage qui fait du harcèlement scolaire et qui devrait être excusé par une situation donnée en passant, comme ça. Et puis, il n’y a aucune évolution : il ne devient pas moins insultant à la fin du comics.
Pareil pour Mie qui est une bien piètre amie envers Diane mais le propos ne va pas plus loin. Mie traite parfois Diane comme un larbin et quand celle-ci exprime son malaise vis à vis de la situation, Mie se moque d’elle.
J’ai trouvé que la fin était assez abrupte et que finalement, le comics se terminait un peu en queue de poisson, même si j’apprécie l’ouverture et l’interprétation possible.
En tous cas, c’était tout de même une bonne lecture, qui prend le contre-pied de la majorité des comics du genre, en suivant les gens lambda et leur perception à eux de l’existence des super-héros.